La situation de deux importantes communautés n'a cessé de se dégrader. En Argentine (450 000 Juifs), la détérioration de l'ordre public, entre autres conséquences, a réveillé un antisémitisme qui s'affirme au grand jour.

Mais le problème majeur, à la pointe de l'actualité, demeure celui des Juifs d'URSS. Tous les observateurs s'accordent à reconnaître le net durcissement de la politique soviétique :
– baisse spectaculaire du nombre des visas d'émigration, qui passe de 35 000 en 1973 à 14 000 en 1976 ;
– multiplication des arrestations et des procès, auxquels, pour la première fois cette année, les Juifs se sont opposés en manifestant publiquement. Une cinquantaine de refusés occupent, en octobre 1976, les locaux du ministère de l'Intérieur ;
– renaissance d'un antisémitisme religieux officiel. Le judaïsme est pris à partie dans des brochures et des articles à caractère diffamatoire. Un film antisémite, au titre révélateur, Les accapareurs d'âmes, est diffusé sur les antennes de la télévision soviétique, et les importations de pain azyme sont interdites.

Il s'agit d'une nouvelle phase répressive, alors même que l'identification des Juifs d'URSS au judaïsme semble s'accentuer. Dans un sondage secret, la question suivante a été posée : « Si vous pouviez choisir pour vos enfants, au paragraphe de la nationalité figurant sur le passeport intérieur, la nationalité russe ou la nationalité juive, quel serait votre choix ? » La nationalité juive a été choisie à 80 %.

L'un des sommets de cette prise de conscience est l'organisation par les Juifs d'URSS d'un symposium sur la culture juive à Moscou, en décembre 1976. De nombreuses personnalités juives américaines, anglaises et françaises y avaient été conviées. La tenue de ce colloque (le premier dans l'histoire du judaïsme soviétique) a inspiré de grands espoirs, mais il fut interdit par le KGB ; ses organisateurs, retenus par la police un certain temps, se sont vus violemment dénoncés par la presse soviétique. Interdit à Moscou, ce symposium est organisé à Paris, en janvier 1977.

Parmi les autres colloques, conférences et manifestations de solidarité qui ont lieu un peu partout dans le monde, il faut faire une place particulière au Tribunal Stern. Le cas du docteur Stern, victime d'un procès inique (il est condamné en décembre 1974 à huit ans de détention), avait beaucoup sensibilisé l'opinion publique. Le docteur Stern a été libéré le 14 mars 1976, mais d'autres activistes l'ont remplacé dans les prisons soviétiques.

Éducation

Dans la vie de la communauté juive de France, les problèmes de l'éducation, et notamment des écoles juives à plein temps, ont pris un jour nouveau. Ces problèmes ont joué un certain rôle lors de la campagne électorale : c'est ainsi qu'une délégation du CRIF a fait part de ses préoccupations aux signataires du Programme commun. Surtout, une campagne de presse attire l'attention publique, lors de la rentrée scolaire, sur le phénomène de saturation que connaissent les écoles juives en France. Ces écoles (une dizaine de lycées, situés à Paris, en banlieue parisienne, à Strasbourg, à Marseille, et quelques écoles primaires) ne sont plus en mesure de faire face à une demande qui ne cesse de progresser. À ce problème quantitatif s'ajoute un problème de qualité : la formation d'éducateurs, notamment dans le domaine religieux, laisse à désirer, et leur recrutement s'avère difficile.

C'est pour promouvoir une véritable politique de l'éducation juive que, dans ce contexte difficile, le FSJU (Fonds social juif unifié) conclut avec l'Agence juive un important accord, paraphé par ses deux présidents. Guy de Rothschild et Joseph Almogui. Il s'agit pour ces deux organisations, l'une en charge des problèmes sociaux et culturels en France, la seconde vouée au renforcement culturel des communautés de la diaspora, de mettre leurs ressources en commun. Les accords conclus prévoient notamment la création d'écoles nouvelles et de structures pédagogiques modernes, dans le cadre d'un programme quinquennal et d'un budget de 67 000 000 de F, que l'Agence juive financera pour un tiers.