Le groupe PUK, par exemple, s'est interrogé sur l'évolution réelle du prix international de l'aluminium (prix Alcan) de 1974 à 1978, en fonction de sa hausse nominale en dollars, de sa conversion en d'autres monnaies, puis en fonction des divers taux d'inflation. Il en résulte une progression réelle de 30 % pour les producteurs américains, une baisse de 5 % pour les producteurs européens et un recul de 20 % pour les producteurs japonais. Si ces distorsions devaient persister, il est évident que le flux des investissements s'en trouverait modifié. Mais une autre perturbation risque également d'infléchir les localisations des nouveaux équipements de production : les prix de l'électricité, considérée comme matière de base de l'aluminium au même titre que la bauxite. À l'hydro-électricité, dont l'inconvénient est l'asservissement à un site, succédera sans doute l'énergie d'origine nucléaire, qui, produite en « base » à des coûts compétitifs, correspond assez bien aux besoins de l'industrie de l'aluminium.

Zones instables

Une observation, faite des deux côtés de l'Atlantique, conduit désormais à douter de la « disponibilité » des réserves de matières minérales situées dans les régions à haut risque d'instabilité politique, c'est-à-dire, pour l'essentiel, dans certains États neufs du tiers monde. Les événements du Zaïre et d'Iran ont évidemment renforcé cette conviction. Une installation minière ne s'amortit pas en moins de 40 ans, et l'investisseur a donc besoin d'une garantie juridique et financière au cours de cette période. Cette garantie existe souvent (code des investissements), mais elle peut être modifiée ou supprimée à la suite d'un changement de régime. Respectée par l'État qui l'a octroyée, elle risque de ne pas l'être par l'État voisin par où transite la matière première pour atteindre un port d'embarquement.

Ces mésaventures sont devenues fréquentes, et les compagnies exploitantes hésitent à présent à investir dans les zones « instables » : à l'exception de l'uranium, il n'y a pratiquement plus d'investissements miniers européens en Afrique noire, faute d'une garantie collective, multinationale, que les producteurs envisagent à présent de demander à la communauté des pays consommateurs qu'ils approvisionnent. Cette hypothèse est étudiée par les services du Marché commun. En cas de rejet, la recherche de nouveaux gisements ne se ferait plus que dans les États industriels qui, d'ailleurs, n'en sont pas dépourvus, mais leur mise en exploitation suppose l'acceptation par les consommateurs d'un renchérissement des matières premières.