Engagée, cependant, dans une véritable course aux armements depuis que les anciennes provinces portugaises d'Afrique, qui lui servaient de glacis de protection, ont accédé à l'indépendance, l'Afrique du Sud se tourne surtout vers les industries françaises pour compléter son système défensif. En février, Pretoria a commandé en France deux avions de 1 200 t ; en avril, les crédits militaires sont augmentés de 40 %.

À la suite de l'assassinat de trois touristes sud-africains en Rhodésie (avril 1976), Pretoria s'inquiète de plus en plus de la dégradation de la situation en Afrique australe, où la Zambie, ancien partisan du dialogue, se déclare prête à apporter son soutien aux guérilleros rhodésiens noirs.

Angola

L'engagement sud-africain en Angola ne peut, logiquement du moins, s'expliquer que par une préoccupation obsessionnelle de défense. Alors qu'en août 1975 le retrait des forces sud-africaines de police engagées en Rhodésie est à peu près total, presque simultanément, les premières troupes sud-africaines pénètrent en Angola, pour assurer la protection des installations du barrage hydroélectrique de Caluque, sur le fleuve Cunene. Des renforts sud-africains sont acheminés également dans l'Ovamboland, au nord du Sud-Ouest africain, où, le 17 août, le Premier ministre F. Elifas a été assassiné par des nationalistes noirs.

Tandis que se confirme le lâchage de la Rhodésie par les Sud-Africains, après l'échec de la conférence constitutionnelle de Victoria Falls, au cours de laquelle J. Vorster a vainement tenté d'amener Ian Smith à composer avec ses interlocuteurs noirs, l'intervention sud-africaine en Angola est de plus en plus ouverte. Il faut attendre le 5 septembre 1975 pour que le ministre des Affaires étrangères admette, officiellement, cette ingérence, qualifiée alors de criminelle par les Soviétiques, qui agissent de façon analogue.

Après une offensive en direction de Sa Da Bandeira, les troupes sud-africaines avanceront jusqu'en vue de Luanda, avant de se replier. Intervenus apparemment avec la bénédiction des États-Unis, c'est également sur leur demande, formulée dès décembre, que les dirigeants de Pretoria procèdent au rapatriement de leurs forces (mars 1976), au terme d'une intervention qui leur a coûté une quarantaine de morts.

Sur le plan diplomatique, l'attitude sud-africaine a beaucoup contribué à consolider le gouvernement de Luanda, en incitant de nombreux dirigeants africains à lui accorder leur soutien. Cependant, en janvier, les Sud-Africains ont procédé à une mobilisation partielle, et J. Vorster paraissait s'arroger un véritable droit de police au sud de l'Équateur... Mais les Sud-Africains se sont déconsidérés à deux reprises ; dans un premier temps, ils ont fait figure d'agresseurs ; dans un second temps, ils ont ruiné le mythe d'invulnérabilité qui semblait jusqu'alors s'attacher à leur armée.

Diplomatie

Le dialogue avec les capitales africaines modérées se poursuit. Cependant, le crédit sud-africain est bien altéré. En septembre 1975, Laurent Dona Fologo, ministre ivoirien de l'Information, est l'hôte officiel du gouvernement sud-africain. Après cette visite, la Côte-d'Ivoire lève le boycott instauré par les États africains en 1963 et autorise l'atterrissage sur son sol des avions de ligne sud-africains. De son côté, L. Senghor, président du Sénégal, durcit sa position et annonce qu'il ne prendra aucune initiative pour relancer le dialogue. Le gouvernement malgache de son côté donne ordre à Air Madagascar de cesser, à compter du 1er novembre 1975, toute activité en Afrique du Sud.

J. Vorster en avril 1976 se rend en visite en Israël, à titre privé. Il aborde néanmoins avec ses interlocuteurs à la fois les questions de défense et de stratégie et les problèmes d'approvisionnement en ressources énergétiques. Intervenant peu de temps avant la vente de deux centrales nucléaires françaises et avant la réunion à Bonn des ambassadeurs sud-africains, ce voyage tend à laisser supposer qu'en dépit de son isolement le pays de l'apartheid continue de marquer quelques points sur le plan diplomatique. De même, en dépit d'une dévaluation du rand de 17,9 %, la situation économique peut être considérée comme relativement bonne.

Ségrégation

J. Vorster doit aussi faire face aux pressions de plus en plus vives de ses adversaires politiques en Afrique du Sud même. Ceux qui condamnent sa politique d'apartheid sont à la fois de plus en plus nombreux et de plus en plus actifs. En juillet 1975 est créé le Parti progressiste-réformiste, fusion de l'ancien Parti progressiste de Colin Eglin (qui disposait de 7 des 171 sièges au Parlement) et du Parti réformiste de Harry Schwarz (qui comptait 4 députés). Ce mouvement exige un assouplissement progressif, mais immédiat, de la législation sur la ségrégation raciale.