Le président Carter, inquiet, prend alors contact avec Leonid Brejnev. Devant l'ampleur des destructions et leur inefficacité — puisque les chrétiens tiennent toujours dans leurs abris détruits, sans eau, sans nourriture, sans médicaments —, la machine internationale se met enfin en route.

Le Conseil de sécurité, unanime, lance le 6 octobre un appel à un cessez-le-feu immédiat. Celui-ci ne sera effectif que le lendemain, après sa proclamation par la FAD, et donc par la Syrie. Beyrouth compte ses morts : ils seraient plus de 1 300, et il y aurait 2 000 blessés. La Croix-Rouge peut enfin entrer dans la ville, coupée du monde depuis des mois. Le spectacle est effrayant. Mais le cessez-le-feu ne s'accompagne encore d'aucun règlement politique. D'ailleurs, un tel règlement est-il encore possible ?

Succès syrien

Le président Sarkis s'efforce de rechercher une solution interarabe, qui permettrait par exemple de modifier la composition de la FAD, trop exclusivement syrienne. Le 15 octobre, les pays participants à la FAD (Syrie, Arabie Saoudite, Koweït, Émirats, Qatar, Soudan) se réunissent à Beit el-Dine, à 45 km au sud de Beyrouth, où les attend le président Sarkis. Pierre Gemayel, chef des phalanges, leur demande dans un message de « ne pas acculer le Liban au suicide »...

Le communiqué final publié le 18 octobre apparaît pourtant comme un succès pour les Syriens : le mandat de la FAD est renouvelé, sans que sa composition soit modifiée. Le plan de sécurité présenté par Sarkis est rejeté ou en tout cas passé sous silence. Mais Damas fait une concession en acceptant d'alléger son dispositif militaire : des Saoudiens et des Soudanais de la FAD prendront la relève des Syriens dans quelques points névralgiques de Beyrouth.

Le blocus alimentaire est levé, l'eau revient. Le président Sarkis tente de restaurer l'autorité de l'État et il décrète le désarmement de toutes les milices, chrétiennes ou palestiniennes. Vœu pieux ! Les phalanges reçoivent un armement israélien important, et personne ne désarme. En novembre, une visite de Sarkis à Paris donne à la France l'occasion d'offrir au Liban une aide et de participer en particulier à la reconstruction de Beyrouth. Mais, comme l'indique Valéry Giscard d'Estaing, aucune aide extérieure ne saurait remplacer a réconciliation entre Libanais.

Le premier signe de détente politique intervient le 23 mars 1979, lorsque l'armée libanaise régulière prend la relève du contingent saoudien de la FAD à Beyrouth Est. En contrepartie, on doit noter que la FAD n'est plus constituée désormais que par les seuls Syriens. Un sommet syro-libanais réunit à Damas, le 14 mai, les dirigeants des deux pays, mais on ne peut parvenir à une entente.

La Syrie réclame un « pacte de sécurité » avant tout retrait du Liban. D'ailleurs, le contexte politique a changé : dans le Sud, les milices chrétiennes se sont déclarées indépendantes, tandis que Begin faisait au Liban une offre d'impossible négociation de paix. Plus que jamais, les Syriens semblent décidés — ou acculés — à rester au Liban.

Le 31 juillet 1978, alors que les bombes pleuvaient sur Beyrouth, le gouvernement libanais tentait de rétablir sa souveraineté dans le sud du pays, en y dépêchant une unité de l'armée libanaise nationale. Mais cette unité est rapidement bloquée, devant Marjayoun, par les milices chrétiennes des commandants Saad Haddad et Sami Chidiac, qui n'hésitent pas à tirer. Cette situation, milice contre armée, va se poursuivre pendant de longs mois, sans qu'une épreuve de force décisive soit vraiment engagée. En effet, chaque partie agit sous le contrôle, la protection, ou l'autorité d'un parrain redoutable : l'armée libanaise est accompagnée par des observateurs syriens, qui souhaitent bien évidemment la voir reprendre position au Sud, repoussant ainsi l'influence israélienne sur le Sud-Liban. Les milices chrétiennes sont ouvertement protégées par Israël, qui a dû abandonner en juin 1978 le territoire conquis quatre mois plus tôt mais qui a laissé derrière lui des chrétiens dissidents, chargés de garder la ceinture de sécurité, à proximité de la frontière israélo-libanaise.

Raids israéliens

Entre ces deux forces qui s'observent, la position des Casques bleus de l'ONU devient de plus en plus difficile. Lorsque les forces chrétiennes du Sud-Liban autorisent enfin — en septembre — l'installation de bureaux de la FINUL (Forces intérimaires des Nations unies au Liban) à Marjayoun et à Bint Jbeil, cette concession est interprétée comme un geste d'Israël. En fait, la FINUL est simplement paralysée. Et elle ne peut empêcher ni les incursions palestiniennes ni les raids de représailles israéliens, qui prennent, en janvier 1979, un tour assez violent.