Pendant la plongée à 501 m, le syndrome nerveux des hautes pressions a été plus marqué, notamment les tremblements. Pourtant, la descente a été faite avec précaution : 90 minutes pour passer de 44 à 51 atmosphères ; 90 minutes de séjour à 51 atmosphères, pendant lesquelles chacun des deux plongeurs, Jacques Verpeaux puis Gérard Vial, est sorti dans l'eau pendant 10 minutes.

La décompression finale a été, elle aussi, très prudente : séjour de plus de 24 heures sous 44 atmosphères après la dernière descente à 460 m, puis décompression en 7 jours 10 heures et 8 minutes.

Coopération

Janus IV a fourni l'occasion de la première coopération entre civils et militaires : le Centre national pour l'exploitation des océans (Cnexo) et la Comex ont contribué à l'expérience chacun pour 1 625 000 F ; la participation du Gismer a été de 950 000 F ; Elf-Aquitaine a prêté gratuitement le Pétrel dont le coût journalier est de 325 000 F. Elf-Aquitaine n'est d'ailleurs que locataire du Pétrel, qui appartient à la société belge Offshore-Europe. La coopération née pour Janus IV continue : la Marine nationale et la Comex sont copropriétaires des tables de plongée établies pendant l'expérience, et la Comex versera au Cnexo des royalties pour les plongées faites selon ces tables.

Offshore

Avec Janus IV, une nouvelle tranche d'offshore s'est ouverte. Pour le moment, certes, on exploite le pétrole offshore par des profondeurs qui n'excèdent guère 180 m. Mais on explore déjà par plus de 1 000 m d'eau, et un certain nombre d'opérations (la connexion des pipe-lines entre autres) ont encore besoin de l'intervention humaine. Il est donc important d'être dès maintenant prêt à exploiter le rebord du plateau continental.

Janus IV a-t-il permis d'atteindre les limites de la plongée humaine ? Il ne le semble pas, puisqu'en juin 1974 des plongeurs de la Comex avaient atteint, en caisson, la profondeur fictive de 610 m (62 atmosphères) et y étaient restés pendant 50 heures. En fait, personne ne peut préciser actuellement où se situe la limite. L'avenir, seul, le dira.

La conférence sur le droit de la mer

La troisième conférence des Nations unies sur le droit de la mer s'est ouverte à Genève, le 28 mars 1978. Après plusieurs heures de discussions, les 110 pays présents à la dernière séance décidèrent, par vote, le 19 mai, de suspendre la session et de se retrouver à New York du 21 août au 15 septembre 1978.

La conférence avait mal commencé ; il a fallu plus d'une semaine pour décider du choix d'un président. Shirley Amerasinghe, représentant du Sri Lanka, qui assurait cette présidence depuis les débuts, a été mis à la retraite par son gouvernement, et certains pays, en particulier ceux d'Amérique du Sud, ne voulaient pas d'un président ne représentant aucun pays. Finalement, Shirley Amerasinghe est maintenu, à titre personnel, à la présidence de la conférence.

Quelques progrès ont été faits à Genève, bien qu'aucun nouveau texte de négociations composite officieux (TNCO) n'ait remplacé celui qui avait été publié à New York le 19 juillet 1977. Mais les travaux de Genève ont conduit à la rédaction de rapports qui pourront servir de base aux discussions ultérieures.

Riverains

Des progrès sensibles ont été réalisés dans plusieurs domaines et en particulier dans l'exploitation des richesses des grands fonds marins (essentiellement les nodules polymétalliques), mais le désaccord subsiste sur la limite extérieure du plateau continental lorsque celui-ci dépasse les 200 milles nautiques (370,4 km) généralement acceptés pour définir les zones économiques exclusives.

Le rapport du président Yanko sur les droits des États riverains à limiter les risques de pollution par les navires est assez satisfaisant pour la France. Le droit d'intervention serait sensiblement accru, et l'État côtier pourrait « faire appliquer » les mesures propres à prévenir ces risques même en haute mer. Les pays côtiers qui ont passé un accord avec d'autres États côtiers auraient le droit de vérifier que la conception, la construction, l'équipage et l'équipement des navires ayant pour destination leurs ports ou leurs eaux intérieures sont conformes à leur propre réglementation. Ce rapport a soulevé les objections de certains pays en voie de développement, qui craignent d'y voir des mesures discriminatoires.

Les ressources de l'Antarctique

La neuvième réunion consultative du traité de l'Antarctique s'est tenue à Londres du 19 septembre au 7 octobre 1978. Signé en 1959 et en vigueur depuis 1961, le traité a doté toute la région située au sud du 60e parallèle sud d'un statut unique en son genre : l'ensemble de la zone (continent et océan antarctiques) est démilitarisé ; le stockage des matières nucléaires (déchets, entre autres) est interdit ; les revendications territoriales de l'Argentine, de l'Australie, du Chili, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Norvège et de la Nouvelle-Zélande sont « gelées » sans être ni déniées ni reconnues ; la faune et la flore sont protégées ; la recherche scientifique est libre et se fait souvent dans le cadre de programmes internationaux particulièrement fructueux.

Treize

Les réunions consultatives du traité se tiennent régulièrement tous les deux ans. La neuvième réunion a été marquée par deux innovations. Pour la première fois, les pays participants ont été treize ; la Pologne a, en effet, été admise à rejoindre les douze États fondateurs (Afrique du Sud, Argentine, Australie, Belgique, Chili, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon, Norvège, Nouvelle-Zélande, URSS). Pour la première fois également, le problème de l'exploitation des ressources antarctiques a été abordé, bien qu'il ne figure pas dans les textes du traité.

Ressources

On connaît encore très mal les possibilités d'exploitation de l'Antarctique. On sait que l'Océan est très riche en ressources vivantes sans qu'elles aient pu être exactement chiffrées. En revanche, on ignore à peu près tout des ressources minérales éventuelles ; seuls ont été repérés, jusqu'à présent, quelques indices (non pas des gisements) d'hydrocarbures, dans les bassins sédimentaires de l'océan Antarctique, et de minéraux (fer et charbon, par exemple), dans les rarissimes endroits du continent qui ne sont pas recouverts par la calotte glaciaire.