Vis-à-vis d'Israël, aucun changement de politique après la victoire de la droite aux élections législatives. Pour Moscou, c'est blanc bonnet et bonnet blanc, mais on ne sous-estime pas pour autant les dangers que représente l'arrivée au pouvoir des superfaucons du Likoud. « La politique du Likoud telle qu'elle est présentée par Menahem Begin, estime l'agence Tass, est grosse de menaces d'une nouvelle confrontation militaire. ».

Alors que Brejnev ne cesse d'évoquer la nécessité d'assurer la paix et la sécurité en Asie, qu'avec le Laos, l'Inde, le Viêt-nam les rapports sont excellents, qu'avec le Cambodge la thèse officielle est d'affirmer un inébranlable soutien, avec la Chine les relations sont toujours aussi tendues.

Chine

La mort de Mao avait pourtant pu faire croire à une possibilité de réconciliation ou, tout au moins, de normalisation à froid. C'est apparemment le désir de l'URSS. Malgré le rejet par les autorités chinoises du message de condoléances du PCUS, la Pravda publie, le 1er octobre, un article qui est un véritable appel aux nouveaux maîtres de la Chine : on tire un trait sur le passé et on repart à zéro. La réponse est rapide : le 5 octobre, le ministre chinois des Affaires étrangères dénonce devant les Nations unies l'expansionnisme de Moscou, assurant que « le social-impérialisme soviétique est le plus grand escroc en ce qui concerne la paix et constitue le plus grand danger en ce qui concerne la guerre ».

L'URSS, oubliant l'affront, réitère ses avances. Le 25 octobre, Brejnev affirme que « l'amélioration des rapports avec la Chine est notre souci permanent », et, le 27, il envoie un message de félicitations à Hua Kuo-feng pour sa nomination à la présidence du Comité central du PC chinois. Mais cette correspondance subit le même sort que le télégramme de condoléances. Il est renvoyé à son expéditeur, le jour même où un dirigeant chinois affirme que l'URSS, dirigée par la « clique de Brejnev », agite un « rameau d'olivier » qui est en fait une « flèche empoisonnée ».

Ces attaques continuelles n'empêchent pas l'URSS de poursuivre son offensive du sourire et d'affirmer par la voix du rédacteur en chef de la Pravda que « la question de nos troupes à la frontière sino-soviétique peut être réglée de manière amicale ».

Cela aboutit au moins à un résultat : la reprise, le 30 novembre, des négociations frontalières suspendues depuis dix-huit mois. Elles sont menées, côté soviétique par Leonid Ilyitchev, vice-ministre des Affaires étrangères, qui est accueilli avec cordialité à Pékin. En dépit des injures que continue de déverser quotidiennement la presse chinoise sur les dirigeants du Kremlin, l'URSS reste sourde à ces attaques. Les conversations se poursuivent. Elles aboutissent, en février, à une impasse.

Hostilités

Cet échec déclenche la reprise des hostilités, mais de la part de Moscou cette fois. Désormais les critiques ne vont plus cesser. Le 22 avril, Mikhail Zimianine, secrétaire du Comité central, parle de « l'hystérie chinoise de propagande antisoviétique », et, le 14 mai, la Pravda affirme que « les nouveaux dirigeants de la Chine ont repris à leur compte les idées de Mao et font de l'anti-soviétisme et du militarisme leur programme à long terme ». Le 30 mai, Brejnev accuse Pékin de nourrir des « projets aventuristes dangereux ». Pékin décide pourtant, le 9 juin, de nommer un ambassadeur à Moscou Wang Yo-Ping. Le poste était resté plus d'un an vacant.

La question des droits de l'homme et les négociations de Genève sur la limitation des armements stratégiques (Salt 2) forment la toile de fond des relations en dents de scie entretenues avec les États-Unis. De part et d'autre, on affirme que l'on veut relancer le dialogue (et même se rencontrer au plus haut échelon), mais on reste sur ses positions.

Dans une déclaration diffusée par la télévision française à la fin mai, Leonid Brejnev affirme : « Je ne dissimulerai pas que notre préoccupation au sujet de la course aux armements s'accroît du fait de l'orientation prise en ce domaine par la nouvelle Administration américaine. » Deux mois auparavant, après l'échec de la mission du secrétaire d'État américain Cyrus Vance à Moscou, Andrei Gromyko avait reproché aux dirigeants américains de ne pas tenir compte des intérêts soviétiques.