À première vue, les solutions sont nombreuses. Le but de l'INFCE, qui déposera ses conclusions au bout de deux années d'études, est de les passer en revue, et éventuellement de les classer par préférence.

Si l'on excepte l'idée d'abandonner purement et simplement le nucléaire, une des solutions les plus simples est de ne pas retraiter les combustibles irradiés, ce qui exclut les possibilités de récupération du plutonium militaire. C'est d'ailleurs la solution temporairement choisie par le gouvernement américain, bien qu'elle semble non économique. C'est aussi ce que font les Canadiens, mais avec un type de réacteur mieux adapté parce qu'utilisant mieux l'uranium naturel, le réacteur à eau lourde ; d'où, d'ailleurs, un certain regain d'intérêt dans le monde pour ce type de réacteur.

On pourrait aussi retraiter les combustibles irradiés en séparant les produits de fission du mélange uranium + plutonium sans jamais séparer ceux-ci (procédé dit « de co-traitement »). Une autre idée est d'utiliser de l'uranium dénaturé, mélange d'isotopes de l'uranium, dont l'uranium 233 fissile, en proportion non utilisable militairement ; la séparation isotopique des isotopes de l'uranium nécessite des installations importantes – donc éventuellement facilement repérables –, et elle est beaucoup plus difficile que la séparation chimique de l'uranium et du plutonium, éléments chimiques différents.

Enrichissement

Dans le même temps, on s'efforce de mettre au point des méthodes d'enrichissement non proliférantes. Aux méthodes usuelles – et industrialisées – de la diffusion gazeuse et de l'ultracentrifugation s'ajoutent la méthode par laser (excitation sélective des isotopes de l'uranium favorisant leur séparation) et la nouvelle méthode, développée par la France, d'enrichissement par échanges chimiques (projet d'une usine pilote de 50 à 100 000 unités de travail de séparation ou UTS par an). Dans l'attente de la solution – si elle existe –, les États-Unis, et de nombreux pays qui en dépendent, ont arrêté ou ralenti leurs projets d'usines de retraitement (la France, au contraire, ayant maintenu son programme). Il est encore trop tôt pour savoir si ces études sortiront un nucléaire classique, éventuellement quelque peu modifié quant aux contrôles de précautions, ou un nouveau nucléaire basé sur des réacteurs et des cycles combustibles différents du couple généralement envisagé (réacteurs à eau légère aujourd'hui, réacteurs rapides au plutonium demain).

Nouvel âge pour le charbon

Face au pétrole, dont les approvisionnements coûteux restent soumis aux aléas politiques et dont les réserves ultimes estimées par les experts (de l'ordre de 260 à 300 GT [gigatonnes, ou milliards de tonnes], y compris les 90 GT de réserves aujourd'hui prouvées) laissent prévoir un plafonnement de la production d'ici la fin du siècle, le charbon peut s'appuyer sur des réserves prouvées et des ressources estimées considérables, et en accroissement constant : 640 milliards de tonnes en 1977 pour les réserves (164 milliards de tonnes de plus qu'en 1974) et plus de 10 000 milliards pour les ressources totales (1 500 milliards de tonnes de plus qu'en 1974) d'après les estimations les plus récentes de la Conférence mondiale de l'énergie (réunie en sa Xe session à Istanbul le 19 septembre 1977). Ces ressources totales correspondent à près de 4 000 ans de la consommation globale actuelle.

Exploitation

Trois géants (URSS, États-Unis, Chine) détiennent la part du lion (87,6 %) de cette immense richesse, suivis par le Royaume-Uni, l'Australie, l'Afrique du Sud, la RFA, le Canada, etc., et par une trentaine de pays dont les ressources sont supérieures à un milliard de tonnes. Il y a encore beaucoup de charbon à découvrir, y compris dans des pays en développement jusque-là peu ou pas explorés. La prospection est aujourd'hui facilitée par de nouvelles techniques, souvent adaptées de l'industrie pétrolière, telles les méthodes sismiques.

D'après l'enquête effectuée pour la Conférence mondiale de l'énergie, la production charbonnière mondiale pourrait plus que tripler d'ici 2020, c'est-à-dire passer de 2,6 milliards de tonnes à quelque 8,7 milliards. Face aux techniques classiques de production en pleine maturité (mécanisation et automatisation), on voit se développer de nouveaux procédés (abattage hydraulique par exemple) et surtout les nouveaux modes d'exploitation à ciel ouvert, mines gigantesques (Allemagne, Ouest américain, Sibérie) capables d'extraire des dizaines de millions de tonnes de charbon par an.