La conférence de Belgrade devait non seulement faire le premier bilan des accords signés à Helsinki le 1er août 1975 (Journal de l'année 1975-76), mais encore promouvoir de façon concrète la défense des libertés humaines.

Dans le communiqué de trois pages, qualifié de déclaration finale, on ne trouve nulle trace du problème du respect des droits de l'homme, dûment mentionné pourtant dans l'Acte final d'Helsinki. La raison en est simple : pour les Soviétiques, traiter ce sujet serait une ingérence inadmissible dans les affaires intérieures des pays. Cette attitude a mis les Occidentaux au pied du mur. Ou cette déclaration finale n'évoquait en rien la question des droits de l'homme, et les Soviétiques la signaient, ou, dans le cas contraire, ils claquaient la porte purement et simplement.

Semi-échec

Personne ne souhaitait la rupture. Pour les Américains comme pour les Européens de l'Ouest, mieux valait un compromis. Pourtant, tout au long des 70 séances plénières, des 300 séances de travail, des centaines de rencontres informelles, les droits de l'homme ont été au centre des débats.

Dès les premières séances, le 13 octobre, et en dépit de l'intervention du délégué soviétique, Youli Vorontsov, mettant en garde les participants contre « la transformation de cette assemblée en un forum de guerre psychologique », le délégué américain, Arthur Goldberg, dénonce les obstacles à la libre circulation entre l'Est et l'Ouest.

Le délégué français, Francis Beauchataud, quelques jours plus tard, fait à son tour état de nombreux cas de violation des droits de l'homme en Europe de l'Est, notamment en URSS et en Tchécoslovaquie.

De nouvelles polémiques ont lieu le 27 janvier après le dépôt par les Soviétiques d'un projet de document de clôture. Pour l'Américain A. Goldberg, ce texte, qui ne tient aucun compte des droits de l'homme, est « totalement inacceptable ». Violente réaction des Soviétiques, dont le délégué parle de « propagande démagogique » et accuse les Américains « d'aller tout droit, par leur fanatisme, à la guerre froide ».

En fait, la fameuse déclaration finale reconnaît pudiquement le semi-échec de la conférence de Belgrade ; on y lit notamment qu'« un consensus n'a pas pu être obtenu sur diverses propositions ».