Le 3 mars, d'autres visiteurs arrivent à bord de Soyouz 28 : le Soviétique Alexei Goubariev et le Tchèque Vladimir Remek. De nouveau, la station sera au grand complet jusqu'au 10 mars, où ce Soyouz regagne le sol. Finalement, cette magistrale série d'expériences s'achèvera le 16 mars avec le retour au sol de Gretchko et Romanenko, dont la mission, qui bat tous les records, aura duré 96 jours 10 heures. Compte tenu de sa mission Soyouz 17, Gretchko est l'homme qui a le plus longtemps séjourné dans l'espace : 125 jours.

Collaboration

L'URSS poursuit ses autres programmes en lançant une centaine de satellites (qui sont loin d'être tous militaires). Outre les habituelles salves de Cosmos (le millième de la série a été satellisé le 31 mars 1978), ont été mis en orbite des Meteor (météorologiques), des Molniya et Statsionar (télécommunications), des engins scientifiques.

En marge de ses propres activités, la recherche spatiale soviétique exécute nombre de programmes en collaboration avec d'autres pays. Un satellite de 4 tonnes, lancé le 3 août 1977, effectue de nombreuses expériences biologiques préparées par neuf pays différents : URSS, États-Unis, France (5 expériences) et les cinq démocraties populaires de l'Europe de l'Est.

Au sujet de la collaboration franco-soviétique, il convient de mentionner aussi l'expérience Cytos (Cellule), réalisée à bord de Saliout 6. Des incubateurs permettent d'étudier, au sol et dans l'espace, la division de cellules (paramécies) dans des conditions rigoureusement identiques, dont une fois sous pesanteur, ce qui peut aider à mieux comprendre certains mécanismes de cette division. À la grande surprise des biologistes, la division cellulaire a été de 80 % supérieure dans l'espace. Il reste à déterminer si cette activité est due à l'absence de pesanteur ou bien aux radiations, plus intenses hors de l'atmosphère.

Quatre autres expériences françaises se sont déroulées, utilisant le satellite Prognoz 6, lancé le 22 septembre 1977 et dont l'apogée se situe à 197 000 km. Elles ont pour objets : les rayons gamma d'origine solaire et cosmique, les flux d'électrons et de protons solaires, le rayonnement ultraviolet de la Galaxie, la distribution de l'hydrogène et de l'hélium dans l'espace interplanétaire. En outre, trois expériences biologiques françaises ont lieu à bord de Cosmos 936, lancé le 3 août 1977 et récupéré dix-neuf jours après. Enfin, les Soviétiques lancent le 17 juin 1977 un satellite français. Signe 3, qui étudie le rayonnement solaire dans l'ultraviolet, les rayons gamma cosmiques et les effets de l'activité solaire sur l'atmosphère terrestre.

La Commission pour la collaboration spatiale franco-soviétique s'est réunie à Marseille du 10 au 16 octobre 1977 et a arrêté un vaste programme d'expériences communes. En particulier, la science française participera à l'étude de l'atmosphère de Vénus lors des prochaines missions des sondes Venera.

Stop aux essais atomiques

Un satellite d'observation soviétique surprend les préparatifs faits en Afrique du Sud en vue d'essayer une charge atomique sur une tour. Les Américains sont mis au courant de la découverte, et, aussitôt, une forte pression diplomatique est exercée en août 1977 sur le gouvernement sud-africain, qui est contraint de renoncer à cette expérience indispensable pour la mise au point de sa bombe atomique.

Les États-Unis : jalons pour l'avenir

Quelques chiffres illustrent l'étonnant rythme de croisière dans lequel s'est installée la recherche spatiale américaine. En 1976, les États-Unis avaient effectué 27 lancements (satellites militaires compris) contre 99 tirs pour l'Union soviétique ; en 1977, ces totaux ont été respectivement de 23 (dont 13 par la Nasa) et 98. Encore faut-il savoir que 12 des 13 engins lancés par la Nasa ne lui appartenaient pas : ils étaient satellisés après vente du lanceur et paiement des frais. Pour 1978, la Nasa a programmé 25 lancements, dont 10 d'engins lui appartenant.

Tout se sait

Une fois de plus, des Américains imprudents se sont embarqués dans un ballon libre avec l'espoir de gagner l'Europe, profitant de vents favorables. En détresse, leurs appels lancés en plein océan sont trop faibles pour être reçus des côtes américaines. Un satellite vient à passer, qui n'a rien à voir avec l'aérostation ni avec le sauvetage en mer, mais qui enregistre les appels. Les spécialistes chargés de recueillir les confidences de l'engin reçoivent le message : les imprudents seront sauvés. Morale de l'histoire : on ne peut plus parler en plein océan sans être entendu...

Échecs

Série noire pour les Américains en 1977 : parmi les 16 tirs de fusées auxquels a procédé la Nasa, trois se sont soldés par des échecs, en détruisant, surtout, des satellites européens. Déjà, le 20 avril, une défaillance du lanceur Thor-Delta avait empêché la mise sur une orbite géostationnaire du coûteux satellite Geos, de l'ASE. Le 18 mai, un autre Thor-Delta est gravement endommagé sur son aire de lancement ; un autre satellite de la même agence, baptisé OTS 1, ne sera pas mis en orbite. Le 13 septembre, deuxième tentative de satellisation de cet engin : le Thor-Delta explose 55 secondes après le départ. Le 29 du même mois, un Atlas-Centaur, porteur d'un satellite de télécommunications Intelsat, explose moins d'une minute après son décollage : la fusée avait coûté 125 millions de francs ; le satellite, 116. Enfin, le 15 décembre, un incendie éclate près d'un lanceur Atlas, dans le cosmodrome militaire de Vandenberg (Californie) utilisé aussi par la Nasa. Le colonel Turner, qui commande la base, ainsi que deux pompiers sont tués.