Le nouveau gouvernement prête enfin serment, le 19 décembre 1977 : Andreas Van Agt, leader des chrétiens-démocrates, est Premier ministre : Hans Wiegel, leader des libéraux, vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur.

Quelques remous agitent encore la scène politique néerlandaise ; à l'issue de son 26e congrès, le petit parti communiste (deux députés) accuse, le 22 janvier 1978, son ancien président et fondateur, Paul de Groot, resté fidèle à la ligne de Moscou, de sectarisme et d'opportunisme, et le soupçonne de préparer une scission.

Opposé à l'utilisation, par l'OTAN, de la bombe à neutrons, le ministre de la Défense chrétien-démocrate, Roelof Kruisinga, démissionne le 5 mars 1978.

Moluquois

L'enlèvement du président du patronat allemand, Hanns-Martin Schleyer, provoque quelques retombées aux Pays-Bas : trois membres du groupe Baader, Knut Folkert, Gert Schneider et Christoph-Michael Wackernagel, sont arrêtés.

Le terrorisme moluquois se manifeste une nouvelle fois : le 13 mars 1978, trois jeunes hommes entrent, mitraillette au poing, dans la préfecture de la province de Drenthe, à Assen, et prennent 72 personnes en otages. Cette fois, les opérations sont menées rondement : 28 heures après, les marines prennent le bâtiment d'assaut. Les trois terroristes sont blessés et deux otages sont tués.

Une autre affaire, mais purement crapuleuse celle-là, secoue aussi l'opinion à l'automne 1977 : l'enlèvement d'un riche homme d'affaires, Maurits Caransa, qui est relâché par ses ravisseurs après le versement d'une rançon de 10 millions de florins (20 millions de F).

Un long procès, qui a ranimé de douloureux souvenirs, est achevé : celui du collectionneur Pieter Menten, accusé d'avoir participé à l'exécution de plusieurs dizaines de juifs polonais pendant la dernière guerre. Menten, qui est âgé de 77 ans, est condamné le 14 décembre 1977 à 15 ans de prison.

Pologne

Varsovie. 34 360 000. 109. 1,1 %.
Économie. Production (75) : G 160 + I 165. Énerg. (*75) : 5 007.
Transports. (*75) : 42 918 M pass./km, 129 230 Mt/km. (*75) : 1 077 700 + 425 000.  : 3 263 000 tjb. (75) : 1 038 M pass./km.
Information. (74) : 44 quotidiens ; tirage global : 7 994 000. (74) : 7 988 000. (74) : 6 100 000. (74) : 547 700 fauteuils ; fréquentation : 142,8 M. (75) : 2 578 000.
Santé. (74) : 56 949. Mté inf. (75) : 25.
Éducation. Prim. (75) : *4 310 000. Sec. et techn. (75) : *1 440 000. Sup. (74) : 521 899.
Institution. État indépendant le 10 novembre 1918. République démocratique populaire en 1947. Nouvelle Constitution adoptée le 10 février 1976. Chef de l'État : Henrik Jablonski ; succède à Jozef Cyrankiewicz, démissionnaire, le 28 mars 1972. Président du Conseil : Piotr Jaroszewicz. Premier secrétaire du Parti : Edward Gierek.

Contre vents et marées
E. Gierek tient le cap

Éviter toute confrontation violente avec les dissidents, avec l'Église, avec la population sans s'écarter pour autant de la « voie polonaise vers le socialisme » ; entre les durs du régime qui tournent toujours leurs regards vers Moscou, les jeunes et les intellectuels qui veulent parler de plus en plus librement, le peuple qui aspire à des conditions de vie plus confortables, le cap est difficile à maintenir. Pourtant Edward Gierek y parvient. « Rien n'est impossible pour un mineur », dit-il, et, malgré remous et vagues qui continuent de secouer le vaisseau polonais, il le prouve.

Clémence

Face aux opposants d'abord. « Nous n'avons et ne voulons avoir aucun détenu politique », proclame-t-il. Le 23 juillet 1977, les neuf membres du KOR (Comité de défense des ouvriers victimes de la répression) parmi lesquels Jacek Kuron et Adam Michnik, détenus depuis la mort mystérieuse de Stanislas Pyjas, sont libérés (Journal de l'année 1976-77). Sont également relâchés les cinq derniers ouvriers d'Ursus et de Radom emprisonnés depuis les émeutes de juin 1976 et condamnés à des peines de trois à dix ans de détention.

Cette double mesure de clémence enlève sa raison d'être au Comité de défense, qui, le 29 juillet, exprime « sa profonde satisfaction » au sujet des mesures d'amnistie, mais sans désarmer pour autant. Le 3 octobre, il se transforme en Comité d'autodéfense sociale, avant de s'élargir en Mouvement démocratique. Aux 23 fondateurs — les mêmes que ceux du KOR — sont venus s'ajouter 87 autres dissidents. Ils demandent la liberté de pensée, de parole et de l'information, la liberté du travail. « II est indispensable, disent-ils, de tout faire pour que soient rendues impossibles la renaissance de la terreur anti-ouvrière et les tentatives d'étouffer l'opposition par l'oppression. »

Dissidence

L'action se mène désormais à visage découvert. On assiste notamment à l'ouverture d'une université volante. Un enseignement parallèle y est dispensé par des professeurs aussi bien catholiques que marxistes. Enseignants et enseignés se retrouvent au domicile des uns et des autres pour traiter de sujets passés d'ordinaire sous silence : les procès sous la période stalinienne ou l'histoire du parti communiste polonais, par exemple !