D'autant que le changement de gouvernement à Dublin coïncide avec la nomination, le 23 août, du nouveau primat d'Irlande, Mgr O Fiaich (successeur du cardinal Conway décédé en avril 1977). Érudit libéral, le nouveau primat est originaire d'Ulster, et particulièrement sensible aux aspects répressifs de la politique britannique dans la province.

L'un des premiers actes publics du nouveau prélat est, en novembre, l'interview qu'il donne au quotidien protestant modéré de Belfast, le Belfast Telegraph. Il s'y déclare favorable à une nouvelle Constitution de la République qui prévoit, notamment, la séparation de l'Église et de l'État. Une prise de position qui doit rassurer les loyalistes d'Irlande du Nord toujours inquiets de l'« influence de Rome » sur l'île.

O'Brien

En septembre 1977, un discours prononcé à Oxford par l'un des hommes politiques les plus connus mais aussi les plus contestés de la République, Conor Cruise O'Brien, avait rallumé les vieilles polémiques ; s'appuyant sur une enquête récente qui montre que 57 % seulement de la population de la République est favorable à la réunification de l'île et que la majorité (protestante) de l'Ulster y est violemment opposée, O'Brien déclare que la réunification de l'Irlande a plus de partisans en Grande-Bretagne ou à l'étranger que dans l'île même...

L'assassinat, le 5 octobre à Dublin, de Seamus Costello, chef du parti socialiste républicain irlandais, une petite faction d'obédience trotskiste, dissidente de l'IRA officielle, rappelle à ceux qui auraient risqué de l'oublier que les troubles continuent...

La guerre des prises de position sur l'avenir de l'île se poursuit : le 8 janvier 1978, au cours d'une interview télévisée, Jack Lynch parle des espoirs qu'il met en la réunification du pays. Ce n'est là rien de très nouveau dans la bouche du leader du Fianna Fail, mais, comme il s'est abstenu d'y faire allusion depuis la campagne électorale, cette intervention provoque de vives réactions, tant à Londres qu'à Belfast et, dans l'opposition, à Dublin. Une semaine plus tard, Mgr O Fiaich indique qu'une déclaration du gouvernement britannique annonçant son intention de principe de quitter l'Irlande du Nord lui paraît la seule voie vers la paix. À Belfast, le pasteur Paisle déclare que le nouveau primat d'Irlande vient de démasquer son véritable visage : celui d'« archevêque de CIRA ».

Contraception

Une nouvelle déclaration du clergé provoque, en avril, elle aussi, de vives réactions — mais en sens contraire. Alors que le ministre de la Santé envisage d'autoriser la vente des contraceptifs, l'épiscopat estime publiquement qu'il n'est pas dans les attributions de l'État de permettre cette vente. Fait mineur en apparence seulement, car l'obstruction maintenue dans la République contre la contraception est interprétée par le Nord comme l'un des signes les plus nets de l'« influence de Rome » sur le sud de l'île.

Cearbhall O Dalaigh, qui fut de décembre 1974 à octobre 1976 le cinquième président de la République d'Irlande, meurt à l'âge de 67 ans, le 21 mars 1978. Cet événement provoque de nouveaux commentaires sur sa démission du 22 octobre 1976 (Journal de l'année 1976-77).

Le fait le plus positif de cette année 1977 est cependant l'amélioration notable de la situation économique. Malgré un chômage qui reste le plus important de la Communauté européenne, le niveau de vie des Irlandais s'élève. L'OCDE prévoit, pour 1978, un taux de croissance de 6,75 % du PNB et une augmentation importante des exportations.

Islande

Reykjavik. 220 000. 2. 1,4 %.
Économie. PIB (75) : 5 665. Production (75) : G 131. Énerg. (*75) : 4 729. C. E. (75) : 25 %.
Transports. (*75) : 63 900 + 7 600.  : 162 000 tjb. (75) : 1 761 M pass./km.
Information. (74) : 5 quotidiens ; tirage global : 95 000. (74) : 64 000. (74) : *50 000. (74) : 9 400 fauteuils ; fréquentation : 2 M. (75) : 91 000.
Santé. (71) : 321. Mté inf. (75) : 11.
Éducation. (74). Prim. : 26 922. Sec. et techn. : 25 028. Sup. : 2 695.
Institutions. République indépendante le 27 juin 1944. Constitution de 1944. Président de la République : Kristjan Eldjarn, reconduit dans ses fonctions pour un troisième mandat, le 1er août 1976. Premier ministre : Geir Hallgrimsson.
Forte poussée de la gauche aux élections législatives du 25 juin 1978 ; les partis de gauche, le parti de l'alliance populaire (tendance communiste), le parti social démocrate et le parti libéral de gauche (bien que perdant ses deux sièges) gagnent globalement 18 % de voix, ce qui se traduit par un gain de 10 sièges. Le Premier ministre, Geir Hallgrimsson, leader du parti de l'indépendance (conservateur), est démissionnaire.

