Sur le plan des actions communautaires en France, on a déjà évoqué plusieurs manifestations de soutien à Israël.

Des réunions spectaculaires ont lieu à Toulouse, jumelé avec Tel-Aviv, à Marseille, à Lyon, à Strasbourg et bien entendu à Paris dans le cadre des festivités marquant le 30e anniversaire de l'État d'Israël. Si les 12 heures pour Israël à la porte de Versailles, le 30 octobre 1977, sont préparées par de jeunes cadres de la base en opposition avec les principales organisations centrales qui auraient préféré un seul appel pour une manifestation massive, en 1978, pour le 30e anniversaire, on constate que la communauté est toute disposée, par vagues de dizaines de milliers de personnes, à répondre à la fois aux 12 heures du 30 octobre 1977 et à une réunion semblable intitulée Chalom-Israël le 7 mai 1978 sur deux étages du CNIT à Paris.

La participation sportive des Juifs de France est d'ailleurs attestée par le succès de plusieurs clubs de l'Association sportive Maccabi et du Club Menora (à Strasbourg), alors que 107 délégués français participent aux dizièmes Maccabiades en Israël (une sorte de jeux Olympiques juifs).

L'engagement de la communauté juive de France, à l'instar des autres communautés de la Diaspora en faveur des Juifs soviétiques persécutés, est un autre signe de sa vitalité.

Antisémitisme

La solidarité en faveur des Juifs d'Union soviétique n'est pas seulement, de la part de la communauté juive, un mouvement normal de solidarité, c'est aussi une forme de combat contre l'antisémitisme qui reste particulièrement fort en URSS. Mais cet antisémitisme apparaît également en France, classique ou sous les traits de l'antisionisme.

En Alsace-Lorraine, des cimetières continuent à être profanés, des tombes juives renversées. C'est le cas à Frauenberg en Moselle, à Cernay dans le Haut-Rhin. Dans ces deux cas, le forfait a été commis par des enfants ou des adolescents. Des inscriptions injurieuses sont tracées sur la grande synagogue de la rue de la Victoire à Paris, sur la synagogue de l'avenue de la Paix à Strasbourg, sur l'école Yavné à Paris, sur des boucheries cachères à Avignon, à Nice, à Marseille, alors que les murs du nouveau centre communautaire de Nice sont maculés et que des appels téléphoniques menaçants et naturellement anonymes sont adressés à la Communauté. À Dijon, les inscriptions antisémites sont accompagnées de lettres de menace de mort au rabbin et au président de la communauté de la Lica dont la femme mourra d'ailleurs d'un arrêt cardiaque, sans doute à la suite de l'émotion causée par ces événements. Dans cette ville, des coups de fils anonymes sont de caractère carrément nazi, le correspondant se réclamant du mouvement Odessa. À Marseille, ce sont des tee-shirts antisémites qui sont distribués dans un lycée. Cet antisémitisme se manifeste aussi de façon plus violente. Un attentat contre la fédération des sociétés juives de France à Paris détruit les locaux de cette organisation. Et, le 14 juin, un attentat contre le siège du Club Méditerranée, à Paris, est revendiqué par un mouvement antisémite, le Front de libération national français.

En fait, les mouvements antisémites ne revêtent jamais une grande ampleur. Ils peuvent avoir souvent pour auteur, en ce qui concerne les inscriptions notamment, un seul individu. Mais ce qui inquiète les observateurs, c'est l'antisémitisme qui est partie prenante d'une certaine reconnaissance du nazisme. Si le défilé, croix gammée en tête, à Chicago, par le Parti national socialiste d'Amérique, sous la direction de Frank Collin, n'est pas vraiment pris au sérieux, parce que seuls quelques excités irresponsables et souvent ridicules animent cette organisation, on peut cependant déceler une tentative plus inquiétante de réhabilitation du nazisme. En RFA, le film Hitler, une carrière est considéré par beaucoup comme un essai de dédémoniser le bourreau du peuple juif.

Plusieurs études et opuscules sont publiés dans de nombreux pays et affirment que les six millions de martyrs juifs de la dernière guerre ne sont qu'une légende. Ces livres sont également édités en français.

Événements

Cela dit, la communauté juive de France mène une existence plutôt sereine. Elle n'est que partiellement concernée par les changements qui interviennent dans les institutions juives centrales. Nahoum Goldman, président du Congrès juif mondial et l'un de ses fondateurs, prend sa retraite à 82 ans et laisse sa place à l'Américain Philip Klutznik.