D'autres opposants passent en jugement. Ainsi, le colonel Abdul Latief, l'un des conjurés procommunistes de 1965, est condamné, treize ans après, à la prison à vie (1er août). Mawito Kartowibowo, qui avait exigé en 1976 la démission du chef de l'État, est condamné à huit ans de détention.

L'ordre nouveau promis, au seuil de son troisième mandat, par le général Suharto en mars 1978, semble difficile à appliquer, en raison de la conjoncture économique et sociale actuelle.

Le gouvernement décide de laisser flotter la monnaie — le rupiah —, le 15 novembre 1978. Elle était liée au dollar, d'où une dévaluation immédiate de 50 %.

Les exportations pétrolières stagnent. Divers facteurs expliquent cette situation : augmentation de la consommation intérieure, faiblesse des investissements de la société nationale Pertamina, concurrence du brut chinois sur le marché japonais.

Malgré son importance géographique et ses ressources naturelles, l'Indonésie demeure le pays le plus pauvre de l'ASEAN et le chômage frappe le quart de la main-d'œuvre.

Pour réduire le surpeuplement de Java — où s'entassent plus de 80 millions d'Indonésiens —, Djakarta annonce que, au cours du troisième plan quinquennal Repelita III (avril 1979-mars 1984), deux millions et demi de personnes seront déplacées vers des îles moins habitées.

Guérillas

Face aux guérillas de l'archipel, l'armée indonésienne marque des points décisifs. À Timor-Oriental, le mouvement nationaliste Fretilin, qui revendique l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise annexée par Djakarta en 1975, paraît à bout de souffle. Son président, Nicolas Lobato, est tué dans une embuscade, le 31 décembre 1978. L'isolement de la guérilla, les tiraillements internes qui la minent et l'écrasante supériorité numérique de l'armée gouvernementale laissent peu d'espoirs de succès aux séparatistes. Dans l'Irin-Jaya, partie occidentale de la Nouvelle-Guinée annexée en 1969, la rébellion menée par le mouvement d'indépendance papoue traverse des difficultés analogues.

Iran

Téhéran. 34 270 000. 21. *3 %.
Économie. PIB (76) : 1 999. Production (76) : A 9 + I 67 + S 24. Énerg. (76) : 1 490. CE (76) : 38 %.
Transport. (74) : 2 126 M pass./km, 4 917 Mt/km. (74) : 589 200 + 111 200.  : 1 002 000 tjb. (76) : 1 974 M pass./km.
Information. (74) : 20 quotidiens ; tirage global : 484 000. (74) : *8 000 000. (75) : *1 700 000. (75) : 272 300 fauteuils ; fréquentation : 123,1 M. (76) : 782 000.
Santé. (73) : 11 373.
Éducation. (75). Prim. : 4 468 299. Sec. et techn. : 2 183 137. Sup. (74) : 135 354.
Armée.  : 413 000.
Institutions. République islamique, depuis le référendum du 30 mars 1979 ; succède à la monarchie constitutionnelle de Mohammed Reza Pahlevi qui quitte le pays, le 16 janvier 1979, après la situation insurrectionnelle fomentée par l'ayatollah Khomeiny. De retour (1er février 1979) après 15 ans d'exil Khomeiny exerce une influence considérable comme chef religieux chiite. Premier ministre : Mehdi Bazargan.

Le pouvoir islamique, après cinq mois d'émeutes sanglantes, contrôle mal une situation explosive

Sous les coups de boutoir répétés des religieux, le régime des Pahlavi s'effrite petit à petit et s'effondre en février 1979, cédant la place à un pouvoir islamique révolutionnaire mal défini. Les conséquences de ce changement sont incalculables non seulement pour l'Iran, mais également pour toute la région du Golfe et du Proche-Orient.

Alternant les menaces et la séduction, le chah a pourtant tout fait pour essayer de désamorcer le mouvement de révolte né à Qom au début de 1978. Toutes les concessions qu'il a faites sous la pression de la rue pour essayer de sauver la monarchie ont été interprétées comme des aveux de faiblesse et se sont brisées devant la détermination inébranlable de l'ayatollah Khomeiny de mener la lutte jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à la disparition de la dynastie des Pahlavi.

Tandis que la loi martiale est proclamée à Ispahan, le souverain iranien exprime à nouveau, le 11 août 1978, sa volonté de libéraliser son régime en organisant en juin 1979 des élections « libres à cent pour cent ». Djaafar Charif-Emami, qui succède le 27 août à Amouzegar à la tête du cabinet, est chargé de mener à bien cette mission. Le choix est particulièrement maladroit et révèle les limites de l'« expérience démocratique » tentée par le Palais. Charif-Emami, connu comme un « loyal et fidèle serviteur du chahinchah » est loin d'être l'homme du changement tant attendu par l'opinion, d'autant plus qu'il s'entoure d'une équipe de féaux discrédités. Les demi-concessions qu'il fait — restauration du calendrier islamique, fermeture des casinos et des maisons de jeux, amorce timide de libéralisation de la vie politique — sont accueillies avec scepticisme. Le 30 août, l'ayatollah Khomeiny coupe court aux tentatives de certains éléments modérés de l'opposition disposés à s'entendre avec la nouvelle équipe au pouvoir, en dénonçant l'« hypocrisie » du nouveau gouvernement, qu'il qualifie de « complot » pour tromper « le peuple musulman et briser son mouvement ».

Vendredi noir

Au début de septembre, les manifestations de rues organisées à l'occasion de la fin du jeûne du Ramadan, prennent une ampleur jamais encore égalée. Le 4 septembre, plus de 200 000 Iraniens défilent dans le centre de Téhéran, couvrant de fleurs les militaires. Le 7, le nombre des manifestants dépasse le demi-million. Le défilé a lieu malgré une ferme mise en garde des autorités et les appels à la prudence des dirigeants politiques et religieux modérés.