Détente

Courses

L'inquiétude provoquée par le fléchissement des enjeux s'atténue en 1976-1977 : le montant des paris remonte, mais ce redressement de la situation est dû surtout à la multiplication des événements, tiercés ou quartés devenant bi-hebdomadaires. Ce dernier jeu, après des débuts difficiles, a même droit de cité le dimanche. C'est un risque que prend la Société d'encouragement le 3 avril : elle n'a pas à le regretter, le rapport de 327 000 F (pour une mise de 5 F) permet aux courses d'être les vedettes de l'actualité. Cette publicité inespérée est bien de nature à ramener vers les chevaux quelques rêves de gains qui auraient tendance à s'égarer du côté du Loto.

Publicité

Cette année est d'ailleurs marquée par l'ouverture des courses à la publicité. Les sociétés n'hésitent plus à recourir à des messages pour rappeler au public qu'elles offrent des spectacles de qualité. Mais, surtout, le patronage de marques commerciales est recherché pour les quartés et pour les tiercés, voire pour les épreuves classiques.

La morosité, par contre, subsiste chez les propriétaires, en raison, notamment, de la fiscalité, dont la pression s'accentue sur ce « signe extérieur de richesse ». La loi sur les plus-values n'est pas de nature à encourager les vocations : en cas de vente d'un crack, le fisc peut prélever jusqu'à 60 % de la tractation. Comment, dès lors, combler le déficit (environ 10 000 F par an et par cheval) qu'entraîne l'exploitation d'une écurie de course ? Cela se traduit par une diminution de quelque 600 chevaux dans les effectifs des centres d'entraînement de Chantilly et de Maisons-Laffitte et provoque une baisse d'environ 3 % du nombre des partants dans les courses de plat.

Les chevaux américains continuent à s'octroyer une part importante des prix : environ 16 %. Des mesures sont envisagées pour remédier à cette situation, mais la marge de manœuvre est étroite si l'on veut conserver à nos courses un caractère international qui s'accommoderait mal d'un certain protectionnisme. De même qu'aucune solution n'est encore adoptée pour éviter la vente à l'étranger de nos étalons les plus titrés. Pourtant, chacun en est maintenant parfaitement conscient, cette hémorragie est extrêmement préjudiciable à notre élevage.

Dopage

Deux affaires de dopage ont une répercussion considérable. À la suite du distancement de son cheval Java Rajah, entraîné par Scobbie Breasley, dans l'Omnium, l'armateur indien Ravi N. Tikkoo cesse de faire courir en France. Et le distancement, en Grande-Bretagne, d'un cheval entraîné à Chantilly, vainqueur des Prince of Wales Stakes à Ascot et des Eclipse Stakes à Sandown Park, provoque de nombreuses polémiques qui mettent en cause la valeur des mesures antidopage auxquelles on a recours dans notre pays. Mais la détection des stéroïdes étant maintenant possible, la lutte contre l'emploi des anabolisants s'intensifie.

Malgré son âge (10 ans), Bellino II reste égal à lui-même. Après avoir ployé devant les attaques de Fanacques et d'Eléazar, il remporte son troisième Prix d'Amérique et s'adjuge ensuite le Grand Prix de Paris. Mais déjà sa succession est assurée par un jeune phénomène : Hadol du Vivier, qui doit permettre à son propriétaire, Henri Levesque, de renouer avec les succès que ses couleurs ont connus au temps d'Oscar RL et de Roquépine.

En plat, la génération des trois ans s'avère décevante. Blushing Groom, à l'Aga Khan, paraît en être le champion, mais il échoue sur la distance classique de 2 400 m à Epsom. Il ne peut faire mieux que prendre la troisième place du Derby. Pourtant, ce poulain est l'objet d'une offre d'achat record : cinq millions de dollars. Exceller, vainqueur du Grand Prix de Paris 1976, apporte à François Mathet une consolation en remportant la Coronation Cup. L'entraîneur a également la satisfaction de faire triompher les couleurs du baron Guy de Rothschild dans le Jockey-Club avec Crystal Palace. C'est un petit événement : aucun représentant de la casaque bleue toque jaune n'avait inscrit cette épreuve à son palmarès depuis 87 ans.