L'arrivée au pouvoir, le 18 juillet 1978, à Sanaa, du commandant Ali Abdallah Saleh, creuse le fossé qui s'est créé entre Sanaa et Aden. Connu pour l'extrême rigueur de ses options conservatrices, le nouveau chef de l'État nord-yéménite, est opposé à tout dialogue avec le Yémen du Sud et est favorable à une rupture avec les pays socialistes qui fournissent au Yémen du Sud l'essentiel de son armement. Sur le plan intérieur, il intensifie la répression contre les représentants de l'opposition groupés au sein du Front national démocratique, dont l'audience dans le pays s'élargit de plus en plus. Arrestations et exécutions sommaires se multiplient, tandis que les militants du FND sont contraints de prendre le maquis ou de se réfugier à Aden.

Coup d'État

Le 15 octobre 1978, quatre unités militaires stationnées à Sanaa, tentent un coup d'État en l'absence du président Abdallah Saleh qui se trouve en Arabie Saoudite. Le régime n'est sauvé que grâce à l'intervention de la division blindée de Sanaa commandée par un officier loyal. La répression est particulièrement sévère. Les autorités annoncent, le 27 octobre, l'exécution de 9 officiers et, une semaine plus tard, de 12 civils, dont le ministre du Travail et des Affaires sociales. En fait, le nombre des suppliciés dépasse la centaine.

Au Yémen du Sud, l'élimination physique, en juin 1978, du président Salem al-Robaya Ali (Journal de l'année 1977-78), exécuté deux jours après l'assassinat à Sanaa de son homologue du Yémen du Nord, accélère la radicalisation du régime. La création à la mi-octobre d'un « parti d'avant-garde d'un type nouveau », le Parti socialiste du Yémen, fondé sur les principes du socialisme scientifique, consacre la défaite du courant modéré qui, au sein du parti unique, préconisait l'abandon des options socialistes du régime et un rapprochement avec les pays pétroliers de la région.

Tout le pouvoir appartient désormais au parti dont le secrétaire général, Abdel Fatlah Ismail, est élu en décembre à la tête de l'État. L'« indéfectible amitié avec le camp socialiste ayant à sa tête l'URSS » est désormais érigée en dogme.

Le 25 février, la « petite guerre de frontière » que se livrent, depuis juillet dernier, les deux Yémens dégénère en conflit ouvert. Aden et Sanaa s'accusent mutuellement d'être à l'origine des combats qui se déroulent en fait uniquement en territoire nord-yéménite, sur une bande frontalière montagneuse de plus de 300 km de long, allant de Qaátaba, à 200 km au sud de Sanaa, jusqu'à Harib, à quelque 150 km à l'est de la capitale nord-yéménite. Équipée par l'URSS, entraînée par les Cubains, aidée par les maquisards du FND du Yémen du Nord, l'armée sud-yéménite surpasse en nombre et en qualité celle du Nord, minée par ses dissensions. Aden ne souhaite cependant pas une victoire militaire, mais plutôt la fin de la guerre de harcèlement dont certains des gouvernorats sud-yéménites sont soumis à partir de bases situées dans le Nord.

Dialogue au sommet

Le cessez-le-feu conclu le 4 mars à Koweït sous l'égide de la Ligue arabe prévoit non seulement le retrait des belligérants sur leurs positions antérieures, mais également la fin de l'aide accordée par les deux parties aux « rebelles » des deux camps. Il prévoit également le rétablissement du « dialogue au sommet » entre les deux pays, en vue d'une unification éventuelle des deux régions du Yémen. La guerre de dix jours entre les deux Yémens se termine donc par des embrassades et, le 30 mars, au cours de la première rencontre au sommet qui se déroule au Koweït, Abdel Fattah Ismail, le chef de l'État d'Aden, qui se réclame du marxisme-léninisme, propose sa démission en gage de bonne volonté, pour permettre au lieutenant-colonel Ali Abdallah Saleh, connu pour ses sympathies à l'égard de l'Arabie Saoudite, de prendre la tête d'un éventuel Yémen réunifié.

Le principal artisan de cette drôle de paix est l'Arabie Saoudite qui, tout en préservant la sécurité du Nord-Yémen qu'elle renforce en finançant l'achat d'armements américains destinés à l'armée de Sanaa, ne veut pas non plus se laisser entraîner dans une confrontation avec le régime d'Aden et ses alliés soviétiques. Les contradictions entre les deux Yémens demeurent cependant et, à moins d'un miracle, l'unification tant promise n'est pas pour demain.

Yémen du Sud

Al-Cha'ab. 1 800 000. 7. *2,9 %.
Économie. PIB (70) : 97. Production (70) : A 19 + I 28 + S 53. Énerg. (76) : 324. CE (70) : 4 %.
Transports. (*76) : 11 900 + 10 500.
Information. (72) : 3 quotidiens ; tirage global : 2 000. (73) : *600 000. (75) : *31 000. (71) : 20 000 fauteuils ; fréquentation : 3,5 M. (73) : 10 000.
Éducation. (74). Prim. : 196 466. Sec. et techn. : 39 696. Sup. : 934.
Armée.  : 20 900.
Institutions. République démocratique et populaire du Yémen. État indépendant le 30 novembre 1967. Constitution de 1970. Président du Conseil présidentiel : Abdel Fattah Ismail, élu le 27 décembre 1978 ; succède à Ali Nasser Mohamed en poste depuis le 26 juin 1978, date de l'assassinat du président du Conseil présidentiel Salem al-Robaya. Premier ministre : Ali Nasser Mohamed.