En revanche, la visite à Pékin, à la fin du mois de mai, de Zbigniew Brzezinski, conseiller présidentiel pour les affaires de sécurité, permet de constater une convergence de vues entre Américains et Chinois sur l'hégémonisme soviétique et les interventions de Moscou en Afrique.

Panamá

Après plus de treize ans de pourparlers, les États-Unis et Panamá aboutissent, le 10 août, à un accord sur la zone du canal, territoire s'étendant sur 1 432 km2. Cet accord prévoit entre autres que 65 % de la zone passeront sous contrôle panaméen dès son entrée en vigueur, que la totalité des bases américaines seront fermées d'ici à l'an 2000 et que les terrains qu'elles occupent seront transférés à la république de Panamá. Les États-Unis conserveront l'administration de la voie d'eau jusqu'en 1999 et garantiront sa sécurité ensuite.

Le premier des deux traités prévus est signé le 7 septembre à Washington, en présence d'une vingtaine de chefs d'État ou Premiers ministres latino-américains. Il est approuvé le 16 mars par le Sénat (68 voix contre 32). Le second traité est ratifié le 18 avril (68 voix contre 32). Certes, le président a été amené à faire des concessions importantes pour arracher les voix des sénateurs réticents et il a dû faire des promesses contradictoires aux parlementaires et aux dirigeants panaméens. Mais ce vote à la majorité des deux tiers est salué comme un succès à la Maison-Blanche, dans la mesure où, comme l'a souligné Zbigniew Brzezinski, conseiller présidentiel pour les affaires de sécurité, Jimmy Carter avait « pris un dossier difficile en main, s'était battu pendant un an et avait gagné ».

Voyages

En entreprenant, le 29 décembre, une tournée de neuf jours dans des pays « qui jouent un rôle d'importance dans les affaires mondiales », le président Carter fait savoir qu'il souhaite consacrer « l'apparition de nouveaux centres de pouvoir » et qu'à ses yeux « la primauté accordée depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale aux seules relations américano-soviétiques est dépassée ».

En Pologne, « patrie ancestrale de millions d'Américains », le chef de la Maison-Blanche aborde à plusieurs reprises le problème des droits de l'homme, et ses entretiens avec le chef du gouvernement de Varsovie, Edward Gierek, portent surtout sur la coopération entre l'Est et l'Ouest. (Les mêmes sujets seront au centre des conversations que Jimmy Carter aura, du 6 au 9 mars à Washington, avec un autre dirigeant communiste : le maréchal Tito, chef de l'État yougoslave.)

Le 31 décembre, en Iran, les discussions entre Jimmy Carter et le chah ont plus particulièrement trait à l'énergie et au développement de l'économie internationale.

Les 1er et 2 janvier, en Inde, « la plus grande démocratie de notre planète », J. Carter aborde la question des nouvelles voies de coopération et de communication entre les pays en développement et industrialisés.

Après avoir consacré au dossier Proche-Orient les heures passées en Arabie Saoudite, où il a fait une halte inattendue, Jimmy Carter arrive le 4 janvier 1978 à Paris. La visite du président des États-Unis en France sera l'un des temps forts de son voyage autour du monde. Son succès est assuré d'abord par une entente personnelle et particulière entre le chef de la Maison-Blanche et le président Valéry Giscard d'Estaing, remarquée notamment lors du pèlerinage sur les lieux du débarquement allié de juin 1944. Ensuite, la reconnaissance par Jimmy Carter d'une politique d'indépendance de la France en matière de défense s'accompagne d'une évidente « convergence d'analyses » sur de nombreux problèmes internationaux.

Décalage

Seuls trois sujets laissent apparaître, lors des discussions, un certain décalage dans les positions des deux pays : les questions monétaires, le commerce international et la sécurité européenne. Mais, dans l'ensemble, la sérénité et l'esprit de compréhension prévalent.

À cet égard, la visite de Jimmy Carter en France est une suite logique aux entretiens que Raymond Barre avait eus aux États-Unis du 14 au 17 septembre et dont le bilan avait été jugé très satisfaisant par les deux parties. Le 26 mai, à Washington, une nouvelle entrevue Giscard-Carter, consacrée principalement à l'Afrique, sera qualifiée de « très complète et très satisfaisante ».