Si l'on répartissait égalitairement la commande publique, chacun des 10 000 architectes pourrait espérer une dizaine d'HLM par an et 5 000 mètres carrés de bâtiments publics tous les vingt ans. En fait, ce sont toujours les mêmes, qu'ils soient inscrits sur des listes ou introduits dans les services administratifs, qui décrochent les commandes. La mission devra aider à la création de secteurs pilotes dans lesquels les normes seront assouplies et les dépassements de crédits autorisés. Elle contribuera à la formation des maîtres d'ouvrage, dont le rôle est très important puisque ce sont eux qui définissent le programme.

Par ailleurs, un projet qui tient à cœur au chef de l'État devrait se concrétiser en 1979 : un centre d'étude et de création architecturale pourrait être envisagé pour améliorer la formation de certains architectes et leur offrir, grâce à des bourses, une sorte d'année sabbatique leur permettant, par exemple, de mener certaines recherches, nourrir leur culture de contacts avec les professionnels étrangers. Une sorte d'école de guerre pour des praticiens expérimentés afin de faire lever cette élite que le chef de l'État rêve de voir signer le nouveau style français en architecture.

Usagers

Parallèlement à ces initiatives, les conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement (CAUE), créés par la loi du 3 janvier 1977, se mettent en place. Un décret du 9 février approuve les statuts types de ces organismes départementaux qui devront obligatoirement être consultés, à partir de janvier 1979, par ceux qui veulent construire leur maison sans architecte.

Composés d'architectes qui conseillent gratuitement le public, les CAUE seront chapeautés par un conseil d'administration composé des fonctionnaires concernés (Équipement, Culture, Agriculture, Éducation), de représentants des professionnels, des usagers et d'élus locaux. Des crédits ont été réservés pour la mise en place de ces institutions originales en marge de l'administration autoritaire, mais ils ne suffiront pas à financer tous les conseils dès 1978.

L'installation des CAUE et la définition de leur mission sont d'ailleurs l'occasion d'une petite guerre entre deux administrations parfois rivales, l'Équipement et la Culture. Les responsables de l'Équipement, qui instruisent la procédure déjà compliquée pour l'usager du permis de construire, veulent éviter la création d'un rouage supplémentaire qui serait ressenti comme une brimade. Les fonctionnaires de la Culture, soucieux de faire appliquer la loi qu'ils ont conçue dans ses conséquences les plus originales, défendent âprement leur enfant. Tout en laissant l'usager libre de suivre les conseils qui lui sont prodigués, la loi a prévu que celui-ci serait tenu de consulter le CAUE. Certains s'efforcent de supprimer cette obligation. Y parviendront-ils ?

Au-delà de ces querelles administratives, la partie se joue en réalité sur le terrain. Déjà en place sous des formes diverses, les conseils d'architecture, parfois appelés assistance architecturale, ont déjà beaucoup travaillé. Pour améliorer l'allure des maisonnettes de catalogue, faire la guerre au fer forgé et aux « chiens assis », inciter les constructeurs à la modestie et à l'harmonie avec le paysage, tout en recherchant les principes des styles régionaux traduits dans un langage moderne.

Structures

À l'occasion du changement de gouvernement, après les élections législatives, un grand ministère de l'Environnement et du Cadre de vie est créé. Il groupe une partie de l'ancien ministère de l'Équipement (construction, urbanisme et bâtiment), tous les services de l'Environnement (protection de la nature, prévention des pollutions, qualité de la vie) et la Direction de l'architecture.

Cette innovation administrative va dans le sens souhaité par le président de la République : faire naître un nouvel état d'esprit dans l'administration qui a en charge l'environnement et l'aménagement. Cette nouvelle organisation, qui entraîne des regroupements entre services dans l'administration centrale et dans les départements, est censée aplanir les conflits qui ont pu exister entre les différents ministères.