La production de viande (15,2 millions de t) n'a augmenté que de 2 % par rapport à 1977, ce qui, au dire du ministre de l'Agriculture lui-même, est insuffisant pour satisfaire les besoins croissants de la population, dont le revenu moyen par habitant a augmenté de 3 %. En 1979, le salaire moyen des ouvriers et des employés devrait s'accroître de 4,8 % et atteindre 163 roubles (environ 1 076 francs) contre 159 en 1978. Néanmoins, malgré cette augmentation, le pouvoir d'achat des Soviétiques risque de souffrir de la hausse des prix de plusieurs catégories de biens de consommation décidée le 30 juin : + 18 % pour les voitures de tourisme, + 30 % pour les meubles importés, + 45 % pour la bière, + 50 % pour les métaux précieux, la fourrure et les tapis.

C'est dans le domaine industriel que le bilan est le plus mauvais. La production industrielle, qui avait augmenté de 5,7 % en 1977, n'a crû que de 4,8 % en 1978, alors que, selon le plan quinquennal fixé en 1976, la croissance annuelle moyenne devrait s'établir à 6,5 %. L'essoufflement s'est confirmé au cours du premier trimestre 1979. Le taux de croissance n'a atteint en effet que 3 % contre 4,5 % en 1978, 5,6 % en 1977 et 5 % en 1976. Même constatation pour l'augmentation de la productivité : 2 % de janvier à mars 1979, contre 4,1 % dans la même période de 1978.

Les objectifs du Plan n'ont pas été atteints non plus en ce qui concerne l'extraction du pétrole, y compris les condensats de gaz (572,5 millions de t contre 575), ni pour celle du charbon (724 millions de t contre 746) ou la production d'acier (151 millions de t).

Situation qui explique les appels fréquents des autorités aux économies d'énergie, appels destinés non seulement aux citoyens soviétiques mais aussi à ceux des autres pays du bloc. « Bien que nos pays connaissent une situation énergétique plus favorable que le monde capitaliste, ils doivent limiter l'utilisation de pétrole et de gaz comme combustible », déclare le 22 mai Alexis Kossyguine, président du conseil des ministres, lors d'une visite d'amitié en Tchécoslovaquie. Situation qui explique aussi le relèvement du prix de vente du pétrole soviétique à destination des pays du COMECON : + 17,6 % au 1er janvier. Malgré l'augmentation, les prix restent néanmoins inférieurs de 12 % aux tarifs pratiqués par l'OPEP à la même époque.

Mauvaise qualité des produits, mauvaise gestion, mauvaise utilisation du matériel sont les principales raisons que donne le 29 novembre, devant le Soviet suprême, Nikolaï Bajbakov, président de la commission du Plan (Gosplan), pour expliquer un bilan économique aussi négatif. « Il y a eu des carences considérables » explique-t-il.

Le commerce extérieur est le seul domaine où les objectifs du Plan sont dépassés. Son volume (70 milliards de roubles) a augmenté de 11,2 % par rapport à 1977. Mais, du fait que 32 % de ses importations (contre 24,4 % de ses exportations) se font avec les pays du monde capitaliste, l'URSS n'est pas sans ressentir durement les effets de l'inflation occidentale et, en conséquence, son déficit commercial à l'égard des pays occidentaux (16,3 milliards de dollars en 1977) s'est encore accru.

Bilan négatif qui n'empêche pas l'Union soviétique de continuer à consacrer à sa défense 7 % de son budget total, soit environ 116,6 milliards de F. Chiffre contesté par les spécialistes occidentaux, qui estiment que les dépenses militaires soviétiques (dissimulées dans d'autres crédits) s'élèveraient en fait à plus de 440 milliards de francs.

Dissidence et échange

Casser la dissidence par tous les moyens. À un an des jeux Olympiques de Moscou qui amèneront des dizaines de milliers de visiteurs étrangers, le Kremlin veut faire place nette en réduisant au silence ceux qui, à l'intérieur même des frontières, osent encore critiquer le régime. Pour cela, il use essentiellement de deux méthodes — sévérité accrue, obligation à l'exil, ou les deux à la fois — qui reposent l'une et l'autre sur un dénominateur commun depuis longtemps utilisé : la présentation des dissidents comme des traîtres, des dépravés, des malades mentaux, des « repris de justice particulièrement dangereux ». Deux faits principaux en sont la parfaite illustration : quatre procès en juillet et août 1978, un spectaculaire échange en avril 1979.