Le réquisitoire de l'avocat général Fraisse demandant la peine capitale n'apporte aucun élément de surprise. Par contre, la décision des jurés d'accorder les circonstances atténuantes à Patrick Henry (donc la vie sauve, mais la détention à vie) déconcerte et déclenche même dans le public, à l'intérieur et à l'extérieur du Palais, de violentes réactions.

Jérôme Carrein

On pouvait penser que le verdict de Troyes aurait une répercussion sur les procès futurs, que la guillotine ne servirait plus. On l'avait déjà cru vingt ans plus tôt, lorsque le curé d'Uruffe avait, lui aussi, sauvé sa tête.

Le 31 janvier 1977 s'ouvre à Lille le procès de Jérôme Carrein. Il a été condamné à mort en juillet 1976, mais le jugement a été cassé.

Jérôme Carrein a 36 ans. C'est un être fruste, incapable de raisonner. À l'origine de sa déchéance, l'alcool : il a commencé à 14 ans à s'enivrer. Pourtant, il s'est marié, a eu 5 enfants. Mais il a quitté sa famille pour vivre en vagabond.

Le 27 octobre, il emmène avec lui, sous le prétexte de pêcher des alevins, Cathy, 9 ans, la fille de la tenancière du café. C'est un familier de la maison (si l'on peut dire) et l'enfant le connaît bien : plusieurs fois ils se sont promenés ensemble. Cette fois, ils vont dans les marais. On ne saura jamais sous quel influx, Carrein se jette sur la petite Cathy, la viole, et, comme elle vit encore, qu'elle crie, lui enfonce la tête dans la vase.

L'avocat général Le Flem prononce un réquisitoire impitoyable. Il va même faire référence au procès de Troyes qu'il qualifie de « viol des consciences ». Il réclame la mort et l'obtient. Et le public de Lille, aussi indécent que celui de Troyes, applaudit.

Cinq mois après le verdict des assises de Lille, le 23 juin, Jérôme Carrein est décapité à la prison de Douai.

Épilogues

Goldman

Pierre Goldman est redevenu un homme libre le 5 octobre 1976. En décembre 1974, il avait été condamné à la réclusion perpétuelle pour quatre crimes qu'il n'avait cessé de nier : l'assassinat de deux pharmaciennes et deux tentatives de meurtres contre des témoins. La Cour de cassation avait annulé cet arrêt un an plus tard. Enfin, en avril 1976, les jurés d'Amiens condamnaient Pierre Goldman à 12 ans de réclusion pour trois agressions qu'il avait avouées (Journal de l'année 1974-75 et 1975-76).

Breteuil

Aux Assises de Paris, le 30 janvier 1977, les jurés n'ont pas été impressionnés par les protestations d'innocence de Taleb Hadjadj et de Mahmoud Shennaway. Accusés d'avoir attaqué l'agence du CIC de l'avenue de Breteuil le 8 septembre 1975, ils ont été condamnés à la réclusion à perpétuité. Sept personnes gardées en otages pendant plusieurs heures n'avaient été relâchées qu'après remise d'une rançon de 6 millions de F. Certains otages ont reconnu formellement les gangsters. La rançon n'a pas été retrouvée.

Le Figaro

La cour d'assises de Paris rend, le 10 février 1977, son verdict dans l'affaire du hold-up du Figaro. Les faits remontent au 28 décembre 1973. Il s'agit de s'emparer de 280 000 F, montant des gratifications de fin d'année du personnel du journal. Mais la police est au rendez-vous, et une fusillade éclate sur les Champs-Élysées ; un passant est tué par la balle d'un policier. Un gangster est touché 6 fois, un policier est blessé. Verdict équilibré : 20 ans et 15 ans de réclusion pour les deux principaux acteurs, peines avec sursis pour les complices.

Mesrine

20 ans de réclusion sanctionnent, le 19 mai 1977, une impressionnante série de vols et hold-up et surtout une évasion spectaculaire qui a eu lieu au palais de justice de Compiègne, le 6 juin 1973, au cours de laquelle un gendarme avait été sérieusement blessé. En prison, Jacques Mesrine a sacrifié à la mode : il a écrit un roman déguisé en autobiographie : L'instinct de mort.

Willoquet

Le premier verdict contre Jean-Charles Willoquet et son épouse Martine est prononcé le, 25 mars 1977, par la cour d'assises de Paris : 20 ans de réclusion criminelle pour lui et 5 ans pour elle. Ces peines sanctionnent une impressionnante série de hold-up. Quelques jours plus tard, devant la même cour d'assises, s'ouvre le second procès du couple Willoquet. Cette fois, c'est l'extravagante évasion qui eut comme théâtre le palais de justice de Paris, le 8 juillet 1975, qui est au cœur des débats. L'avocat général réclame la réclusion à perpétuité pour Willoquet et 15 ans pour sa femme. Les jurés, émus sans doute par l'enfant du couple, né en prison, reviennent avec un verdict modéré : 20 ans pour le premier, 5 ans pour la seconde, condamnation identique à celle prononcée quelques jours plus tôt. Les deux peines sont confondues.

Agret

Il a été libéré le 5 mars 1977, à la suite d'une longue grève de la faim qui mettait sa vie en danger. Ce geste de clémence n'est pas une conclusion, puisque le mystère d'un double assassinat reste entier.