Or, il apparaît que la planète subit un refroidissement progressif et une répartition différente des précipitations. Selon une étude de l'université du Wisconsin, reprise par la CIA (qui y voyait la possibilité pour les USA d'accroître leurs pressions politiques grâce aux exportations agricoles), cette situation entraînerait une nouvelle répartition des zones productives.
Un déplacement des moussons de 1° vers le sud entraînerait une diminution des précipitations de 168 mm sur leur frange nord. Une régression de 3° de la température provoquerait, en URSS et au Canada, une diminution de 50 % de leur production de blé. Inutile de souligner les problèmes économiques et politiques qui se poseraient alors.
Rendement
Mis à part l'inconnue des changements climatiques, la production agricole mondiale peut évoluer considérablement. Si, d'ici à 1985, il ne semble guère possible d'accroître de façon considérable la superficie des terres arables, il en va différemment pour l'amélioration de l'exploitation de la plupart des terres en culture. Par l'irrigation notamment.
Dans certains pays en développement, particulièrement en Chine, il est possible de faire des récoltes multiples. La production des pâturages, souvent mal utilisés même en Europe, pourrait être développée. L'abandon des systèmes d'élevage extensif au profit de l'exploitation intensive ferait progresser la productivité. Plus rapidement, il est vrai, dans les pays développés que dans les pays en développement. La production de protéines végétales (elles vont de plus en plus concurrencer les produits animaux) permettrait une réduction de la superficie des terres utilisées pour les différents élevages. Ainsi, aux États-Unis, la diminution prévue va-t-elle de 0,65 à 2 millions d'hectares.
L'augmentation des rendements doit se poursuivre grâce :
– aux variétés toujours plus productives ;
– à l'utilisation plus intensive des engrais (les pays à économie planifiée et les pays en développement construisent de nombreuses usines) ;
– à une meilleure défense contre les insectes, les maladies et les plantes adventices ;
– à de nouveaux progrès technologiques, qui sont à attendre dans le domaine des productions aussi bien végétales qu'animales.
Frein
En revanche, des facteurs limitant peuvent freiner la progression de la productivité agricole, voire faire régresser la production :
– emprise croissante de l'urbanisation et de son environnement sur les terres agricoles, au Japon et en Europe occidentale notamment (France : 50 000 ha par an) ;
– structures agraires et sociologiques (toute réforme des premières rendue obligatoire par les secondes se traduit, en général, par une baisse de productivité) ;
– insuffisance de la formation et de l'encadrement technique des paysans ;
– moyens de financement ;
– épuisement des réserves naturelles de phosphates ;
– défense de l'environnement (faisant régresser l'utilisation des pesticides) ;
– diminution de la main-d'œuvre agricole (elle peut faire échec, aux États-Unis, à l'expansion prévue de la production).
Vont s'ajouter à ces facteurs connus les conséquences, encore mal perçues, de la crise de l'énergie. D'autant que le prix du pétrole devrait tripler d'ici à la fin du siècle. Les prix des carburants, partant les prix des produits industriels de plus en plus nécessaires à la production agricole, risquent de limiter la mécanisation. Non seulement dans les pays en développement, mais également dans les pays développés.
Déjà des études soulignent le gaspillage que constituent les genres de vie et de production des pays développés. Dans ceux-ci, le coût de l'énergie produite pour l'alimentation ne devient-il pas très supérieur à celui des moyens de production ?
Concertation
D'ici à 1985, les problèmes de production agricole et d'alimentation vont nécessiter, de la part des gouvernements des pays riches comme de ceux des pays pauvres, la prise de décisions difficiles. L'objectif est de faire progresser de 2,4 % par an la production alimentaire d'ici à l'an 2000. Le professeur Leontief, prix Nobel d'économie, prévoit même 5 %. Or, la progression dans le seul domaine des céréales est de l'ordre, actuellement, de 2,5 %. Mais il s'agit d'une moyenne mondiale, avec 3,4 % pour les pays développés et seulement 1,4 % pour les pays en développement.