Ce rapide survol des marchés de matières premières démontre surtout l'impuissance des divers accords internationaux, toujours laborieux à rédiger, rarement ratifiés à l'unanimité des exportateurs et des importateurs, et que le négoce rend caducs à la moindre tension un peu forte. La preuve en a encore été fournie par le phosphate, que le Maroc estimait contrôler étroitement et dont il avait majoré unilatéralement les cours après la hausse du prix du pétrole, mais qui n'a pu résister à la réapparition de la concurrence américaine.

Dialogue

Or, la stabilisation des cours des matières de base est au cœur des débats politiques Nord-Sud qui se poursuivent en permanence à différents échelons des instances internationales. S'il est vrai qu'il s'agit d'un débat inépuisable entre les intérêts contradictoires des producteurs et des consommateurs, la nouvelle carte économique mondiale qui s'élabore depuis une décennie renforce les moyens de nombreux pays auparavant soumis aux seules lois cruelles du marché. Il est remarquable, à ce propos, que les indices d'ensemble Moody et Reuter n'étaient guère inférieurs, fin 1977, à ce qu'ils étaient un an plus tôt, ni à leur niveau record du dernier trimestre 1973. Paradoxalement, d'ailleurs, le désordre affecte plutôt désormais les matières dont les puissances industrielles sont fortement productives (cuivre, sucre), tandis que les États en voie de développement imposent une certaine discipline, certes à des niveaux de prix élevés, aux matières qui dépendent davantage d'eux.