Lancés le 15 juin 1978, Vladimir Kovalenok et Alexandre Ivantchekov, aux commandes de Soyouz 29, ont pris possession, le 17, de la station Saliout 6, qui gravite autour de la Terre depuis septembre 1977 (Journal de l'année 1977-78).

Ils entreprennent alors la plus longue mission spatiale accomplie à ce jour. Ils disposent d'un matériel limitant les troubles qu'engendre dans l'organisme une longue privation de pesanteur : appareils pour pratiquer des exercices musculaires, combinaisons activant la circulation du sang, etc. À cela s'ajoute le soutien moral et psychique apporté par l'arrivée de deux Soyouz et de trois Progress.

Avec les Soyouz, les responsables du programme font d'une pierre deux coups. Ils soutiennent le moral des deux hommes ; ils offrent aux républiques populaires l'occasion d'envoyer l'un de leurs ressortissants dans l'espace. Après la Tchécoslovaquie (Journal de l'année 1977-78), c'est la Pologne qui est honorée en la personne du cosmonaute Miroslaw Hermaszewski. Avec le Soviétique Piotr Klimouk, il arrive à la station le 28 juin, à bord de Soyouz 30 ; les deux hommes regagnent le Kazakhstan le 5 juillet.

Le 9 juillet, c'est l'accostage de Progress 2, porteur d'oxygène, d'eau, de vivres (notamment de denrées fraîches) et de journaux et lettres pour les hommes, ainsi que de propergol, de matériel photographique et scientifique. Après avoir été déchargé, cet engin est largué le 2 août et se désintègre dans l'atmosphère.

Saliout 6 est transféré à une orbite plus haute (328/359 km), ce qui signifie que la mission va se prolonger. Le 10 août, arrive une nouvelle cargaison de vivres et de matériel transportés par Progress 3, engin qui, à son tour, sera largué le 21.

Accostage

Cinq jours après le départ du vaisseau-cargo, les habitants de Saliout reçoivent la visite de l'Allemand de l'Est Sigmund Jähn et du Soviétique Valeri Bykovski. Ce dernier en est à sa troisième mission spatiale. La première, accomplie aux commandes du légendaire Vostok étrenné par Gagarine, date de 1963. Après avoir séjourné une semaine à bord de Saliout, les visiteurs regagnent le sol le 3 septembre, non pas avec leur vaisseau spatial, mais en empruntant le Soyouz 29 de leurs camarades. Ainsi ceux-ci disposeront, pour leur propre retour, d'un véhicule plus récemment testé que le leur.

Enfin, le 4 octobre, c'est l'accostage de Progress 4, dont la cargaison permettra aux deux hommes de prolonger d'un mois leur séjour dans l'espace. Ils regagneront le sol (à bord de Soyouz 31) 139 jours 14 heures 49 minutes après leur départ du cosmodrome de Baïkonour : tous les records de séjour dans l'espace sont largement battus. Les deux héros de cette aventure, pour lesquels on augurait une longue période de réadaptation à la pesanteur, ont récupéré rapidement.

Les observateurs sont unanimes à considérer que cette expérience, loin de vouloir établir seulement un record de durée, s'inscrivait dans un vaste programme qui prépare la grande astronautique de demain, celle des bases semi-permanentes sur la Lune et des voyages planétaires. En effet, le record de durée appartenant déjà aux cosmonautes soviétiques (Journal de l'année 1977-78), ceux-ci ne risquent pas de le perdre de sitôt, puisqu'il n'y aura pas de missions américaines de longue durée avant 5 ans au moins. Il convient de noter aussi la façon méthodique dont les Soviétiques améliorent ce record, en gros par paliers d'un mois, puisque la durée des dernières missions d'endurance a été successivement de 30, 63, 96 et 139 jours. Enfin, il faut rapprocher ces vols des expériences conduites au sol dans des simulateurs où des « équipages » s'isolent du monde extérieur et vivent pendant des temps croissants dans des biosphères, enceintes où les conditions du vol spatial (hormis l'absence de pesanteur) sont reproduites. On y expérimente même de petites serres qui fournissent des végétaux frais en profitant du recyclage des déchets organiques.

Gymnastique

On prépare ainsi méthodiquement, mais avec beaucoup de précautions, les futures expéditions sur la Lune, le survol de quelque comète et, à plus longue échéance, le débarquement de l'homme sur Mars.