Autre tempête au cours de l'année radiophonique, celle de France-Musique.

Louis Dandrel, en septembre 1977, rédacteur en chef de France-Musique depuis deux ans et promoteur d'une réforme des programmes musicaux parfois contestée, se voit contraint de donner sa démission. Un différend l'oppose, dit-on, depuis plusieurs mois (Journal de l'année 1976-77), au Directeur de la musique de Radio-France, celui-là même qui l'avait nommé, Pierre Vozlinsky. Avec Louis Dandrel, France-Musique s'était refait une façade : Musique pour tous, Musique à découvrir, Musique à discuter, bousculant les programmes habituellement composés de Musiques à entendre qui tenaient lieu, antérieurement, de passe-temps, voire d'une véritable passion, aux habitués de la station.

Avec Dandrel, bon nombre de producteurs délégués de France-Musique démissionnent. Finalement, Pierre Vozlinsky reprend lui-même le contrôle de la station.

Radios régionales

Peu de changements au chapitre des radios à vocation régionale. RMC, avec l'accroissement de son auditoire, renforce quelque peu son image de radio nationale. Sud-Radio reste ancrée sur des bases locales, ce qui se manifeste nettement dans ses programmes et opérations.

Les stations régionales de FR3, enfants du monopole, jouent la carte de l'été, avec diverses opérations pendant la période des vacances, époque où l'auditoire est plus important en province. Un nouveau-né dans ce secteur : Radio-Normandie, 17e programme de FR3 radio, inauguré en janvier 1978 à Caen.

Monopole

La mise en cause du monopole de l'État sur les ondes est sans doute l'événement le plus important.

Il faut remonter aux événements de mai 68, et à l'occupation de Radio-Sorbonne par les étudiants retranchés dans l'enceinte de l'Université, pour trouver la première tentation d'une radio libre.

L'idée est reprise par les mouvements écologistes avec la Radio verte de Brice Lalonde. Assez vite, les exemples se multiplient, et l'affaire prend une dimension juridique avec l'expérience de Radio Fil bleu, à Montpellier, en juillet 1977. Promoteurs : trois avocats du barreau de Marseille, décidés à contester la loi du monopole. La loi de 1972, refondue en 1974, prévoit des dérogations dont les décrets d'application n'ont toujours pas été promulgués.

Le 12 juillet 1977, le matériel de Radio Fil bleu est saisi, sur plainte de Télédiffusion-France. Le 1er décembre, devant les tribunaux, l'affaire se conclut par un non-lieu, la levée des saisies est ordonnée. Le juge argue de la Convention européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales, convention ratifiée par la France et qui stipule que « toute personne a droit à la liberté d'opinion et à la liberté de recevoir ou de communiquer des informations... » C'est la notion même de monopole qui est en cause.

Au début de l'année 1978, on compte une trentaine de radios dites « libres », qui tentent de s'organiser. Radios politiques, comme Radio Fessenheim, radios apolitiques comme Abbesses-Echos, pop Radio Star... On joue à cache-cache avec Télédiffusion-France, qui brouille systématiquement tout ce qui émet entre 88 et 108 mégahertz, en modulation de fréquence.

Les états-majors politiques prennent position, tous inquiets du développement d'une guérilla des ondes anarchique, dont, si l'on en croit l'exemple italien, les premiers profiteurs seraient sans doute les publicitaires. L'Assemblée nationale vote, le 7 juin, un additif à la loi du 7 août 1974. Il comble un vide juridique qui favorisait les atteintes au monopole. Le Sénat propose en outre que les infractions au monopole commises avant le 27 juin soient amnistiées.

Avec les propositions de Joël Le Tac, rapporteur de la Commission des finances pour la radio et la télévision, on commence à envisager sérieusement une redistribution des moyens centralisés par Radio-France et FR3, pour une véritable promotion des radios locales. Mais rien, au début de l'été 1978, n'indique vraiment la voie sur laquelle on va s'engager.