Paris-Match est saisi à la demande du chanteur Jacques Brel et poursuivi pour la publication de photos de Jean Gabin sur son lit de mort. Cabu, Cavanna, Reiser, G. Bernier de Charlie Hebdo comparaissent devant la 12e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour injures publiques envers l'armée. Aspect de la France est poursuivi pour antisémitisme à propos d'un article sur Charlie Chaplin. Pour préjudice moral, atteinte à l'honneur et à la considération, des avocates assignent Jean Cau pour un article intitulé Les avocates en accusation, paru dans Paris-Match. Jacques Médecin, maire de Nice, perd le procès en diffamation qu'il avait intenté à Claude Perdriel directeur du Nouvel Observateur et à René Backmann, à propos d'un article sur Albert Spaggiari.

La championne toute catégorie des procès est Zina Rouabah, directrice de Libération : alors que d'ordinaire une plainte est à l'origine d'une action judiciaire, elle se retrouve à vingt reprises devant les tribunaux sur citation directe du parquet. Cette situation, pour le moins étonnante, lui vaut une lettre de sympathie du Syndicat de la magistrature. Et Serge July directeur de Libération, refuse le 31 mai, de comparaître devant le juge d'instruction qui devait l'inculper de « provocation au meurtre ». On peut se poser la question à propos d'un journal qui ne roule pas sur l'or : vise-t-on à l'étrangler financièrement ?

Étranger

Aussi incroyable que la disparition de la monarchie ou la suppression du Derby d'Epsom : le Times suspend sa parution le 30 novembre 1978, ainsi que tous les journaux du groupe. Fondé en 1785, le Times est une institution. La décision de moderniser complètement les techniques de fabrication se heurte à un climat syndical défavorable qui se manifeste à l'occasion de nombreux arrêts de travail sans préavis (le Sunday Times reçoit le surnom de Sunday Sometimes !). Des protocoles d'accord sont signés entre la direction et de nombreuses catégories de personnel — employés et journalistes —, mais les discussions achoppent face aux exigences des ouvriers de la composition regroupés au sein de la National Graphical Association. La reparution, prévue pour le 17 avril, est renvoyée sine die. La perte est, à cette date, estimée à 12 millions de livres. Le conflit né au Times est important dans la mesure où il est bien plus que l'illustration d'un conflit entre un géant du capitalisme de la presse et des syndicats corporatistes : sa lutte est celle, dans plusieurs capitales, de titres divers et indépendants.

Le 22 avril 1978, la Commission des droits de l'homme estime que le gouvernement britannique a porté atteinte à la liberté de la presse en interdisant, en 1972, la publication d'une enquête réalisée par le Sunday Times sur les méfaits de la thalidomide. À la suite d'une plainte déposée par le fabricant, la Distillers Company LTD, la Haute Cour prononce l'interdiction de publication, et celle-ci est confirmée par la Chambre des lords. L'affaire a alors été portée par le journal devant la juridiction européenne de Strasbourg.

Pendant 89 jours (du 10 août au 6 novembre 1978), les trois principaux quotidiens new-yorkais (New York Times, Daily News et Post, globalement plus de trois millions d'exemplaires) sont dans l'impossibilité de paraître par suite d'une grève des ouvriers de l'imprimerie. Ceux-ci demandent le maintien de l'emploi, alors qu'une réduction de la moitié des effectifs est envisagée au cours des prochaines années. Cette paralysie fait le bonheur de plusieurs petits journaux marginaux : News World, organe de la secte Moon, sextuple son tirage.

Une affaire de presse passionne les États-Unis. Myron Faber, auteur d'un reportage sur une série de décès suspects survenus dans un hôpital de New Jersey paru dans le New York Times en 1975, est condamné à 6 mois de prison et 1 000 dollars d'amende pour refus de communication de ses notes au juge chargé du procès du médecin anesthésiste soupçonné d'être responsable de ces morts. Le quotidien est condamné à payer 5 000 dollars par jour de retard mis à transmettre les notes du journaliste. Cette affaire met en relief le droit des professionnels à protéger le secret de leurs sources d'information, mais également le conflit que cela peut provoquer avec les droits d'un accusé. Finalement, la Cour suprême de l'État du New Jersey remet le journaliste en liberté et suspend le paiement de l'amende.