Généralement, ces adjuvants proviennent de composants des parois des bactéries, dont on isole des principes actifs. Tels sont l'EBP (extrait bactérien phospholipidique) élaboré par le professeur Fauve, de l'Institut Pasteur : le P 40, fraction d'une corynebactérie, obtenu par les docteurs Bizzini, Maro et Lallouette (Institut Pasteur) ; le MER (abréviation de méthanol extract residu), fraction du BCG, mis au point par Weiss (Israël). Quelques-uns de ces produits sont déjà utilisés dans le traitement de certains cancers, où l'on espère que leur action stimulera leur système immunitaire de l'organisme, afin de s'opposer à la progression de la tumeur (professeur Mathé à Villejuif, professeur Israël à Lariboisière).

Anticorps

Au laboratoire de recherche en biologie moléculaire de Cambridge (Grande-Bretagne), les docteurs Terry Rabbits, George Kohler et Caesar Milstein travaillent dans une direction semblable, mais avec une technique différente ; ils introduisent des gènes d'animaux supérieurs dans des bactéries, afin de pousser celles-ci à produire en masse des anticorps, lesquels pourraient alors être injectés afin de renforcer la résistance aux infections. Les bactéries seraient capables de fabriquer ces anticorps beaucoup plus vite que l'organisme ne peut le faire — d'où leur intérêt pour un emploi immédiat, dès que le diagnostic de la maladie infectieuse aura été posé.

De leur côté, le professeur Lederer (CNRS Orsay), le professeur Chedid (Institut Pasteur), le docteur P. Sinnay (Faculté des Sciences, Orléans) et le docteur Lefrancier (Laboratoires Choay, Orléans) ont fabriqué le MDP (muramil dipeptide), molécule de synthèse, dont ils pensent qu'elle pourrait être utilisée comme adjuvant de vaccinations antibactériennes ou antivirales. Des essais préliminaires étaient en cours à l'Institut Pasteur au printemps de 1977. Enfin, selon ceux qui les ont découverts, ces adjuvants synthétiques pourraient permettre la mise au point d'un vaccin contraceptif, différent de celui qui est actuellement essayé.

Les endorphinés, des morphines naturelles

Depuis 1975, année où l'Écossais J. Hugues réussit à isoler du cerveau des porcs deux substances particulières baptisées encéphalines, d'impressionnants progrès ont été réalisés dans la recherche des produits fabriqués par les cellules cérébrales, qui joueraient un rôle déterminant dans la douleur.

Ces recherches sont axées sur deux pôles. D'une part, il existe dans le cerveau des membranes synaptiques qui constituent des sites de réception spécifique des opiacés utilisés dans la sédation des douleurs ; d'autre part, ces encéphalines (appelées aussi endorphines) présentent la double particularité de se fixer, comme les opiacés, sur ces sites récepteurs et de posséder les mêmes propriétés analgésiques que ces extraits végétaux.

Les expériences de Snyder, d'Abraham Goldstein et de Roger Guillemin ont mis en évidence que ces substances (en fait des chaînes de quelques acides aminés) sont présentes dans le tronc cérébral, dans l'hypophyse en particulier, et également dans la moelle épinière. Cette dernière constatation est notamment significative : c'est dans les cordes dorsales de la moelle épinière que se trouvent les cellules qui réagissent aux stimuli douloureux.

Test

Synthétisées, ces endorphines ont déjà donné lieu à des travaux expérimentaux des plus révélateurs : ainsi, l'administration d'endorphine b à des rats fait apparaître un recul significatif de la réaction à la douleur dans le test du tail-flick. Ce test consiste à concentrer un flux de chaleur sur un segment de la queue de l'animal et à compter le temps qu'il met à soustraire la zone chauffée à l'action de ce stimulus : avec l'endorphine b, ce temps est considérablement allongé.

Le but ultime de ces recherches se présente sous deux aspects : soit la mise au point de produits capables de déclencher une surproduction d'endorphines naturelles en cas de douleur, soit la fabrication d'endorphines de synthèse utilisables en thérapeutique.

La dioxine : hypothèses et réalités

Un nuage toxique s'échappant d'une usine chimique s'abat, le 10 juillet 1976, sur un petit village du Milanais, Seveso. Les médecins constatent bientôt chez certains habitants, chez des enfants en particulier, l'apparition de lésions cutanées, de comédons et de kystes difficiles à soigner. Le village est évacué et déclaré zone dangereuse.