Ce bond est dû à la baisse d'achats de produits agricoles algériens par la France (qui leur préfère les agrumes tunisiens, marocains, italiens et qui achète les vins italiens) et aussi, parallèlement, à la chute des ventes algériennes d'hydrocarbures : la France achète désormais le pétrole du Golfe, jugé plus compétitif. Cette distorsion s'accentue encore et prend les allures d'une crise, en novembre. L'Algérie, conformément aux décisions de l'OPEP, augmente le prix de son pétrole de 8,5 %.

Le 15 novembre, les négociations en cours entre la Sonatrach et la société française Elf-Erap sont rompues pour des raisons commerciales. Le pétrole algérien, estime ERAP, est décidément trop cher. Sonatrach rachète les parts d'Elf-Algérie, conformément à l'accord de 1971, mais l'arrêt des approvisionnements français en pétrole, joint au mauvais contexte politique, entraîne des mesures de rétorsion du côté algérien : le contrat prévu pour la livraison de 5 500 camions Renault Saviem est annulé au profit de Volvo ; l'usine de matériel téléphonique sera construite par ITT-Espagne et non plus par la société française CIT-Alcatel ; l'usine de montage de voitures Renault d'Oran est remise en cause ; l'Algérie préfère le procédé allemand PAL de télévision en couleur au procédé français SECAM.

En même temps, un climat de défiance s'installe, que concrétisent divers incidents : à la suite d'un attentat contre El Moudjahid, on arrête à Alger un commando de saboteurs, liés à une organisation d'opposition algérienne qui recrute en France. Le gouvernement français dément officiellement toute implication des services français dans l'affaire, mais la presse algérienne accuse pourtant la France, sur un ton très vif. Deux ingénieurs français, accusés d'espionnage économique et de corruption de fonctionnaires, comparaissent le 5 mai 1976 devant le Cour de sûreté de l'État. Ils sont condamnés le 7 mai à des peines jugées « exorbitantes » par Paris. La communauté française d'Algérie s'inquiète.

Angola

Luanda. 5 800 000. 5.
Économie. PNB (70) : 290. Énerg. (*73) : 203. C.E. (70) : 24 %.
Transports. (*73) : 316 M pass./km, 6 099 M t/km. (*73) : 127 300 + 35 700.
Information. (72) : 4 quotidiens ; tirage global : 87 000. (73) : 115 000. (71) : 30 700 fauteuils ; fréquentation : 3,5 M. (73) : 38 000.
Santé. (71) : 523. Mté inf. (72) : 24,1.
Éducation. (70). Prim. : 434 370. Sec. et techn. : 57 829. Sup. : 2 349.
Institutions. Indépendance proclamée la 11 novembre 1975. Deux États revendiquent simultanément leur souveraineté sur le territoire de l'ancienne colonie portugaise, la république populaire d'Angola (MPLA de Agostinho Neto) et la république populaire et démocratique d'Angola (FNLA de Holden Roberto, soutenu par l'UNITA de Jonas Sawimbi). A. Neto l'emporte finalement.

Luanda se tourne vers Moscou pour surmonter ses nouvelles difficultés

Le 11 novembre 1975, quand est proclamée l'indépendance de l'ancienne province africaine du Portugal, c'est un régime tricéphale qui recueille l'héritage : tandis que le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA) instaure à Luanda la République populaire de l'Angola, simultanément le FNLA et l'UNITA instituent à Nova Lisboa et à Ambriz la République populaire et démocratique de l'Angola. À l'époque, le MPLA semble près d'être écrasé par ses deux concurrents, qui contrôlent de vastes zones et ne lui abandonnent que la capitale et ses environs.

Pont aérien

L'engagement massif des Cubains et des Soviétiques aux côtés du gouvernement de Luanda, présidé par Agostinho Neto, va renverser rapidement la situation. Dès la fin de 1975, le MPLA apparaît comme le seul héritier légitime des Portugais. L'attitude de certains officiers d'extrême gauche de l'armée portugaise et celle du dernier gouverneur, l'amiral rouge Coutinho, ont beaucoup aidé à hisser A. Neto au pouvoir. Les relations angolo-portugaises n'en connaîtront pas moins de graves aléas, et, le 19 mai 1976, Luanda invite même Lisbonne à fermer sa représentation diplomatique.