Après avoir reconnu que le maître de conférence faisait preuve d'« une indulgence coupable pour le nazisme », le président de l'université lyonnaise adresse, le 17 novembre, à R. Faurisson une lettre lui annonçant la suspension pour un mois de ses cours à l'université. Affirmant n'avoir pas été avisé à temps de cette décision, R. Faurisson, qui s'était rendu à l'université le 20 novembre, est malmené sur le trottoir par un groupe de jeunes gens. Il annonce quelques semaines plus tard qu'il renonce à reprendre ses cours, mais, dans le même temps, il dépose une plainte pour entrave à la liberté du travail.

Torture pour rire

La scène se passe dans la banlieue toulousaine, le 5 octobre 1978, vers 1 heure du matin.

Un travailleur nord-africain, Ali Adjoul, 23 ans, entre au bar des Arènes pour acheter des cigarettes. Trois hommes sont là : le patron Hervé Auguste, 28 ans, et deux de ses amis : Michel Pujol, 27 ans, et Thierry Neveu, 21 ans.

Pour s'amuser, ils lâchent sur Ali Adjoul un berger allemand, qui déchire ses vêtements et le mord cruellement. Alors ils entraînent leur victime dans la cuisine du bar et lui font subir une véritable séance de torture. Après l'avoir dévêtu, ils le battent, lui plongent la tête dans l'eau et lui font des incisions sur tout le corps avec un couteau de cuisine. Ils se mettent ensuite à danser autour de leur victime en brandissant des pistolets. L'un d'eux, Michel Pujol, est tellement excité qu'il se loge une balle dans la cuisse.

À 5 heures du matin, ils jettent leur victime inanimée dans la rue où des passants le trouvent et le font transporter à l'hôpital, où son état est jugé très grave.

Arrêtés peu après, les trois tortionnaires sont incarcérés. Interrogés sur les raisons de leurs exactions, ils ne trouvent rien à répondre si ce n'est qu'ils voulaient « seulement se distraire ».

Quelques jours plus tard, le bar des Arènes est détruit par un incendie.

À Toulon, à la fin du mois de janvier, un homme armé d'un pistolet abat deux jeunes Algériens. Et la liste s'allonge ; le 28 mai, à Orange, c'est au tour de deux Sénégalais d'être victimes d'un attentat raciste.

Pour Jean-Pierre Bloch, président de la LICA, la multiplication de tels actes serait un phénomène nouveau.

Une violence absurde s'installe avec les raids des autonomes

Trois dates ont marqué une année où la violence sourde a été partout, éclatant à l'occasion hors des landes bretonnes ou des maquis corses, absurde, sauvage, apparemment sans explications. Choqués, indignés, les Français à chaque fois ont eu peur devant ces actes que leurs auteurs justifient par des discours idéologiques incohérents, où se retrouve surtout la désespérance de marginaux dégoûtés d'un jeu politique traditionnel.

Quelques jours après l'attentat du château de Versailles (Journal de l'année 1977-78) par le FLB, c'est le FLNC qui passe à l'action. La nuit du 3 au 4 juillet est bien dans la tradition des nuits bleues qui secouent périodiquement l'île de Beauté depuis plusieurs années 34 explosions, toutes revendiquées par le FLNC, en quelques heures.

Cette organisation renouvelle ses exploits dans la nuit du 31 mai au 1er juin. Une nouvelle nuit bleue, mais à Paris, avec 21 attentats dans différents quartiers. Les locaux visés par les autonomistes corses sont des magasins, des banques et des agences de voyages. Un attentat a lieu à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) devant le fort de Nogent. Dans la journée du 30 mai, d'autres autonomistes, mais bretons ceux-là, font exploser, près de Paimpol (Côtes-du-Nord), la villa du commissaire Le Taillanter.

Bilan inquiétant

Peu à peu, la psychose de l'attentat gagne du terrain. Les journaux publient l'inquiétant bilan de 1977 : 686 attentats à l'explosif, 325 actes de violence de groupes, un accroissement du nombre des dégradations des biens publics de 88 %.

La police elle-même s'emballe parfois : le 14 juillet, trois jeunes militants anarchistes sont arrêtés préventivement à Toulouse, sans qu'on sache jamais très bien ce qu'on leur reproche. Mais des armes sont saisies au domicile de l'un d'eux. Ils seront condamnés en novembre à des peines de 18 à 10 mois de prison.