Successeur désigné du président Senghor, dont le mandat n'expire qu'en mars 1983, Diouf ne cesse de renforcer sa position personnelle. Son principal concurrent, Babacar Ba, est limogé et remplacé, le 19 septembre 1978, au ministère des Affaires étrangères par Mustapha Niasse, l'un des plus proches collaborateurs du chef de l'État. C'est Diouf en personne qui reçoit, en hôte officiel, ses homologues tunisien Hedi Nouira, camerounais Paul Biya et zaïrois Mpinga Kasenda, en juin, juillet et août 1978, à Dakar, et c'est en dauphin de Senghor qu'il est lui-même reçu en visite officielle, du 27 au 30 mars 1979, à Paris, par Raymond Barre.

Tandis qu'Abdoulaye Wade demeure chef de l'opposition parlementaire, l'ancien Premier ministre Mamadou Dia tente de regrouper sur son nom l'opposition d'extrême gauche, au sein d'un Comité de coordination qui rend public, le 4 novembre 1979, un manifeste. La création d'un quatrième parti politique est autorisée, après la réforme d'une Constitution qui ne prévoyait que le tripartisme. Se qualifiant lui-même de « mouvement de droite », le Mouvement républicain sénégalais, dont le leader est l'avocat dakarois Boubacar Gueye, cousin germain du défunt président Lamine Gueye, est surtout animé par des notables civils et religieux.

Bonne santé

Créé en 1957, le Parti africain de l'indépendance (PAI), sorti depuis plusieurs années de la clandestinité grâce à l'action personnelle de Senghor, tient les 16 et 17 février 1979, dans la banlieue de Dakar, son deuxième congrès sous la présidence de son leader Mahjemout Diop, pharmacien et écrivain. Il parvient, en mars, à obtenir la fusion, au sein de son propre parti, de trois groupuscules marxistes-léninistes.

À noter trois signes de bonne santé de la démocratie sénégalaise : lors des élections des conseils de communauté rurale, le 25 mars 1979, le Parti démocrate sénégalais (PDS) d'Abdoulaye Wade obtient 21,72 % des suffrages exprimés ; lors du vote au Parlement de l'envoi de soldats sénégalais au Shaba pour y assurer la relève des troupes françaises et marocaines, les 17 parlementaires du PDS votent négativement ; à l'occasion d'un colloque sur les droits de l'homme, en janvier, à Dakar, Senghor peut affirmer publiquement que son pays ne compte plus un seul détenu politique.

En politique étrangère, c'est surtout l'évolution de la situation en Mauritanie et au Sahara occidental qui préoccupe gravement les dirigeants sénégalais. Mme Ould Daddah a obtenu asile politique à Dakar avec ses enfants, depuis le coup d'État du 10 juillet 1978 qui a entraîné l'éviction de son mari du pouvoir. À trois reprises au moins, avant que l'homme qui avait évincé Ould Daddah ne renonce lui-même à la présidence à son tour, les présidents Senghor et Mustapha Ould Salek de Mauritanie se sont rencontrés, non seulement pour discuter de l'avenir de l'ancien Sahara espagnol, mais pour évoquer les tensions entre communautés noire et blanche, tensions auxquelles les Sénégalais s'intéressent d'autant plus attentivement que ce sont les mêmes ethnies — Toucouleur, Sarakolè, Ouoloff, Bambara — qui vivent de part et d'autre de la frontière naturelle que constitue le fleuve Sénégal entre les deux pays. C'est l'intervention des dirigeants sénégalais qui incite leurs collègues mauritaniens à remettre en liberté, en mai, plusieurs dizaines de personnalités noires mauritaniennes arrêtées quelques semaines plus tôt pour activité subversive, et ainsi à calmer l'effervescence constatée dans tout le Sud mauritanien et à Nouakchott même.

Seychelles

Victoria. 60 000. 154. 2 %.
Économie. PIB (76) : 688. Énerg. (76) : 570. CE (75) : 15 %.
Transports. (*76) : 2 800 + 800.
Information. (75) : 2 quotidiens ; tirage global : 3 500. (73) : *9 000. (75) : 800 fauteuils ; fréquentation : 0,5 M. (76) : 4 000.
Santé. (75) : 21. Mté inf. (76) : 34,7.
Éducation. (76). Prim. : 9 950. Sec. et techn. : *3 000. Sup. : 142.
Institutions. État indépendant le 28 juin 1976 (ancienne colonie britannique). République instaurée en novembre 1970. La nouvelle Constitution, adoptée le 26 mars 1979, crée un État socialiste de régime présidentiel ; parti unique. Président de la République : France Albert René, qui s'empare du pouvoir par un coup d'État, le 5 juin 1977 ; il succède à James Mancham, dont il était le Premier ministre.
Des élections générales se déroulent du 23 au 26 juin 1979, à l'issue desquelles France Albert René est proclamé président de la République. F. A. René devient ainsi le premier chef de l'État élu des Seychelles ; il a obtenu 97,99 % des voix.

Sierra Leone

Freetown. 3 470 000. 49. *2,4 %.
Économie. PIB (75) : 222. Production (75) : A 36 + I 21 + S 43. Énerg. (76) : 112. CE (75) : 20 %.
Transports. (*76) : 18 900 + 6 300.
Information. (75) : 2 quotidiens ; tirage global : 30 000. (75) : *62 000. (75) : *6 100. (76) : 15 000.
Santé. (70) : 149.
Éducation. (75). Prim. : 205 910. Sec. et techn. : 50 478. Sup. : 1 642.
Armée.  : 2 200.
Institutions. État indépendant le 27 avril 1961. Le 12 juin 1978, une nouvelle Constitution est approuvée par référendum, qui prévoit l'instauration d'un parti unique. Président de la République et chef de l'exécutif : Siaka Stevens, réélu le 26 mars 1976.

Somalie

Mogadiscio. 3 350 000. 5. *2,5 %.
Économie. PIB (70) : 89. Énerg. (76) : 47. CE (70) : 12 %.
Transports. (72) : 8 000 + 8000.  : 158 000 tjb. (76) : *15 M pass./km.
Information. (73) : 2 quotidiens ; tirage global : 4 000. (75) : *68 000. (70) : 23 000 fauteuils ; fréquentation : 4,7 M. (70) : 5 000.
Santé. (73) : 193.
Éducation. (75). Prim. : 197 706. Sec. et techn. : 28 857. Sup. : 1 845.
Armée.  : 51 500.
Institutions. État indépendant le 26 juin 1960. République proclamée le 1er juillet 1960. Nouvelle Constitution adoptée le 24 janvier 1979. Président de la République et secrétaire général du Parti socialiste révolutionnaire : Mohammed Ziyad Barre, mis en place par le coup d'État du 21 octobre 1969 ; succède à Abdirashid Ali Shermake, président de la République, assassiné le 15 octobre 1969.

Un vent de fronde

Pour la première fois depuis neuf ans, en août 1978, un navire de guerre américain fait escale à Mogadiscio : l'USS Vreenland. Pourtant, le renversement des alliances annoncé par tous les commentateurs dès la rupture entre Moscou et la Somalie n'a toujours pas eu lieu. Non seulement aucun État occidental n'a réellement répondu aux avances faites par les Somaliens, mais il semble que ces derniers envisagent de plus en plus sérieusement de renouer avec leurs anciens interlocuteurs soviétiques.