Morarji Desai cherche à contrer le retour en force, apparemment irrésistible, de son principal adversaire. Le 19 décembre 1978, la majorité gouvernementale vote l'arrestation, pour quelques jours, et l'expulsion de la Chambre du peuple, jusqu'en 1982, d'Indira Gandhi, en vertu d'un texte qui l'autorise à se séparer de tout membre coupable d'« abus de privilèges et d'outrage au Parlement ». L'ancien Premier ministre s'était, en effet, opposé à une enquête officielle sur les activités douteuses de son fils Sanjay. Après une semaine de détention, la fille de Nehru est libérée. Déchue de son mandat parlementaire, elle proclame aussitôt son désir de se représenter à la députation. Son fils est, lui aussi, arrêté puis élargi sous caution, à plusieurs reprises. En mai 1979, le gouvernement décide de créer des tribunaux spéciaux pour juger les responsables des « excès » commis sous l'état d'urgence de 1975 à 1977.

Chef d'une coalition hétérogène, Morarji Desai a bien du mal à maintenir l'unité de façade qui prévalait deux ans plus tôt. Le Janata est miné par des rivalités de personnes. Après avoir démissionné du ministère de l'Intérieur, Charan Singh, chef du clan conservateur, sème la contestation dans les rangs du parti gouvernemental tout en prétendant de plus en plus à la succession. En décembre 1978, il va jusqu'à demander une enquête sur les accusations de corruption portées contre le fils du Premier ministre. Décidément, les dirigeants indiens n'ont pas de chance avec leur progéniture. Mais Charan Singh — après quelles promesses ? — réintègre bientôt le cabinet comme vice-Premier ministre et ministre des Finances (24 janvier 1979).

Naguère championne du non-alignement, l'Inde s'efforce de revenir à cette doctrine. Il lui faut aussi rééquilibrer ses relations avec l'Union soviétique et la Chine. A. B. Vajpayee, ministre des Affaires étrangères de New Delhi, se rend à Pékin en février 1979. C'est la première fois depuis 1962 qu'un haut responsable indien visite la Chine. L'événement traduit un relâchement sensible de la coopération indo-soviétique, fort étroite sous le règne d'Indira Gandhi. Pourtant, le rapprochement avec la Chine est partiellement compromis par la guerre sino-vietnamienne. Ce conflit réveille de trop mauvais souvenirs à Delhi, où l'on n'a pas oublié l'occupation en 1962 du plateau tibétain par les troupes de Pékin. L'Inde réclame le retrait de l'armée chinoise du Viêt-nam.

Aides économiques

Du même coup, l'attaque chinoise renforce la position soviétique, au moment même où Alexis Kossyguine effectue une visite officielle à New Delhi (9-14 mars 1979). En vertu d'une série d'accords à long terme conclus à l'issue de cette visite, les échanges indo-soviétiques sont appelés à doubler de volume dans les dix prochaines années. De leur côté, les États-Unis décident de reprendre leur aide économique à l'Inde, suspendue en 1971 lors de la guerre contre le Pakistan.

Deux ministres français se rendent en Inde : Olivier Stirn, secrétaire d'État aux Affaires étrangères (juillet 1978), et Jean-François Deniau, ministre du Commerce extérieur (décembre). Ces deux visites marquent une légère relance des relations économiques bilatérales. Enfin, au chapitre — hélas ! traditionnel — des catastrophes naturelles, les crues du Gange et du Brahmapoutre provoquent, en septembre, des dégâts matériels d'une ampleur exceptionnelle.

Indonésie

Djakarta. 143 280 000. 96. *2,6 %.
Économie. PIB (75) : 216. Production (75) : A 33 + I 35 + S 32. Énerg. (76) : 218. CE (75) : 24 %.
Transports. (*76) : 3 258 M pass./km, 717 Mt/km. (*76) : 420 900 + 263 100.  : 1 163 000 tjb. (76) : 1 160 M pass./km.
Information. (75) : 172 quotidiens. (75) : 5 010 000. (75) : *300 000. (75) : 640 000 fauteuils ; fréquentation : 112,5 M. (76) : 314 000.
Santé. (74) : 7 027.
Éducation. (75). Prim. : 18 232 567. Sec. et techn. : 3 361 308. Sup. : 278 200.
Armée.  : 247 000.
Institutions. République indépendante proclamée le 17 août 1945 sous le nom d'État unitaire de la république d'Indonésie. Constitution de 1945. Président de la République et président du Conseil : général Suharto, élu pour un troisième mandat le 22 mars 1978.

Éclaircie politique, mais difficultés économiques

Si l'horizon politique tend à s'éclaircir, les difficultés économiques et sociales semblent, en revanche, s'alourdir. Entre juillet et décembre 1978, le gouvernement de Djakarta libère graduellement quelque 10 000 prisonniers politiques. Soupçonnés de sympathies communistes, ils étaient détenus, pour la plupart, depuis le coup d'État militaire du 30 septembre 1965 qui porta au pouvoir le général Suharto. Appartenant à la catégorie dite « B », ils ne pouvaient être jugés faute de preuves suffisantes pour établir leur culpabilité.