En fait, ce n'est pas vraiment une surprise. Si les trois partis membres de la coalition bourgeoise — centriste, conservateur et libéral — n'avaient guère de peine à s'entendre sur les grandes lignes de la politique économique et sociale, la question de l'énergie nucléaire était en revanche une pomme de discorde continuelle.

Coalition déchirée

D'un côté, les centristes du Premier ministre Thorbjoern Fälldin farouches adversaires des centrales, partisans de leur démantèlement, mais incapables de présenter un projet réaliste. De l'autre, les conservateurs et les libéraux, disposés à faire quelques concessions pour préserver l'unité du gouvernement, mais au fond résolument favorables à la mise en service de 12 réacteurs en 1985 pour couvrir 40 % des besoins en électricité d'un pays qui est, après les États-Unis, le plus gros consommateur de pétrole par habitant dans le monde.

La coalition, déchirée, éclate sur la question du chargement en combustible de Ringhals III et Forsmark I, les septième et huitième réacteurs du programme électronucléaire suédois. Les centristes préfèrent se retirer que de poursuivre une politique axée sur l'atome, qui cadre mal avec leur idéologie.

Référendum nucléaire

Le nucléaire est décidément un élément déterminant de la vie politique suédoise. L'avarie du réacteur américain de Three Misle Island relance le débat et amène les partis, notamment les sociaux-démocrates, à réviser leurs positions antérieures. Le principe d'un référendum sur l'énergie est approuvé. Il aura lieu au printemps 1980, après les législatives. L'opinion est partagée mais plutôt réticente aux centrales.

C'est avec soulagement que les Suédois accueillent la démission du cabinet Fälldin. Habitués à la stabilité politique et à une gestion sans atermoiements des affaires publiques, ils sont las de ces sempiternelles discussions sur le nucléaire — plus politiques qu'écologiques — qui paralysent l'action du gouvernement et n'aboutissent à aucun résultat.

Paradoxalement, le gouvernement minoritaire libéral qui succède, le 12 octobre 1978, à la coalition — grâce à l'abstention du groupe parlementaire social-démocrate lors du vote d'investiture — va redonner au pays une certaine stabilité.

Consensus

Ola Ullsten, le nouveau Premier ministre, âgé de 47 ans, est un homme toujours mesuré dans ses déclarations. Partisan du consensus, il sait rassurer l'opinion, ce que les Suédois apprécient beaucoup. Comparé au gentleman-farmer Thorbjoern Fälldin, continuellement tourmenté par les problèmes du nucléaire, il apparaît comme un politicien efficace et décidé, même si plusieurs de ses propositions, concernant notamment la baisse de l'impôt, la politique industrielle et la réintroduction du médecin de famille, sont rejetées par une large majorité parlementaire. Les libéraux, qui ne disposent que de 39 sièges sur 349 au Riksdag, doivent faire preuve d'une grande habileté pour faire passer leurs projets, et ce n'est pas toujours facile.

La fessée

La fessée, c'est fini ! Depuis le 1er juin 1979, les papas et les mamans n'ont plus le droit — si c'était un droit — de donner une correction à leur progéniture dissipée. Le Parlement a adopté par 259 voix contre 6 une loi interdisant les châtiments corporels et autres traitements humiliants. Une commission d'enquête avait établi que les parents suédois sont loin d'être aussi calmes et patients qu'ils en donnent l'impression : les paires de claques ne sont jamais ici distribuées devant tout le monde, mais, à la maison, c'est bien différent... Les enfants ne méritent-ils pas une petite fessée de temps en temps ? Non, affirment catégoriquement les psychologues et les éducateurs : la violence physique n'est pas un argument, il faut apprendre à parler avec les petits « pour trouver une solution aux problèmes qui se posent ». Quelques mois plus tôt, les députés du Riksdag avaient interdit la vente des jouets guerriers. En cette année internationale de l'enfance, les Suédois sont bien placés pour la médaille d'or !

Aide et assistance

En matière de politique étrangère, aucun changement : l'aide aux pays en voie de développement est maintenue à 1 % du produit national brut (ce qui ne doit constituer qu'une étape) ; l'aide aux mouvements de libération d'Afrique australe est poursuivie, et l'intervention vietnamienne au Cambodge n'amène pas le gouvernement à réexaminer son assistance à Hanoi (comme c'est le cas au Danemark).