Bien que le gouvernement de Bangui en ait démenti l'information, il semble bien qu'au cours de la deuxième quinzaine d'avril 1979 l'empereur ait échappé à un attentat. Le 20 avril, en tout cas, un communiqué du parti unique centrafricain condamne sévèrement « le désordre, la haine, la division et la subversion orchestrés par les étudiants et par une force occulte... ». Il ne semble pourtant pas qu'une opposition au régime impérial ait commencé à s'organiser, à l'intérieur même du pays, où la police et l'armée exercent une pression constante. À l'extérieur, les opposants manquent à la fois de détermination, de cohésion et de moyens matériels. Des querelles partisanes dressent par ailleurs certains des anciens collaborateurs de l'empereur, qui ne l'ont abandonné que tardivement (tels l'ancien ambassadeur Bangui ou l'ancien Premier ministre Patasse), contre des opposants de toujours, au premier rang desquels, le Dr Abel Goumba, ancienne figure politique, qui vit en exil depuis près de quinze ans.

Éthiopie

Addis-Abeba. 28 980 000. 24. *2,4 %.
Économie. PIB (75) : 95. Production (75) : A 44 + I 15 + S 41. Énerg. (76) : 27. CE (75) : 9 %.
Transports. (*76) : 132 M pass./km, 260 Mt/km. (*76) : 52 500 + 13 100. (76) : 461 M pass./km.
Information. (75) : 8 quotidiens ; tirage global : 70 000. (75) : *200 000. (75) : *20 000. (74) : 25 600 fauteuils. (76) : 73 000.
Santé. (72) : 350.
Éducation. Prim. (74) : 959 272. Sec. et techn. (73) : 190 922. Sup. (73) : 6 474.
Armée.  : 93 500.
Institutions. Un coup d'État militaire (12 septembre 1974) abolit la monarchie et dépose l'empereur. Parlement dissous, Constitution de 1955 abrogée. Président du conseil militaire gouvernemental provisoire : lieutenant-colonel Mengistu Haïlé-Mariam, instigateur du coup d'État du 3 février 1977 au cours duquel le président Teferi Bante est tué.

Le régime s'entoure d'un mur de silence Érythrée, Ogaden et Tigré, situation confuse

Après avoir longtemps occupé le premier plan de l'actualité, la révolution, qui a fêté le 12 septembre 1978 son quatrième anniversaire, est progressivement retombée dans l'oubli. L'absence à peu près totale de correspondants de presse étrangers permanents à Addis-Abeba contribue à accentuer l'impression que la junte entend dissimuler au reste du monde ses faits et gestes.

On ne sait à peu près plus rien de la terreur rouge instaurée en territoire éthiopien, mais des organismes tels qu'Amnesty International s'inquiètent du nombre et du sort des victimes des proscriptions. On parle de 3 000 morts et de plus de 20 000 emprisonnés, sans pouvoir vérifier ces chiffres. De même, on apprend en janvier l'exécution de sept pilotes d'avions à réaction, coupables selon la junte d'avoir exigé l'instauration d'un régime civil. Enfin, des rumeurs de persécutions religieuses se font de plus en plus insistantes. Des chrétiens ayant refusé d'abjurer leur foi auraient été martyrisés ainsi que des Falachas, juifs noirs considérés comme des éléments « inassimilables ».

On ne peut juger des luttes de tendance qui se développent au sein du gouvernement militaire que par la multiplicité des remaniements ministériels, dont deux se produisent à quelques jours d'intervalle en octobre 1978.

Le seul aspect positif des mesures draconiennes adoptées par le nouveau régime paraît être l'amélioration très sensible du sort de la paysannerie. Un début de réforme agraire a permis de redistribuer les terres des grands féodaux à leurs anciens fermiers. Mais un regain de sécheresse, en novembre au Tigré, entraîne une terrible famine qui éprouve des dizaines de milliers de personnes. À ce fléau s'ajoute celui des criquets pèlerins, qui ravagent une partie du pays en décembre.

Érythrée

La guerre d'Érythrée, dont l'opinion internationale se désintéresse, se poursuit et, au terme de dix-huit ans de lutte, les nationalistes subissent une série de graves revers qui les contraignent à un repli stratégique. Dès août, l'armée éthiopienne reprend Agordat, puis, en novembre, Keren, en même temps qu'elle parvient à rompre le blocus d'Asmara. De février à juin 1979 se développe une offensive des gouvernementaux qui contraint les Érythréens à renoncer à la guerre conventionnelle pour la guérilla et à esquisser un regroupement de leurs forces dans le nord du pays.