Au début du printemps, les tensions s'apaisent. Le taux de chômage passe de 7,3 % en mars à 7 % en avril puis à 6,9 % en mai, la production redémarre, mais les pressions inflationnistes demeurent préoccupantes (les prix de gros, notamment, augmentent de 1,1 % en mars et de 1,1 % en avril). Estimant désormais inutile de stimuler l'économie, J. Carter renonce à son projet de ristourne fiscale et révèle, le 15 avril, un programme excluant toute forme de contrôle. Financiers et industriels expriment leur satisfaction. La centrale syndicale AFL-CIO se montre plus réservée. Si elle se réjouit de l'absence de toute mesure de contrainte qui eût fait obstacle aux libres discussions des salaires, elle craint manifestement que les demandeurs d'emploi ne fassent les frais de la politique anti-inflationniste.

Pour l'exercice 1978, Jimmy Carter a proposé 459,4 milliards de dollars de dépenses (au lieu des 440 milliards de Gerald Ford) et 401,6 milliards de recette contre 393 milliards, soit un déficit de 57,8 milliards contre 47 milliards.

Énergie

La politique énergétique de la nouvelle administration s'oriente vers un effort tout à fait nouveau de lutte contre le gaspillage. Au cours d'une causerie au coin du feu, le 18 avril, le président Carter évoque le spectre de la pénurie d'énergie et insiste sur la nécessité de faire des économies substantielles. Il présente sept objectifs pour 1985, afin, dit-il, de parer une éventuelle catastrophe nationale : diminution de 10 % de la consommation d'essence et de 50 % des importations de pétrole ; abaissement du taux de croissance annuelle de la demande d'énergie à 2 % (au lieu de 5 %) ; constitution d'une réserve pétrolière d'un milliard de barils (soit plus de six mois de consommation) ; accroissement de près des deux tiers de la production de charbon ; développement de l'isolation thermique dans 90 % des habitations existantes et dans tous les nouveaux bâtiments ; enfin, utilisation de l'énergie solaire dans plus de deux millions et demi de maisons.

Nouveauté qui surprend quelque peu, le président Carter se propose d'instituer une taxe sur les voitures qui consomment d'importantes quantités de carburant.

Ce plan reçoit un accueil mitigé au Congrès. Les démocrates se déclarent plutôt favorables aux mesures envisagées, mais les républicains estiment qu'elles recouvrent en fait un accroissement massif de la fiscalité. Les réactions des petits producteurs de pétrole et des industriels de l'automobile sont, elles, franchement hostiles. Thomas Murphy, président du conseil d'administration de General Motors, par exemple, affirme qu'il soutient les objectifs contre le gaspillage du président, mais qualifie de « simplistes, irresponsables et à courte vue » les taxes proposées.

Dernière décision annoncée par Jimmy Carter dans le domaine de l'énergie : celle de reporter sine die le retraitement des combustibles nucléaires irradiés et d'ajourner le développement du programme américain de surrégénérateurs, afin de limiter l'utilisation du plutonium et, partant, les risques de prolifération nucléaire.

Les élections

La campagne électorale s'ouvre le 12 juillet 1976 avec la convention démocrate.

Démocrates

La convention démocrate, chargée de désigner les candidats du parti à la présidence et à la vice-présidence, se tient, durant quatre jours, au Madison Square Garden de New York. Les quelque 5 000 délégués et suppléants diffèrent sensiblement de ceux qui, quatre ans plus tôt, à Miami, avaient choisi dans le tumulte George McGovern comme porte-drapeau. Cette fois, l'assemblée est composée en majorité de notables locaux, soucieux de sérieux et d'efficacité.

Dans un climat de confiance et d'unité retrouvée, Jimmy Carter, qui avait remporté à partir de février 1976 une vingtaine d'élections primaires, arrive en tête dès le premier tour de scrutin, avec une très confortable avance : il obtient 2 238 mandats, alors que 1 505 voix étaient requises pour recevoir l'investiture. (Morris Udall en obtient 329, Edmund Brown 300, 139 mandats se portant sur une quinzaine d'autres personnalités.)