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Atmosphère de fin de règne au Vatican

C'est désormais une sorte de tradition romaine : quand approche le 26 septembre, jour anniversaire du pape, les spéculations sur son éventuelle démission se multiplient dans la presse et dans les salons romains. En 1977, les spéculations sont particulièrement vives puisque, ce jour-là, Paul VI atteint 80 ans : on sait qu'à partir de cet âge les cardinaux ne peuvent plus participer à l'élection d'un nouveau pape. Certains observateurs se demandent donc si le souverain pontife ne s'est pas fixé cette limite à lui-même, s'il ne va pas se retirer, d'autant que son état de santé inspire toujours quelques inquiétudes.

Mais, comme pour couper court à ces spéculations, L'Osservatore Romano publie, dès le 2 septembre, un article intitulé Pourquoi le pape ne peut pas démissionner et signé du père Virgilio Levi, le sous-directeur du journal, un homme que l'on dit proche de Paul VI. Si le souverain pontife, dit cet article, a demandé que les évêques chefs de diocèses lui offrent leur démission à l'âge de 75 ans, c'était pour répondre à un vœu du concile, « lequel n'a rien demandé de semblable pour le pape ». En outre, la direction des diocèses exige « une énergie, également physique, une disponibilité totale et incessante à tout l'imprévu, qu'il est difficile de conserver après un certain âge ». Mais, pour le pape, « l'âge ne pose pas le même problème pratique que pour les évêques ». Quant aux cardinaux, s'ils ne peuvent plus voter au conclave quand ils ont atteint 80 ans, ils ne sont pas inéligibles pour autant.

Le père Virgilio Levi conclut que le pape « n'a pas de motif de démissionner, sinon pour cause d'incapacité physique ou mentale. Or, jusqu'à maintenant, la Providence a voulu que cela n'arrive qu'avec la mort ».

Tout, donc, est clair ou devrait l'être. Cependant, dans divers cercles romains, on regrette cette décision et on laisse entendre qu'il règne au Vatican une atmosphère de fin de règne. Il est vrai que l'activité réformatrice et organisatrice de l'après-concile est bien terminée, même si le pape continue de recevoir de nombreux visiteurs et d'évoquer l'actualité du monde et de l'Église dans de multiples discours.

Il a fait, au cours du consistoire du 27 juin 1977, cinq nouveaux cardinaux : deux Italiens, Giovanni Benelli et Luigi Ciappi ; un Africain, Bernardin Gantin, ancien archevêque de Cotonou ; un Allemand, Joseph Ratzinger ; et enfin un Tchèque, Frantisek Tomasek, qui avait été nommé in petto au consistoire du 24 mai 1976. Un nom a surtout retenu l'attention dans ce groupe, celui de Mgr Benelli, nommé à Florence après avoir été le bras droit du pape pendant des années. N'est-ce pas son successeur, se demande-t-on, que le pape a voulu désigner ainsi ?

Synode

Le 30 septembre s'ouvre à Rome la 4e Assemblée générale du synode des évêques sur le thème : la catéchèse en notre temps, particulièrement celle des enfants et des jeunes. Quelque 200 évêques y participent et y parlent, avec une grande netteté de ton, de la situation de l'Église. Ils dressent un panorama des difficultés et des progrès de la catéchèse à travers le monde. Beaucoup d'entre eux disent leur espoir dans réclusion des petites communautés nouvelles. Ils insistent aussi sur la nécessité de tenir compte des mondes culturels très divers dans lesquels doit être annoncée la foi chrétienne. Mais un certain malaise est perceptible : il est provoqué par les méthodes de travail, qui ne permettent pas de débat en profondeur. En fin de compte, une sorte d'inventaire des questions posées est remis au pape, et les participants adoptent un Message au monde dont on note l'esprit d'ouverture. Ils élisent aussi 12 membres du conseil du synode : trois Africains, trois Asiatiques, trois Américains et trois Européens. C'est le cardinal Cordeiro, archevêque de Karachi au Pakistan, qui obtient le plus de voix (122).

Mgr Roger Etchegaray, archevêque de Marseille et président de l'épiscopat français, a été élu à ce conseil. Mais on a noté que, contre toute attente, il n'avait pas été fait cardinal au consistoire de juin. Faut-il y voir un signe, non de défiance à l'égard de sa personne, mais d'une réserve provoquée par la situation de l'Église en France ? Cette hypothèse est souvent avancée.

Semonce

En tout cas, le pape dresse de cette situation un tableau assez sombre, en recevant, le 5 décembre 1977, les évêques de l'est de la France. Tous les évêques français, région apostolique par région apostolique, sont venus à Rome entre le 26 mars et le 5 décembre, en visite ad limina. Ceux de l'Est sont les derniers et, à l'occasion de leur venue, le pape prononce une allocution résumant les impressions que lui ont laissées les visites précédentes.