Le pourcentage de la population urbaine représente 45,4 % au total en Corrèze, 22,1 % en Creuse, 60,3 % en Haute-Vienne, la moyenne régionale s'établissant à 47,9 %.

Ainsi, en Corrèze, le poids des communes urbaines est suffisant pour combler le déficit de population des communes rurales. En Haute-Vienne, la diminution de la population rurale est compensée par l'augmentation de la population urbaine, augmentation dont l'importance permet même un accroissement de la densité moyenne du département.

Cette situation montre toute l'acuité du problème d'équilibre entre ville et campagne qui se pose à l'échelon du Limousin : si le dépeuplement continue au rythme actuel (la population rurale a diminué de 28 386 personnes de 1968 à 1975), les responsables régionaux n'écartent plus l'hypothèse que la totalité des Limousins soient rapidement concentrés dans 5 ou 6 villes, au milieu d'une campagne quasi vide.

L'objectif prioritaire est donc non seulement de rééquilibrer l'armature urbaine, mais aussi de mieux répartir la population entre les villes et les campagnes. Tout en laissant les deux villes pilotes, Limoges et Brive, poursuivre leur expansion naturelle, les aménageurs veulent donc s'attacher à favoriser deux secteurs.

Villes moyennes

Le développement de Guéret et Tulle ; l'attention doit surtout se porter sur la Creuse, où, malgré une nette augmentation depuis 1962, la population urbaine a encore un poids démographique très faible (19 %). C'est pourquoi Guéret devrait devenir le pôle d'attraction de ce département, objectif qui passe par le contrat de type ville moyenne envisagé avec l'État.

Petites villes

Pour arrêter le dépeuplement, il ne suffit pas de promouvoir les grandes ou moyennes cités.

Il est nécessaire de fixer le maximum de population agricole et de renforcer le pouvoir d'attraction des petits centres ruraux, sur le plan de l'emploi, des loisirs et de la qualité de la vie. D'où l'obligation d'instaurer une politique de promotion des petites villes, afin de créer des points de fixation pour une population prête à abandonner les pays ruraux.

C'est pourquoi une attention toute particulière est portée au rapport Chavanes sur les usines à la campagne, tandis que l'Établissement public régional décide, lors de l'élaboration de son budget 1975, de lancer une politique des petites villes. Dans ce premier temps, la région accordera des subventions pour constituer des réserves foncières et, dans un second temps, elle passera des contrats globaux d'équipement avec deux villes par département.

De son côté, l'État a décidé de contribuer à cet effort pour la réhabilitation des pays. Dès 1975, les pays de Bort-les-Orgues et de Bellac ont été choisis à titre expérimental. L'aide de l'État prend la forme d'une subvention globale, accompagnée d'une assistance technique à la petite ville et à son pays pour l'élaboration de son programme.

Auvergne

Revivifier le nouveau « désert français »

« Une population trop peu nombreuse et vieillie par l'exode des jeunes ruraux, des conditions de vie souvent plus médiocres qu'ailleurs, des revenus et une productivité plus faibles, des emplois en nombre insuffisant : ainsi se caractérise la situation économique et sociale de l'Auvergne, en dépit d'atouts naturels importants et de quelques spectaculaires réussites industrielles et agricoles. »

Ce sombre bilan, dressé par les responsables régionaux, s'appuie sur des statistiques inquiétantes elles aussi.

La population

« Des milliers de jeunes ont dû quitter la région pour trouver ailleurs un emploi, un niveau de revenu, des conditions de vie satisfaisants. » Avec 52 habitants par kilomètre carré, l'Auvergne est une des régions les moins peuplées de France : la population de ses 4 départements est passée de 1 492 000 habitants en 1851 à 1 247 000 en 1954.

En 1975, elle s'élevait à 1 326 000 habitants, soit seulement 15 000 de plus qu'en 1968, et cela malgré une forte immigration étrangère pendant les trois premières années du VIe Plan.

Les communications

L'Auvergne (qui ne dispose encore d'aucune autoroute) est la 18e région de France pour la longueur des routes nationales à 3 ou à 4 voies ; 21e pour le volume du trafic automobile, elle ne représente que 1,6 % du trafic marchandise de la SNCF.

L'agriculture

Alors que ce secteur occupait, en 1968, 26 % de la population active (contre 15 % pour la moyenne nationale), il ne fournissait en 1972 que 3,3 % de la production agricole nationale sur une superficie représentant 4,7 % du territoire ; très sensiblement inférieur à la moyenne nationale, le revenu brut et la valeur ajoutée à l'hectare placent la région au 21e rang.

L'industrie

Si la région se classe au 10e rang pour le niveau des salaires ouvriers, elle n'est qu'au 17e rang pour les salaires des cadres, et la consommation d'énergie industrielle place l'Auvergne au 16e rang des régions françaises.

Le tertiaire

Relativement peu développées, les activités tertiaires ne groupent que 37,1 % de la population active (moyenne nationale : 44,7 %). La fréquentation thermale a diminué de 9 % de 1965 à 1973 ; le tourisme ne procure que des ressources limitées, qui représentent 2,8 % des dépenses effectuées en France dans ce domaine.

Les revenus

Sensiblement inférieur à la moyenne nationale, le revenu moyen des ménages auvergnats ne représenterait que 86 % du revenu moyen français. Avec 2,7 % de la population française, l'impôt sur le revenu perçu dans la région ne représente que 1,7 % du même impôt pour la France entière.

Dans ces conditions, les responsables régionaux se fixent pour objectifs :
– de renverser l'évolution qui vide le monde rural de sa population, « l'avenir de l'Auvergne exige une population plus jeune et plus nombreuse » ;
– de réduire les écarts sensibles qui déséquilibrent la région, en stimulant le développement des départements du Cantal et de la Haute-Loire, particulièrement handicapés par les conditions géographiques.

La réalisation de ces objectifs passe, concluent les aménageurs, à la fois par la réanimation du milieu rural et montagnard et par le maintien des points forts du Val d'Allier et des bassins de Montluçon. Le Puy, Aurillac. Vaste programme !