L'approbation du procès-verbal des négociations de Stuyvenberg donne lieu à quelques séances marathon. Les 15 se heurtent à de nouvelles difficultés, et notamment pour la part des crédits communautaires qu'il convient d'octroyer à la minorité flamande de Bruxelles. Il faut, pour les crédits aux écoles, éviter une révision du Pacte scolaire de 1958 que les libéraux ont signé, alors qu'ils n'ont pas été associés à l'accord communautaire. Le mercredi 22 février 1978, à 3 h du matin, L. Tindemans déclare : « J'ai le plaisir de vous annoncer que le cheval a sauté l'obstacle. »

Iceberg

Les aspects linguistiques sont la partie la plus visible de l'iceberg communautaire, dont l'immense bloc immergé est le problème de la différence de développement économique entre les deux grandes régions du pays.

Et ce gouvernement, qui a pour tâche de régionaliser la Belgique, décide l'extension immédiate du port de Zeebrugge, prévue seulement dans le plan quinquennal 1976-1980. Le coût des travaux est évalué à 41 milliards de F belges : construction d'un terminal destiné à recevoir le gaz naturel algérien, et de jetées ; aménagement du port intérieur.

Le ministre des Travaux publics et des Affaires wallonnes, Guy Mathot, s'empresse de rassurer les Wallons sur l'avenir du grand port d'Anvers et de sa région qui a reçu des garanties contre toute concurrence directe de Zeebrugge.

À la Wallonie, on promet l'aménagement de son infrastructure fluviale G. Mathot dit l'intention du gouvernement de promouvoir, entre autres, la maritimisation de la Wallonie par la modernisation du canal du Centre et du canal Albert ainsi que par le soutien de l'étiage des fleuves wallons.

Les déclarations du ministre socialiste wallon ne satisfont pas totalement le bureau du Conseil économique régional wallon, qui déclare dans une motion que « la tendance générale au déplacement vers les côtes (c'est-à-dire la Flandre) de nombreuses industries lourdes joue depuis longtemps au détriment de la Wallonie et en faveur de la région flamande ».

Le gouvernement souligne l'importance nationale de la construction d'un terminal gazier pour l'approvisionnement du pays en énergie. Et de grands projets industriels, notamment nucléaires, accompagnent le projet de Zeebrugge.

Les Wallons demandent que des crédits soient consacrés au redéploiement industriel de leur région. Aucun projet concret ne répond à leur attente. On reparle vaguement de l'installation possible d'un complexe pétrochimique dans la région liégeoise. Les Wallons sont inquiets. Le Sud voit se démanteler tout son secteur sidérurgique, qui fut autrefois, avec les charbonnages aujourd'hui fermés, l'orgueil de son équipement industriel.

Le rapport remis au gouvernement par la firme Mac Kinsey conclut à la nécessité d'une restructuration complète de la sidérurgie wallonne, avec, comme conséquence, la mise en chômage prévisible de plusieurs milliers de travailleurs. Cela à un moment où le chômage atteint le chiffre record de 300 000 sans-emploi.

Chômage

La lutte contre le chômage est l'une des principales préoccupations du gouvernement. Dans leur campagne électorale, les socialistes se sont assez imprudemment vantés de pouvoir créer 100 000 emplois nouveaux. Le ministre socialiste de l'Emploi et du Travail, Guy Spitaels, est chargé de traduire dans la pratique cette généreuse intention. Il met au point un ensemble de propositions, connues sous le nom de plan Spitaels, qui prévoit :
– la mise au travail des chômeurs par les pouvoirs publics ;
– les stages de jeunes dans les entreprises et la mise à la préretraite généralisée ;
– la préretraite spéciale pour chômeurs âgés et non-reclassables ;
– l'humanisation du travail dans certaines entreprises et la création d'un cadre spécial temporaire (CTS).

Ce cadre spécial temporaire fournit à l'État et à certaines associations de personnes les moyens en hommes pour réaliser des travaux d'utilité publique ou sociale ou d'intérêt culturel. Seuls, les chômeurs complets, indemnisés pour une durée maximale de 12 mois, peuvent y prétendre. Leurs rémunérations sont à la charge de l'Office national de l'emploi et du travail. Et les chômeurs disparaissent pour un temps des statistiques.