Mais le monde parlementaire est alors sollicité par la préparation des élections européennes, il n'existe pas de solution de rechange à la combinaison actuelle et il est probable que l'opinion réagirait avec irritation devant une nouvelle crise.

Loi anticrise

Dès son entrée en fonction, Wilfried Martens doit faire face aux groupes de pression mécontents de la loi anticrise, qu'il va devoir mettre en application.

Cette loi, qui comprend 244 articles, est divisée en deux parties : une loi dite de réorientation économique et une loi de réformes économiques. Le premier volet concerne l'encouragement à l'emploi dans les petites entreprises, les dispositions fiscales, les mesures destinées à juguler les pratiques frauduleuses des pourvoyeurs de main-d'œuvre, une réforme de la Société nationale d'investissements et des sociétés régionales agréées, et, enfin, l'égalité de salaires entre hommes et femmes. L'autre volet a trait aux réformes économiques et financières, à l'Éducation nationale et à la Culture, à l'Emploi et au Travail, à la Prévoyance sociale et aux Pensions.

La loi vise à réduire les énormes différences constatées entre les diverses pensions et elle prévoit que celles des services publics ne dépasseront plus les trois quarts du traitement qui sert de référence à leur liquidation.

Dans le secteur de l'Éducation nationale, on envisage la suppression de cours marginaux, une diminution d'heures dans certaines branches du secondaire, le doublement du droit d'inscription qui atteindrait alors 10 000 FB dans l'enseignement supérieur, une limitation de la croissance du coût forfaitaire par étudiant au niveau universitaire, et l'arrêt de subsidiation des étudiants étrangers. Naturellement, toutes ces mesures ne vont pas sans provoquer d'âpres contestations.

Déficit

Le déficit budgétaire atteint 83 milliards de FB en février 1979. Ce qui provoque un accroissement rapide de la dette publique, le gouvernement n'ayant d'autre solution que de multiplier les emprunts. La pression fiscale ne pouvant plus être augmentée, on doit recourir aux économies. Mais le plan, mis au point par les précédents gouvernements, doit être aménagé en fonction des réalités actuelles : les groupes de pression qui n'accepteront pas de tout perdre sans contrepartie ; l'exceptionnelle rigueur d'un hiver qui coûte aux contribuables 70 millions de FB par jour pendant plusieurs semaines ; enfin, et surtout, la persistance du chômage qui, malgré les résultats du plan Spitaels (Journal de l'année 1977-78) touche 300 000 personnes.

Le chômage s'élève à 11,9 % des salariés. Il est plus élevé dans la région wallonne (13,7 %) que dans la région flamande (11,1 %). Le tiers des chômeurs est composé de jeunes de moins de 25 ans.

Rien ne permet d'espérer une amélioration de cette situation. Les syndicats réclament une diminution du temps de travail à 36 heures par semaine pour favoriser la création d'emplois. Le patronat répond qu'une telle mesure ne parviendrait qu'à accroître les coûts de production et à rendre les entreprises moins compétitives. En revanche, il accepte le blocage des salaires proposé par le gouvernement.

Grèves

Toute une série de grèves éclatent. La plus significative est celle qui touche les Ateliers de construction électrique de Charleroi (ACEC). Elle dure plusieurs semaines et se heurte à une mesure de lock-out. À la suite de la mise en chômage technique des ouvriers, les syndicats incitent les salariés à entreprendre une action judiciaire pour rupture unilatérale de contrat. Ils invitent également l'Office national de l'emploi (ONEM) à ne pas verser d'indemnités de chômage dans de telles conditions, alors que la direction de la société se proposait de payer à ses employés la différence entre leur salaire normal et les indemnités de chômage, ce qui aurait fait prendre en compte par la collectivité une partie du poids de la grève.

Une autre procédure judiciaire vise les syndicats sous prétexte qu'ils versaient des indemnités de grève à des ouvriers ayant cessé le travail sans respecter les procédures légales. Mais le tribunal se déclare incompétent.