À 15 h 45, Enterprise est lâché par le Boeing à 6 700 m d'altitude. Après vingt minutes de descente en vol plané, il atterrit, sous les regards de 200 000 curieux et 550 journalistes massés autour de la base Edwards (Californie). D'autres vols planés ont lieu les 13 et 23 septembre, les 12 et 26 octobre. Les résultats autorisent les responsables du programme à supprimer le 6e essai prévu. Alors s'ouvre une longue phase du programme, au cours de laquelle l'appareil subira certaines modifications et nombre d'essais statiques (vibrations, etc.).

8 079 candidats astronautes

Naguère la Nasa ne savait que faire de ses astronautes ; faute de programmes de vols habités, ses hommes désertaient. Des 73 astronautes recrutés et entraînés, il n'en reste que 27 en service, dont 11 n'ont jamais pris le chemin de l'espace. Et voilà que la Nasa embauche, pour son projet de navette spatiale, une vingtaine de pilotes et autant de spécialistes des différentes missions. Le nombre des candidats est impressionnant : 8 079, dont plus d'un millier de femmes. Sur ce total, 208 ont été retenus, dont 21 femmes. La Cité des étoiles, centre d'entraînement des cosmonautes soviétiques, s'est ouverte à des étrangers : deux Tchèques seraient déjà prêts à participer à des missions ; des Polonais et des ressortissants d'autres démocraties populaires seraient aussi sur les rangs. De son côté, l'Agence spatiale européenne a recruté ses propres astronautes qui doivent participer, avec leurs collègues américains, à partir de 1980, aux vols du Spacelab satellisé par la navette spatiale de la Nasa. Onze pays membres et le Conseil de l'ASE ont proposé 53 candidats préalablement choisis dans la foule des postulants. Le choix du titulaire et des remplaçants pour le premier vol s'est porté sur le Suisse Claude Nicollier, le Néerlandais Wubbo Ockels, l'Italien Franco Malerba et l'Allemand Ulf Merbold.

France : une certaine stabilité

Pas de grands bouleversements en France : le budget du CNES pour 1978 est majoré de 10 %, ce qui, tout au plus, compense l'inflation. La politique spatiale française demeure résolument européenne, comme le montre la ventilation de ce budget :
programmes européens : 63,8 %
programmes bilatéraux : 4,7 %
programmes nationaux : 2,4 %
fonctionnement, support des programmes : 26,8 %
divers : 2,3 %

Les programmes les plus importants sont : la réalisation du lanceur européen Ariane, le Spacelab (lui aussi européen, mais faisant partie du programme de la navette spatiale américaine), le programme des futurs satellites de télécommunications opérationnels de l'Europe, le projet du premier satellite technologique européen à lancer par Ariane. Dans le domaine purement national, une nouveauté de taille : l'engagement d'un programme de satellites d'observation SPOT (satellite probatoire d'observation de la Terre), projet qui avait été refusé par l'ASE.

Ariane

La construction d'Ariane progresse : on ne compte plus les allumages, au banc d'essai, des moteurs à kérosène et de ceux à hydrogène liquide (3 étage). Le groupe formé par les 4 moteurs du premier étage a subi une dizaine d'essais. Puis, l'étage complet a été essayé à partir du 1er décembre. La poussée développée, 240 t, est la plus grande jamais atteinte hors des États-Unis et de l'URSS. Le 10 janvier 1978, c'est l'essai du troisième étage, le plus délicat, puisqu'il consomme le propergol hydrogène-oxygène liquides. Le deuxième étage, construit par l'Allemagne fédérale, est, à son tour, essayé outre-Rhin le 31 janvier. Le premier tir d'une fusée Ariane devrait avoir lieu en juin 1979, au Centre spatial guyanais de Kourou.

L'infrastructure spatiale continue de s'améliorer. Tandis que s'achèvent les travaux au cosmodrome de Kourou, on construit dans l'Aube, à vingt kilomètres de Troyes, le nouveau centre de télécommunications de Bercenay-en-Othe. La capacité de Pleumeur-Bodou se trouve plus que doublée. Ces installations nouvelles sont surtout destinées à assurer le trafic des P et T via satellite Intelsat. Mais Bercenay-en-Othe dispose déjà d'une antenne spécialement prévue pour les liaisons avec les satellites européens. Le centre est exploité conjointement par les P et T et par le CNET.

L'Europe : retour à l'ornière

Après des crises interminables, émaillées de transactions et de rebondissements, l'Europe avait mis sur pied une Agence spatiale et établi un premier programme.