Est-ce un nouveau sursis pour le monopole malmené par tant de réformes successives ? Si on ne l'exprime pas, on le craint çà et là. Reste un conflit dur, qui a plongé pendant quelques semaines la France dans la perplexité.

Beaucoup de téléspectateurs ont soudain découvert qu'il ne suffit pas d'ouvrir le bouton du téléviseur pour que le miracle audiovisuel se produise : la télévision nécessite beaucoup de monde et beaucoup d'argent. Alors, une télévision d'État doit-elle être rentable ? Pour être de qualité, ne doit-elle pas vivre avec un déficit, même important ? Autant de questions qui ont alimenté les discussions des spécialistes et des parlementaires. Ces derniers, pourtant, sensibles à l'impopularité des grèves qui ont imposé le service minimum aux programmes du petit écran, ont adopté, dans la nuit du 26 au 27 avril, la proposition de loi du RPR Robert-André Vivien et de l'UDF Alain Madelin limitant le droit de grève à la radio-télévision nationale.

Les personnels sont désormais tenus à assurer le service public. Les présidents des sociétés concernées apprécieront eux-mêmes si le programme minimum doit être appliqué, et, dans la négative, disposeront d'un pouvoir de réquisition des personnels nécessaires à la diffusion normale du programme prévu.

Le nouveau droit de grève à la télévision

À l'initiative de deux parlementaires, R. A. Vivien (RPR) et A. Madelin (UDF), l'Assemblée nationale adopte, le 27 avril, une proposition de loi limitant l'exercice du droit de grève à la télévision. Destiné à lutter contre l'excès de grèves « abusives » et la multiplication des préavis de grève, le texte adopté stipule qu'en cas de cessation de travail à la radio et à la télévision le fonctionnement du service public en ce qui concerne la diffusion doit être assuré par les services ou les personnels qui en sont chargés. Par ailleurs, le président de chaque société de télévision organisera, d'après ce texte, la programmation en fonction du personnel présent. Enfin, pour supprimer l'automaticité entre le dépôt d'un préavis de grève et le déclenchement du « service minimum », les présidents des sociétés de TV sont rendus responsables, au vu de l'ampleur du mouvement de grève, de mettre en application les dispositions relatives au service minimum et notamment la réquisition des personnels. Tandis que pour Jean-Philippe Lecat, ministre de la Culture et de la Communication, le texte entend simplement « faire respecter le droit du téléspectateur à un service public qu'il paie », pour l'opposition la nouvelle loi est « grosse de mesures pour les travailleurs, car elle viendra demain pour le personnel des hôpitaux, de la RATP, les journalistes et pourquoi pas les sidérurgistes » (M. Ducolone - PC).

TF1 : sérénité et continuité

Dans ce climat tendu qu'a provoqué la crise de la SFP, les sociétés de programme n'ont pas bouleversé les habitudes de leurs fidèles, et TF1 peut se vanter d'être plus que jamais constante dans sa manière et ferme dans ses choix.

Chaque midi, Danièle Gilbert propose, avec la même application depuis des années, les dernières trouvailles du spectacle et du disque. Yves Mourousi lui succède à 13 heures pour les informations qu'il ouvre d'un tonitruant « Bonjour ! » aussi sonore que reste désabusé le « Bonsoir » de Roger Gicquel à 20 heures, pour la même tâche. Sur TF1, on croit à ces rendez-vous à heure fixe. Avec raison, peut-être, puisque les sondages prouvent que les visages des présentateurs font maintenant partie de la famille des téléspectateurs.

On aurait tort malgré tout de penser que la chaîne qu'anime, avec précision, Jean-Louis Guillaud ne conquiert son audience que dans la régularité de ces coups de clairon quotidiens et hebdomadaires. On produit beaucoup sur TF1 : les variétés coûteuses de Maritie et Gilbert Carpentier, chaque samedi à 20 h 30, où l'on retrouve les têtes du hit parade entre elles : Johnny Hallyday qui reçoit Sylvie, Michel Sardou, Carlos, puis Sylvie qui reçoit Johnny, Carlos et Michel, puis Carlos qui invite les autres, puis Michel... L'émission, il est vrai, s'est ouverte cette année à d'autres talents, Yves Duteil, Alain Souchon, Marie-Paule Belle, Guy Bedos. Et puis, TF1 tente de révéler de nouveaux talents avec Découvertes ou de saisir la vérité d'un artiste dans son univers quotidien en tournée dans À bout portant.