Traumatisé, comme beaucoup de ses collègues, par la guerre civile angolaise et par l'intervention soviéto-cubaine aux côtés du gouvernement de Luanda, F. Houphouët-Boigny estime que l'Occident doit reprendre l'initiative au sud du Sahara, sous peine de livrer l'ensemble du continent africain au communisme. Réaffirmant solennellement son hostilité à l'apartheid, il invite ses interlocuteurs français à exercer des pressions sur la Rhodésie, en même temps qu'il insiste sur la nécessité d'ouvrir un dialogue avec les dirigeants sud-africains ; il tient des propos analogues à Henry Kissinger, rencontré à Paris au terme de sa tournée africaine.

Convaincu qu'il faut éviter un affrontement avec l'Afrique du Sud, pour tenir l'ensemble du continent à l'écart de tout conflit armé et de toute forme d'ingérence étrangère, F. Houphouët-Boigny ne cesse de plaider en faveur de discussions avec les dirigeants de Pretoria. Il envoie en visite officielle en république d'Afrique du Sud Laurent Dona Fologo, ministre ivoirien de l'Information (septembre 1975), qui, au cours de sa tournée, ne ménage pas les critiques publiques à rencontre de l'apartheid. Le chef de l'État ivoirien demande, en octobre, aux États d'Afrique noire d'établir des relations diplomatiques avec les dirigeants sud-africains, appel à dessein solennellement lancé du haut de la tribune du sixième congrès du parti unique.

Brand Fourie, secrétaire d'État sud-africain aux Affaires étrangères, et Eschel Rhoodie, directeur de l'Information, sont reçus en décembre dans la capitale ivoirienne, où les avions de ligne sud-africains pourront désormais régulièrement faire escale.

Enfin, en mars 1976, c'est Connie Mulder, ministre sud-africain de l'Information, qui est accueilli à Abidjan, succédant à plusieurs fonctionnaires et hommes d'affaires sud-africains qui, au cours des derniers mois, ont multiplié les allées et venues entre l'Afrique du Sud et la Côte-d'Ivoire.

Pour F. Houphouët-Boigny la négociation demeure la seule politique valable. C'est en vertu de ce principe que, contrairement au Sénégal, la Côte-d'Ivoire reconnaît le gouvernement de la République populaire d'Angola, dont il ne partage pourtant pas les options idéologiques.

Dahomey (Bénin)

Porto-Novo. 3 030 000. 27. 2,7 %.
Économie. PNB (70) : 82. Énerg. (*73) : 31. C.E. (70) : 15 %.
Transports. (*73) : 93 M pass./km, 115 M t/km. (72) : 14 000 + 7 900. (73) : 91 M pass./km.
Information. (72) : 2 quotidiens ; tirage global : 2 000. (72) : *150 000. (72) : *100. (72) : 9 000 fauteuils ; fréquentation : 1,2 M. (73) : 8 000.
Santé. (73) : 95.
Éducation. Prim. (70) : 173 897. Sec. et techn. (70) : 21 730. Sup. (71) : 582.
Institutions. État indépendant le 1er août 1960. République (4 décembre 1958). Constitution de 1968. Devient officiellement, le 30 novembre 1975, République populaire du Bénin. Président de la République : commandant Mathieu Kerekôu, auteur du coup d'État militaire du 26 octobre 1972 qui renverse le Conseil présidentiel dirigé par Hubert Maga ; l'Assemblée nationale est dissoute. Un Conseil national de la révolution est institué le 18 octobre 1973.

Complot

La République du Dahomey change de nom le 30 novembre 1975. Elle devient, de par la volonté du lieutenant-colonel Mathieu Kerekou, la République populaire du Bénin. Un nouveau drapeau, un nouvel hymne, un nouveau parti sont créés.

Bien que le régime ait battu un record de longévité politique, en fêtant, en octobre, son troisième anniversaire, les tensions internes restent très vives. Le 20 juin 1975, le capitaine Michel Aikpe, ministre de l'Intérieur, surpris en flagrant délit d'adultère avec la femme du chef de l'État, est tué par la garde présidentielle. En octobre, les dirigeants de Cotonou affirment avoir découvert un complot, dont l'inspirateur est, disent-ils, l'ancien président Émile Derlin Zinsou, qui vit en exil en France depuis qu'il a été écarté du pouvoir en décembre 1969.

Le Conseil national de la révolution, érigé pour la circonstance en tribunal d'exception, condamne à mort, en février 1976, onze des conjurés d'octobre, dont l'ancien président Zinsou, après avoir accusé le Togo d'avoir prêté main-forte aux comploteurs. Ces accusations, immédiatement démenties à Lomé, sont sans doute à l'origine d'une tension sérieuse entre le Bénin et le Togo, qui entraîne la fermeture de la frontière commune. Il faudra une médiation personnelle de Sékou Touré, président de la Guinée, pour qu'en mars les deux pays normalisent leurs relations.

Rép. ar. d'Égypte

Le Caire. 36 420 000. 38. 2,2 %.
Économie. PNB (71) : 225. Production : G(71) 104 + A(73) 132 + I(72) 113. Énerg. (*73) : 294. C.E. (71) : 10 %.
Transports. (72) : 7 306 M pass./km, 2 976 M t/km. (*73) : 167 400 + 48 000.  : 249 000 tjb. (73) : 1 040 M pass./km.
Information. (71) : 14 quotidiens ; tirage global : 745 000. (73) : 5 100 000. (70) : 529 000. (70) : 137 900 fauteuils ; fréquentation : 65,4 M. (73) : 472 000.
Santé. (73) : *23 501. Mté inf. (71) : 103,3.
Éducation. (71). Prim. : 3 873 297. Sec. et techn. : 1 554 809. Sup. : 246 558.
Institutions. République proclamée le 18 juin 1953, après le coup d'État du 26 juillet 1952 qui renverse le roi Farouk. Nouvelle Constitution proclamée, après référendum, le 11 septembre 1971. Président de la République : Anouar el-Sadate, élu le 16 octobre 1970 ; succède au colonel Gamal Abdel Nasser, décédé. Vice-président : général Hosni Moubarak. Premier ministre : Mamdouh Salem.

Le Caire : graves problèmes économiques et relatif isolement

L'accord égypto-israélien sur le Sinaï, paraphé le 1er septembre 1975 et signé à Genève le 4, marque non seulement un changement qualitatif dans l'attitude du Caire à l'égard de l'État juif, mais aussi un tournant dans le conflit du Proche-Orient.

Militaire

Le texte, qui a été élaboré sous l'égide du secrétaire d'État américain Henry Kissinger, infirme la thèse officielle du Caire selon laquelle il serait strictement militaire. Certes, il restitue à la souveraineté égyptienne une partie du Sinaï (moins de 10 % de sa superficie), y compris les cols stratégiques de Mitla et de Giddi et les champs pétrolifères d'Abou Rodeiss. Mais les experts militaires, notamment israéliens, estiment que ce retrait ne porte pas préjudice à l'État juif. En effet, l'armée israélienne demeure implantée à proximité des cols, que les forces du Caire ne sont pas autorisées à réoccuper ; plusieurs centres de préalerte électroniques sont en mesure d'écarter le danger de toute attaque surprise ; l'un de ces centres est sous le contrôle exclusif de 200 techniciens américains, qui ne peuvent être retirés que sur la demande conjointe de Jérusalem et du Caire.