Journal de l'année Édition 1977 1977Éd. 1977

Si la richesse était répartie égalitairement dans une population dont le revenu progresse de 4 % par an, la demande alimentaire s'accroîtrait de 1,4 % en calories totales et de 2,9 % en calories animales. Si cette même richesse était répartie entre les plus riches, les chiffres respectifs seraient de 0,26 % et 0,77 % ; répartie entre les plus pauvres, ils atteindraient 3,2 % et 5,75 %.

Déficit

Or, le développement accentue les inégalités jusqu'à ce que le PNB dépasse 500 dollars. Compte tenu de l'évolution actuelle, la demande, dans la plupart des pays en développement, se portera, en priorité, sur les produits végétaux (céréales...). Les besoins en 1985 atteindraient 85 millions de tonnes. Ce déficit annuel représente huit fois les importations brutes annuelles de 1950-1960 et le triple de celles de 1969-1972.

Il est inconcevable, selon l'OCDE, que ces pays accroissent leurs importations commerciales pour répondre aux besoins supplémentaires de leurs populations. Ces 85 millions de tonnes représentent, aux prix de 1973-1974, 17 milliards de dollars.

Ce chiffre est, certes, dérisoire, a souligné le rapport Bienaymé devant le Conseil économique et social, comparé aux 300 milliards consacrés aux dépenses d'armement à travers le monde. Mais, par rapport à l'aide alimentaire, il est considérable.

D'autant que le total des dettes accumulées par les pays du tiers monde atteint déjà 150 milliards de dollars. Aux dangers menaçants de la famine alimentaire s'ajoutent donc les dangers de la famine de crédits. Les pays développés risquent d'en ressentir plus rapidement encore les effets, qui peuvent désorganiser totalement leur économie.

Les pays en développement devront exporter davantage de matières premières ou augmenter considérablement leurs prix (à l'exemple de ceux du pétrole) pour réduire le déficit de leur balance commerciale. Ces mêmes pays devront accroître leur propre production céréalière, au rythme minimal de leur progression démographique. Les pays développés devront, obligatoirement, augmenter leur aide alimentaire, sous peine de voir la malnutrition, qui touche 460 millions d'individus, se muer en famine pour 800 millions d'êtres humains.

Aide

Face à ces énormes besoins, les pays développés tergiversent depuis une quinzaine d'années. Les plans se succèdent sans être mis en pratique. Une réalisation exemplaire est toutefois à souligner : la convention de Lomé, signée le 28 février 1975 entre la CEE et une quarantaine de pays en développement, qui voient garanties leurs ressources tirées des exportations de leurs matières premières.

La Conférence mondiale de l'alimentation, réunie à Rome en 1975, a donné, pour sa part, naissance (bien laborieusement) à un fonds, qui, avec la participation des pays de l'OPEP, a atteint 1 milliard de dollars. Un stock de sécurité (10 millions de tonnes de céréales) a également pu être constitué. L'espoir d'une solution apparaît avec le dialogue Nord-Sud. Et la réunion de Manille. 20-24 juin 1977, souhaite la création d'un système international de réserves.

Il est plus difficile d'établir des prévisions pour les pays à économie planifiée. Leur demande alimentaire dépendra de l'évolution des revenus, mais aussi des priorités qui seront accordées au secteur agro-alimentaire.

Depuis 1975, l'URSS fait de nouveaux et importants efforts en ce sens. Ce pays n'importera, en 1985, guère plus de 5 millions de tonnes de céréales. Ses besoins en tourteaux augmenteront. En revanche, il ne devrait pas acheter de grandes quantités de viande ni de produits laitiers, pour lesquels il sera, au contraire, exportateur. Les autres pays de l'Est accroîtront leur production et pourront exporter vers l'Occident. Quant à la Chine, sa production devrait presque suffire à sa consommation.

Inconnue

Toutes ces hypothèses sont faites à partir des projections fondées sur la situation actuelle. Une grande inconnue demeure. Celle du climat, qui provoque des sautes graves de la production d'une année sur l'autre mais qui ne jouait pas jusqu'à présent sur de longues périodes.