De son côté, la droite relève la tête, organisant des manifestations et provoquant des affrontements : 1 militant d'extrême gauche tué et 5 blessés, le 10 juin, à Lisbonne. À tout hasard, le gouvernement présente des projets de lois destinés à « renforcer l'autorité de l'État » et singulièrement ceux du président de la République. À tout hasard encore, le Parlement interdit, le 15 juin, tous les groupes fascistes. Mais le grand espoir qui anime le gouvernement de Lisbonne, c'est l'entrée du Portugal dans la CEE, susceptible, selon lui, de stabiliser la démocratie naissante et encore fragile. Depuis le mois de juin 1978, les ministres des Affaires étrangères des Neuf ont fait savoir qu'ils étaient prêts à ouvrir les négociations.

Roumanie

Bucarest. 21 450 000. 91. 1,1 %.
Économie. Production : G (74) 155 + I (75) 184. Énerg. (*75) : 3 803.
Transports. (*75) : 22 380 M pass./km, 64 803 Mt/km. (70) : 45 100.  : 994 000 tjb. (75) : 442 M pass./km.
Information. (74) : 20 quotidiens ; tirage global : 2 716 000. (74) : 3 066 000. (74) : 2 405 000. (74) : 217 600 fauteuils ; fréquentation : 182,4 M. (74) : 1 076 000.
Santé. (73) : 25 870. Mté inf. (75) : 35.
Éducation. (74). Prim. : 2 889 946. Sec. et techn. : 801 531. Sup. : 152 728.
Institutions. République socialiste, proclamée le 30 décembre 1947. Constitution de 1965. Président de la République, président du Conseil d'État et secrétaire général du Parti : Nicolae Ceaucescu, réélu pour cinq ans, le 17 mars 1975. Président du Conseil : Manea Manescu.

Ceaucescu s'affirme tiers mondiste

Une stricte orthodoxie marxiste-léniniste à l'intérieur et une indépendance de plus en plus marquée vis-à-vis de toute hégémonie extérieure, celle de Moscou notamment, sont les principales caractéristiques de la politique roumaine.

Au sommet du pouvoir, toujours omniprésent, le patron, Nicolas Ceaucescu. Son culte ne cesse de se développer, et la célébration de son soixantième anniversaire, le 26 janvier 1978, est l'occasion de cérémonies d'une ampleur sans précédent. Qualifié de « penseur et créateur de la Roumanie moderne », il cumule tous les pouvoirs de décision.

Contrôle

Le 7 décembre 1977, devant les 2 500 délégués de la Conférence nationale du parti, il expose ses objectifs politiques, économiques et diplomatiques. Sur le plan intérieur, c'est la réaffirmation du contrôle du parti et du renforcement de la « démocratie ouvrière ». Discipline est le maître mot. Depuis juillet, des conseils de direction ayant « toute la responsabilité pour le contenu politique, idéologique et la qualité des matériels publiés » supervisent les rédactions des journaux écrits, parlés et télévisés, les théâtres, les sociétés de production de films, les maisons d'édition d'un pays où pourtant la contestation n'est pas de mise. Depuis le départ en exil, en novembre, de l'écrivain Paul Goma (installé en France), la voix des dissidents s'est tue.

Deux seules notes discordantes : d'abord celle émise par la minorité hongroise de Transylvanie (1,7 million d'habitants) qui s'estime victime de discrimination, notamment en matière d'emplois et d'enseignement.

Lettres ouvertes et mémoires se succèdent pour dénoncer cet état de fait. En décembre, peu avant la Conférence nationale. Ludovic Takacs, professeur d'université, membre suppléant du Comité central, adresse un mémorandum à la direction du parti où il expose les principales raisons du mécontentement de la population de Transylvanie et propose les remèdes à apporter. Refusant de modifier sa politique, Bucarest trouve une parade et fait porter la responsabilité de cette agitation sur des éléments partisans de l'ancien régime hongrois.

Enfin, dans les mines de charbon de la vallée du Jiu, dans le sud-ouest du pays, plusieurs milliers de mineurs se mettent en grève et réclament une amélioration générale de leurs conditions de vie et de travail. Nicolas Ceaucescu se rend lui-même sur place et met fin au mouvement en donnant satisfaction aux travailleurs. Quatre mois plus tard, le 15 décembre, le ministre des Mines, Constantin Babalau, est évincé du gouvernement et remplacé par Virgil Trofin. Quant au numéro 1 roumain, il est fait « mineur d'honneur » du pays.