Italie

Rome. 56 190 000. 185. 0,4 %.
Économie. Une reprise a été enregistrée (traduite notamment par la croissance des productions d'électricité, d'acier, de voitures de tourisme), mais au prix d'un accroissement des importations qui entraîne une nouvelle détérioration de la balance commerciale, redevenue lourdement déficitaire. Cette relative expansion s'est déroulée sur fond de chômage et d'inflation (toujours élevés) mais surtout dans un climat particulièrement troublé ; données qui ne facilitent pas la régularité de la production.
PIB (74) : 2 704. Production : G (74) 115 + A (75) 127 + I (75) 108. Énerg. (*75) : 3 012. C. E. (74) : 20 %.
Population active (76) 18 930 000 dont A : 15,5 % ; I : 43,5 % ; D : 41 %. PIB par secteur (75) A : 85 % ; I : 41 % ; D : 50,5 %. Prix à la consommation (évolution 76) : + 22 %. Balance commerciale (76) exp. : 36,3 MM $, imp. : 43,4 MM $. Balance des paiements (75) : déficit de 0,6 MM $. Productions (76) : blé 9,5 Mt, vin 65 Mhl, pétrole brut importé 100,4 Mt, gaz naturel 14,8 Gm3, électricité 156 TWh, acier 32,5 Mt, automobiles 1,6 M d'unités, touristes (75) 13,2 M.
Transports. (*75) : 36 029 M pass./km, 14 545 Mt/km. (74) : 14 295 000 + 1 549 000.  : 11 078 000 tjb. (75) : 8 611 M pass./km.
Information. (74) : 79 quotidiens ; tirage global : *6 963 000. (74) : 12 641 000. (74) : 11 817 000. (74) fréquentation : 546,1 M. (75) 14 496 000.
Santé. (73) : 109 166. Mté inf (75) : 21.
Éducation. Prim. (73) : 4 968 900. Sec. et techn. (73) : 4 415 387. Sup. (74) : 929 300.
Institutions. République proclamée le 10 juin 1946. Constitution de 1947. Président de la République : Giovanni Leone, démissionnaire. Premier ministre : Guilio Andreotti.

L'avortement devient légal

Quatre ans après avoir reconnu le divorce, la législation italienne a admis l'interruption volontaire de grossesse. Le texte a été définitivement adopté par le Sénat en mai 1978. Communistes, socialistes, sociaux-démocrates, républicains et libéraux ont voté pour, la démocratie chrétienne, la droite et l'extrême droite contre. La loi s'appuie sur trois principes : c'est à la femme que revient la liberté de décision, l'avortement est gratuit, et il n'est plus passible de poursuites pénales. Désormais, une femme désirant interrompre sa grossesse devra prendre contact avec un médecin de son choix, un hôpital ou un bureau d'assistance. En présence de son époux, les représentants du corps médical étudieront avec elle les motifs de cette décision. Ils lui remettront ensuite un certificat. Une semaine plus tard, en présentant ce document, elle pourra se faire avorter gratuitement dans un centre hospitalier. La bataille de l'avortement avait provoqué indirectement les élections de juin 1976. La dissolution du Parlement avait été alors le seul moyen d'éviter un référendum, comme dans l'affaire du divorce. Cette fois, cette consultation nationale, voulue par le seul petit mais dynamique parti radical (4 députés, pas de sénateurs), n'a pu avoir lieu. Le parti radical ne voulait pas une simple réforme de la loi de 1930 qui fait de l'avortement un crime, mais son abrogation totale. Après le vote du Sénat, la réaction de l'Église a été immédiate. L'archevêque de Ravenne, Mgr Tonini a déclaré : « aucune loi ne peut transformer l'homicide en un droit ».

Face aux défis, un besoin d'unité

C'est l'année des défis ou des désarrois. Défi ou désarroi politique (les communistes soutiennent le gouvernement), défi ou désarroi social (les syndicats modifient leur stratégie), défi ou désarroi face à la montée du terrorisme. Défi ou désarroi enfin avec la démission, le 15 juin, du président de la République, Giovanni Leone. Cette démission a été obtenue sur la pression des communistes après une campagne de presse, conduite par L'Espresso, accusant le président, déjà impliqué dans le scandale Lockheed, de fraude fiscale et de spéculation immobilière. A. Fanfani assure l'intérim. Le collège électoral des 1 011 grands électeurs (députés, sénateurs et délégués régionaux) se réunit, le 29 juin à Montecitorio, la Chambre des députés. Trois tours de scrutin se déroulent le 29 et le 30 juin, sans résultats. C'est le début de « l'élection dans le brouillard », comme on dit à Rome.

Historique

Tout semble se cristalliser le jeudi 16 mars 1978, le jour le plus important pour l'Italie depuis la fin de la guerre. D'abord parce que, pour la première fois, les communistes vont participer activement à la majorité parlementaire et soutenir le gouvernement (le 37e depuis la guerre). La crise, cette fois, a duré 52 jours. Elle s'était ouverte fin janvier, lorsque les communistes avaient réclamé un gouvernement d'union nationale, considérant que la coalition de juillet 1976, fondée sur la non-défiance, avait fait son temps.