La fermeté de Wall Street, où l'indice Dow Jones des valeurs industrielles américaines se rapproche du cap des 1 000 abandonné depuis le début de 1973 (après le cessez-le-feu au Viêt-nam), contribue à favoriser les places européennes, y compris Paris. Un seuil des 1 000 qui sera atteint le 11 mars et immédiatement suivi, ici, d'une pointe à 82,1, niveau le plus élevé depuis la mort de Georges Pompidou.

Plus-values

Cette tendance positive ne va pas durer puisque le second tour des élections cantonales, marquant une nette poussée de la gauche, est immédiatement suivi de l'annonce du nouveau flottement du franc, victime de la crise qui a emporté avant lui la livre et la lire. L'effet est immédiat. L'étranger n'achète plus, vend même, si l'avenir du franc l'inquiète et si le marché le permet.

La baisse n'est pas très profonde. Elle n'en est pas moins franche et va se poursuivre pendant plus de deux mois, non plus pour des motifs monétaires, mais en raison de la loi en cours d'élaboration sur la taxation des plus-values. En avril, l'avant-projet gouvernemental jette la consternation dans les milieux financiers. Motivé par un souci de justice fiscale, il se montre sélectif et discriminatoire, visant certains actifs, en épargnant d'autres. Il ne s'agit pas d'un impôt sur les plus-values mais sur certaines d'entrés elles, notamment les plus-values sur actions. Le projet choque en outre par son irréalisme, sa complexité. L'émoi est d'autant plus général que ce texte anti-économique va à rencontre des conclusions du rapport du Comité du financement du Commissariat général du Plan, rapport qui souligne avec force et clarté la nécessité de restaurer la structure financière des entreprises, de renforcer les fonds propres et de favoriser l'appel aux actionnaires.

Aussi les milieux politiques se mobilisent-ils pour faire échec au projet du gouvernement ou du moins l'amender suffisamment pour le rendre admissible. Ce n'est que lorsqu'elle sera convaincue des progrès accomplis, que la Bourse retrouvera sa tranquillité.

Une tranquillité déjà entrée dans les faits au niveau des transactions. Le volume d'affaires a diminué dans des proportions considérables, revenant autour de 40, puis de 30 millions de F par jour sur le marché à terme des actions françaises. Le prolongement de cette situation pose d'ailleurs de graves problèmes à la profession. De nombreux agents de change ne couvrent plus leurs frais, certains se trouvent même dans une situation difficile. Il est urgent de faire évoluer la Bourse, tâche à laquelle s'est attelé Yves Flornoy, nouveau syndic de la Compagnie, qui envisage de supprimer la dualité boursière distinguant comptant et terme, et qui table sur le développement des moyens informatiques pour diffuser les données potentielles du marché et susciter des ordres.

En attendant la réalisation de ces projets, juin 1976 s'achève en roue libre sur un ton plus soutenu. Encline à la hausse, la Bourse manque encore de motivation tandis que le prix de l'or se cantonne autour de 125 dollars l'once, après une première vente du FMI jugée plutôt satisfaisante au prix de 126 dollars.