Les enseignants ne sont pas les seuls en cause. C'est l'évolution générale des congés qui a porté les vacances scolaires de soixante-dix-huit jours, au début du siècle, à cent vingt. Et, en 1977, l'étalement des vacances de l'industrie automobile (entre le 8 et le 30 juillet) ne permet pas de retarder le départ des enfants jusqu'au 15.

Ces facteurs compliquent encore la négociation, déjà difficile mais nécessaire, pour organiser les activités scolaires de façon plus conforme aux besoins des enfants. Une réorganisation dont peut-être les enseignants seraient les premiers bénéficiaires : ne se plaignent-ils pas, eux aussi, de la fatigue que le rythme actuel leur impose ? Mais trop souvent la durée des congés a été un moyen de compenser la relative modicité des salaires offerts.

Une donnée d'importance manque pour cette réorganisation : si l'on sait ce que font les élèves durant leur séjour à l'école, on ignore comment ils occupent leur temps libre et quelles sont les solutions adoptées par les familles et les moyens dont elles disposent.

La guerre scolaire se rallume

La bataille de l'école privée resurgit ; elle est devenue un classique en période électorale depuis le vote de la loi Debré (31 décembre 1959). Le début de l'offensive est marqué par les déclarations virulentes de Me Jean Cornée, à Albi (27 mai 1977), sur la nationalisation de l'enseignement considérée comme « la priorité des priorités » et inscrite dans le Programme commun. La majorité parle de liberté menacée, la gauche, elle, se sent mal à l'aise. La contre-offensive est lancée par la majorité qui le 29 juin, après une nuit de débats passionnés, vote la proposition de loi du député breton Guy Guermeur (RPR). Si le financement public de la construction des écoles privées n'a pas été retenu pour des raisons à la fois politiques et budgétaires, les mesures adoptées devraient permettre à l'enseignement privé de se développer. L'État augmente sensiblement sa participation financière dans deux directions :
– la formation des maîtres, qui obtiennent les mêmes droits sociaux que leurs collègues du secteur public ;
– la contribution par élève est majorée et calculée selon les mêmes critères que dans le public.

Supérieur : asphyxie des universités avec les restrictions de crédits

Les grèves d'étudiants contre la réforme du deuxième cycle universitaire (Journal de l'année 1975-76) ont dressé les uns contre les autres les universitaires : d'un côté les traditionalistes, hostiles par principe aux grèves des cours (sauf à titre symbolique), de l'autre ceux qui ont soutenu les étudiants, même s'ils y ont mis un inégal enthousiasme.

Alice Saunier-Seïté, qui accepte mal d'être défiée, fait payer à certaines universités ce qu'elle juge soit comme un manque d'autorité soit comme une insubordination des présidents ou des conseils d'universités.

Désectorisation

C'est à Amiens et à Nanterre que le secrétaire d'État fait sentir le poids de ses décisions. À Amiens, Alice Saunier-Seïté forme une unité d'enseignement et de recherche (UER) de droit appliqué dérogatoire avec les enseignants qui ont refusé de s'associer aux grèves du printemps 1976 et qui ont continué de faire leurs cours hors des locaux de l'université. Soustraite à la tutelle de l'université de Picardie, cette UER reçoit son budget directement du secrétariat d'État et recrute elle-même ses enseignants.

À Nanterre (Paris-X), le secrétaire d'État désectorise les études de droit : les étudiants qui résident dans le nord-ouest de Paris ne sont plus contraints, à la rentrée d'octobre 1976-1977, de s'inscrire à Nanterre.

Contre cette décision, l'université dépose un recours devant le Conseil d'État. Il aboutit au résultat inverse de celui qui était cherché : la désectorisation de Nanterre pour toutes les disciplines. Poursuivant sur sa lancée, le secrétaire d'État décide de supprimer la sectorisation de la région parisienne pour toutes les disciplines, sauf la médecine, la pharmacie et l'odontologie. Toutefois, pour éviter les variations d'effectifs trop importantes, les universités n'accueilleront qu'un nombre d'étudiants équivalent à celui de 1976-1977. Les autres étudiants seront pris en fonction des places disponibles.