Débridée, roulée dans le lamé, inondée de néon, la mode disco, c'est autre chose. C'est la fièvre du samedi soir, la danse menée par Travolta, dans l'éclair des lasers, au milieu des couleurs stridentes et des percussions.

C'est la revanche du satin, brillant, tapageur, toujours un peu canaille, sur la mode paysanne en sabots et en chaussettes de laine, sur le sportswear de bon ton, couleur de sable ou de terre — tricots lâches, jupes molles, tailles vagues —, devenu ennuyeux. Le satin repousse dans les marges de la mode le confort et la raison. Pour un temps.

Artifice

Conséquence de cette vogue : les pantalons de satin se vendent comme des jeans, tenues de jour, tenues du soir, sous le tricot et sous le tweed. Le strass, les paillettes brillent à l'heure du café crème, sur les tee-shirts et les blousons. Bustiers dorés et collants assortis — sans pieds, comme ceux des danseuses — maillots argentés, vestes de brocart, pourpoints de cuir cloutés ou incrustés de fausses pierres précieuses : toutes ces tenues empruntées aux gens du spectacle s'arrachent dans quelques magasins spécialisés où s'équipent les habitués du Palace et de La main bleue, là où l'on danse.

L'artifice, le clinquant de la parade, des œillades du style rétro, les outrances du disco ne vont jamais sans humour. Ni la jeune femme qui abandonne sa salopette pour un strict tailleur dans la lignée de Creed ou de Balenciaga ni celle qui arbore un pantalon bouffant époustouflant en simili panthère, des sequins, des bijoux d'opéra ne renient pour autant leur vraie nature. Des modes qui passent, les nouvelles femmes, gouailleuses et lucides sont, de leur propre aveu, non pas dupes mais complices.