Le procès reprend donc devant la Cour de sûreté le 28 septembre. À la suite d'un incident d'audience, 18 avocats sont commis d'office et les autres défenseurs sont écartés. Les accusés, en matière de protestation, refuseront de répondre aux questions et on sera ainsi privé des « révélations » politiques qu'avait annoncées Habib Achour, notamment en ce qui concerne les accusations portées contre lui de « complicité » avec la Libye voisine. Le jugement de la Cour de sûreté est rendu le 10 octobre : Habib Achour est condamné à 10 ans de travaux forcés, ainsi qu'Abderrazak Ghorbal, secrétaire général régional de Sfax. Cet arrêt peut sembler clément si on considère que le procureur avait requis la peine de mort contre tous les accusés. Il est lourd, si on pense qu'aucune preuve matérielle indéniable n'a pu être apportée et qu'on a surtout fait état de déclarations et de la possession d'armes assez dérisoires, telles que gourdins ou pierres. Bien qu'il se soit déroulé en présence d'observateurs étrangers, notamment d'Amnesty International, il est certain qu'un tel procès a terni l'image de marque de la Tunisie à l'étranger : de nombreux syndicats français (CGT, CFDT) et internationaux (CISL) sont constamment intervenus pour demander la libération des syndicalistes condamnés. Une mesure de grâce en leur faveur interviendra enfin, le 26 mai, à l'occasion de la fête nationale du 1er juin ; 263 personnes bénéficient de la liberté provisoire.

En attendant, les mêmes problèmes demeurent, et, au premier plan, celui de la santé du chef de l'État. Le président Bourguiba, depuis longtemps malade, est hospitalisé à Paris puis en Allemagne, pendant deux mois et demi. Officieusement la question de sa succession se pose et les forces politiques s'organisent : les démocrates socialistes, dirigés par Hassib Ben Amar, ancien ministre de la Défense, demandent à fonder un parti. L'autorisation leur est refusée, mais ils annoncent qu'ils poursuivront leur action.

Sur le plan extérieur, Tunis est brusquement promue capitale arabe, à la suite du boycott infligé à l'Égypte par ses pairs, après la paix avec Israël. La Tunisie est, en effet, choisie comme siège de la Ligue arabe et c'est un Tunisien, Chedli Klibi, qui est élu le 28 juin secrétaire général de la Ligue.

Zaïre

Kinshasa. 26 380 000. 11. *2,5 %.
Économie. PIB (75) : 148. Production (75) : A 19 + I 28 + S 53. Énerg. (76) : 62. CE (75) : 23 %.
Transports. (73) : 447 M pass./km, 3 017 Mt/km. (74) : 84 800 + 76 400.  : 110 000 tjb. (76) : 361 M pass./km.
Information. (74) : 11 quotidiens. (74) : *2 448 000. (75) : *7 000. (74) : 23 300 fauteuils ; fréquentation : 1,7 M. (76) : 48 000.
Santé. (73) : 818.
Éducation. Prim. (72) : 3 292 020. Sec. et techn. (73) : 335 203. Sup. (74) : 21 021.
Armée.  : 33 400.
Institutions. État indépendant le 30 juin 1960. République présidentielle. Constitution de 1967, amendée en 1970. Président de la République et chef de l'exécutif : lieutenant général Mobutu Sese Seko, élu pour un troisième mandat le 3 décembre 1977. Premier ministre : Boliko Lokonga.

Détente politique, mais une économie qui se délabre

À l'opération léopard, menée par les paras français, qui permet au président Mobutu de surmonter l'entreprise de déstabilisation de son régime à partir de l'Angola et de la Zambie, succède une force d'intervention composée par les troupes de 7 États africains.

Le bilan de la deuxième guerre du Shaba, publié en juillet 1978, fait état de 855 morts, dont 300 civils zaïrois et 136 étrangers, en majorité belges et français. Le 1er janvier 1979, le Shaba, placé sous un régime d'exception, est de nouveau administré civilement, mais le rapatriement de la force africaine d'intervention n'est pas prévu avant le 30 juin 1979. Dès le 25, en tout cas, le général Mobutu transfère provisoirement à Lubumbashi le siège de son gouvernement afin de rassurer la population du Shaba, notamment la minorité européenne qui donne des signes évidents d'inquiétude.

Désordre financier

Bien que de fausses rumeurs aient fait état d'un soulèvement dans la banlieue de Kinshasa, en février 1979, ce ne sont pas les problèmes de sécurité, mais ceux concernant le redressement économique et financier du pays qui posent au chef de l'État les plus sérieuses difficultés. L'économie est totalement désorganisée et la monnaie nationale dévaluée à deux reprises, de 10 % le 1er novembre 1978, puis de 50 % le 2 janvier 1979. La réduction du nombre des ministères de 26 à 20, puis la création, le 5 janvier 1979 également, d'un superministère de l'Économie devraient, pour conduire à des résultats concrets, s'accompagner de puissants concours extérieurs. Or, si la France décide de doubler le montant de son aide financière, la plupart des autres pays occidentaux adoptent une attitude d'expectative.