Le mode de formation de ces nodules — qui ont le plus souvent l'aspect et la dimension de pommes de terre brûlées — est encore très controversé. Leur répartition et leur densité ne sont connues que très partiellement. Ce qui n'a pas empêché la publication de chiffres fantastiques : selon certains auteurs, 1 500 milliards de t de nodules attendraient d'être ramassés.

Discorde

On comprend que ce trésor soit devenu, à la troisième conférence des Nations unies sur le droit de la mer, l'un des sujets majeurs de discorde entre les États industrialisés (essentiellement les États-Unis) et le groupe des 77 (les quelque 120 pays en voie de développement).

La réalité est sûrement plus complexe : tous les nodules ne sont pas bons. En l'état actuel des connaissances et des cours, seuls sont exploitables ceux qui contiennent au moins 2,6 % de leur poids sec en nickel, cuivre, cobalt. Le fer, qui représente pourtant de 25 à 30 % du poids, n'intéresse personne, et le manganèse (de 29 à 30 %) n'intéresse guère que les États-Unis. La densité minimale des nodules exploitables doit être de 7 kg (poids sec) par m2, et les champs doivent couvrir, de façon homogène, plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés.

En plus, les bons nodules actuellement connus reposent sous 4 500 à 5 500 m d'eau. Et tous les spécialistes de l'offshore savent bien que le coût d'exploitation marine augmente très vite avec la profondeur.

Quoi qu'il en soit, plusieurs consortiums internationaux se sont constitués depuis cinq ou six ans pour étudier la technologie de ramassage et le traitement des nodules. Mais, selon les estimations les plus récentes, les investissements nécessaires à l'exploitation de 3 millions de t de nodules par an seraient maintenant passés à 17,5 ou 24 milliards de F. Si bien que, après avoir envisagé le début de l'exploitation pour 1980, on parle aujourd'hui de 1990 et même de l'an 2000.

Mer Rouge

Il est donc possible que l'exploitation des boues métallifères de la mer Rouge commence avant celle des nodules. On a repéré, au milieu de cette mer, 18 fosses, profondes de 2 000 à 2 500 m, dont certaines remplies de boues chaudes riches en éléments métalliques (zinc, cuivre et argent, en l'état actuel des connaissances). L'Arabie Saoudite et le Soudan, tous deux riverains de la mer Rouge, se sont mis d'accord pour étudier ces richesses minérales et pour préparer les techniques nécessaires à leur exploitation.

Progrès dans l'élaboration d'un nouveau droit de la mer

Avec les six semaines de la première partie de la huitième session qui s'est tenue à Genève du 19 mars au 27 avril 1979, la conférence des Nations unies sur le droit de la mer en est, depuis 1973, à 60 semaines de discussions. Auxquelles s'ajouteront six autres semaines pour la deuxième partie de la huitième session, puisque les délégués des quelque 150 pays participants se retrouveront à New York du 16 juillet au 24 août 1979.

Pendant la huitième session, deux groupes nouveaux ont été créés. Le premier, composé d'experts juridiques, examinera les différends qui pourraient être soulevés par l'exploitation des ressources minérales des grands fonds marins. Le deuxième, dit groupe des 21, a été formé le 9 avril sur une suggestion des 77 (les pays en voie de développement, qui sont maintenant près de 120) basée sur le principe — évident — que l'on discute plus facilement à 21 qu'à 150. Sur les 21 membres de ce groupe (dont 2 représentent les pays socialistes), 10 parlent au nom des États industrialisés, 10 au nom des pays en voie de développement, le 21e étant la Chine.

Accord

L'accord s'est à peu près fait sur les problèmes liés à la protection du milieu marin (la France a été satisfaite de voir reconnaître à l'État côtier diverses compétences, notamment le droit d'intervenir au-delà de ses eaux territoriales pour prévenir une catastrophe du genre de celle de l'Amoco Cadiz). Pour la délimitation entre pays voisins des zones économiques exclusives (s'étendant à 200 milles nautiques, soit 370,4 km depuis la côte), le principe de l'équité tend nettement à prévaloir sur celui de l'équidistance. Mais l'accord ne s'est pas encore fait sur le mode de règlement des différends éventuels ni sur la délimitation, vers le large, du plateau continental (au sens juridique du terme) relevant des juridictions nationales, lorsque celui-ci (au sens géologique du terme, cette fois) s'étend au-delà des 200 milles.