Autre sujet délicat : la publication par les journaux de pages de publicité politique. Alors qu'il s'agit là d'une pratique admise dans les pays anglo-saxons, elle provoque des remous à l'Ardennais, au Progrès de Lyon, au Dauphiné libéré, à la Montagne, au Journal du Centre, au Populaire du Centre. L'Union nationale des syndicats de journalistes se prononce contre, pour trois raisons : inégalité des possibilités d'expression entre les divers courants d'opinion selon leurs moyens financiers ; danger de pression sur les organes de presse ; risque de voir dénaturer la mission d'information des journaux.

À plusieurs reprises, le problème de la liberté de la presse se pose lors de manifestations : à TF1, où un commando perturbe le déroulement normal du journal aux cris de « Concorde à New York » ; à FR3-Lyon, où un « groupe d'insoumis » veut se faire entendre ; à Libération, où 150 personnes occupent les locaux, exigeant la réalisation d'un numéro complet favorable à la bande à Baader — Serge July, directeur du journal refusant de travailler sous le contrôle de « commissaires politiques », le quotidien ne paraîtra pas — et à Lyon où les bureaux du même journal sont occupés par des personnes se réclamant du Comité d'action des prisonniers. En juin, un commando d'extrême droite envahit les locaux du Monde.

Échec

L'année est marquée par l'échec, rapide, d'un nouveau quotidien : J'informe. Lancé par l'ancien ministre Joseph Fontanet, le 19 septembre 1977, son tirage est de 350 000 exemplaires et la vente du premier numéro de 200 000. Mais celle-ci se dégrade très vite : de 100 000 exemplaires pour le deuxième numéro, elle tombe à 50 000 de moyenne dès la deuxième semaine. Le 17 décembre, le journal s'arrête, laissant un passif impressionnant et 200 salariés, dont 70 journalistes, privés de travail. Le personnel, mis devant le fait accompli, décide d'occuper les locaux.

Divers problèmes, laissés en suspens depuis plusieurs années, trouvent un regain d'actualité.

Les négociations du rachat de Modes et Travaux par le groupe allemand Gruner und Jahr (filiale des Éditions Bertelsmann qui contrôle 25 % du marché des périodiques en Allemagne) et la prise de participation de la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion dans le quotidien de Dijon le Bien public (40 %), Téléstar (51 %), Regards sur... (49 %), remettent en question l'article 3 de l'ordonnance du 26 août 1944 spécifiant que « tous propriétaires, associés, actionnaires, commanditaires, bailleurs de fonds ou autres participants à la vie financière d'une publication doivent être de nationalité française ». Finalement, le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement, André Bord, indique que ce texte ne s'applique pas aux hebdomadaires de caractère artistique et culturel et que ses dispositions sont compatibles avec celles du traité instituant la Communauté économique européenne.

La tendance s'affirme quant à la prise de participation de l'audiovisuel dans la presse écrite : Europe 1 prend une participation de 48 % dans le Journal du Dimanche, tandis que la société Presse et Information, qui édite le Point, détiendra 4 % des actions.

Revient sur la sellette également le problème des journaux gratuits. On en compte actuellement 220 en France, avec un tirage de 12 millions d'exemplaires, représentant un budget de 220 millions de francs de publicité.

Jean Mottin — le médiateur de l'affaire du Parisien libéré — est chargé d'établir un rapport.

La situation demeure extrêmement préoccupante dans l'imprimerie. Du rapport établi par Claude Altersohn, inspecteur général de l'industrie et du commerce, il ressort que les périodiques français imprimés à l'étranger — principalement en Belgique, Espagne, Italie, Pays-Bas et Allemagne — représentent 200 millions de F de travaux d'imprimerie et 23,5 % du tonnage imprimé en France. Le ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat, René Monory, annonce, le 3 novembre, que « le gouvernement a donné de très fermes instructions aux administrations et aux organisations parapubliques pour qu'elles confient leurs travaux d'impression à des entreprises françaises ».