De ces conflits, le rapport établi par le comité économique et social de la région donne une illustration saisissante.

Il commence, en effet, par se réjouir de l'expansion soutenue du flux touristique : « Conformément aux prévisions, le trafic des voyageurs a doublé en dix ans. » Mais, immédiatement après ce constat de dynamisme, les experts tirent la sonnette d'alarme. « Tout le monde, rappellent-ils, s'était trouvé d'accord dès le début du VIe Plan pour estimer irréalistes et dangereux les objectifs fixés par le schéma d'aménagement... Assurément, le tourisme représente depuis plusieurs années une source précieuse de revenus, dont il est indispensable d'assurer la croissance ; mais son expansion trop rapide risquerait d'atteindre un seuil à partir duquel les dangers d'un développement incontrôlé et anarchique seraient générateurs de graves perturbations de caractère irréversible. »

Dès lors « la recherche de la qualité doit être pour la Corse une donnée politique fondamentale », qui repose sur la définition d'un principe de « développement contrôlé ». Ce qui, aux yeux des aménageurs, repose sur les objectifs suivants :
– rechercher une clientèle d'établissements hôteliers, profitable au développement économique comme à l'emploi ; il s'agit de toucher une clientèle de qualité, en poursuivant notamment une action soutenue de propagande dans les pays étrangers à fortes devises, Allemagne en tête ;
– parvenir à un meilleur étalement de la saison, beaucoup trop contractée ; « cet objectif ne peut, de toute évidence, se trouver atteint que par la réalisation du premier » ;
– éviter, en contrepartie, l'envahissement estival de l'île « par une clientèle au rabais, se logeant par des moyens de fortune, évitant les hôtels et les restaurants (et même les fournisseurs !), détériorant les sites et créant des problèmes avec les résidents » ;
– favoriser par tous les moyens l'essor de l'hôtellerie familiale, sans négliger pour autant la création d'autres établissements de plus grande capacité ;
– associer au développement touristique celui de l'agriculture, de l'artisanat, des travaux publics et du bâtiment, comme de l'industrie légère en voie de création ;
– utiliser l'expansion touristique comme l'un des supports de la rénovation et de la revitalisation de l'intérieur ;
– protéger enfin « avec fermeté les sites et l'environnement dont la qualité, jusqu'à présent sauvegardée, constitue le principal attrait de l'île, et doit en tout état de cause être préservée au profit de la population résidente ».

Rhône-Alpes

Définir une politique globale d'aménagement

Parce que Rhône-Alpes regroupe des zones très différentes par leur climat, leur géographie, leur développement économique et leur peuplement, il n'est pas étonnant que des politiques très diversifiées d'aménagement du territoire aient été appliquées dans la région. Pourtant, la définition d'une politique globale s'avère nécessaire si l'on veut maintenir l'équilibre des différentes parties de la région et donner des chances égales à tous ses habitants.

L'équipement régional

Les résultats atteints sont globalement satisfaisants, puisque la métropole Lyon-Grenoble-Saint-Étienne n'a pas crû plus rapidement (+ 1,1 %) que l'ensemble de la région. Un renversement de tendance est observé pour l'espace rural (+ 0,4 %) tandis que les villes moyennes (+ 1,8 %) et petites (+ 1,3 %) poursuivent leur croissance à un rythme supérieur à celui de la métropole.

Mais cette situation recouvre des disparités relativement profondes : le rebord du Massif central (partie du Rhône, Loire, Ardèche) connaît un développement sensiblement inférieur à celui de l'est de la région. La vallée du Rhône, qui avait bénéficié de grands chantiers au cours du Ve Plan (Pierrelatte, autoroute A7, travaux de la Compagnie nationale du Rhône) et avait accueilli nombre de rapatriés, a connu un ralentissement inquiétant au cours du VIe Plan.

Les villes et l'espace rural

L'aménagement de la métropole a été marqué par le lancement ou la mise en service de grandes opérations : centre directionnel de la Part-Dieu, constructions de la première ligne de métro à Lyon, ville nouvelle de L'Isle-d'Abeau, aéroport de Satolas, zone industrielle de la plaine de l'Ain en région lyonnaise, ville neuve de Grenoble-Échirolles, important effort d'équipement urbain à Saint-Étienne, etc.