La situation est inverse pour les achats en provenance de la Communauté, puisqu'ils ont augmenté d'une année sur l'autre de 23 %. Leur part, sur le total des importations, est passée de 39 % à 45 %, essentiellement du fait des vins et fruits italiens ainsi que de la viande bovine de Grande-Bretagne et d'Irlande. Le solde positif des échanges avec la CEE à neuf diminue donc de 5,3 milliards de F, passant de 13,5 milliards en 1974 à 8,1 alors que celui avec les pays tiers reste pratiquement stable (– 3,6 milliards).

Il ne semble pas que la situation s'améliore au cours du premier semestre 1976. L'Italie a, en effet, décidé, le 5 mai, d'exiger le versement, à la Banque centrale, d'une caution égale à 50 % de la valeur des importations, céréales exclues. C'est ainsi que, pour les premières semaines suivant la mise en œuvre de cette caution, et malgré les accommodements intervenus entre les opérateurs des deux côtés de la frontière, les ventes de jeunes bovins régressent de quelque 60 % ; celles de viande de veau progressent spectaculairement.

Le VIIe Plan

L'année 1975-1976 est celle du VIIe Plan. Il fixe des objectifs pour 1980, dont voici les grandes lignes. La production agricole ne représenterait plus que 5 % de la production globale et n'occuperait plus que 8 % de la population active totale. Cette production jouerait un rôle considérable dans l'équilibre général de l'économie, puisque les exportations du secteur agro-alimentaire devraient, selon l'INSEE, dépasser 86 milliards de F et fournir un excédent net de leur balance commerciale de 20 millions de F (16 au prix de 1974 ou 10 au prix de 1970). Pour atteindre un tel résultat, il faudrait que le volume des exportations progresse de 50 % par rapport à celui de 1974 et les prix de 6 à 7 % par an. Les importations, elles, augmenteraient de 7 % en volume et de 7,5 % en prix par an.

Ces résultats supposent une poursuite des progrès actuels de productivité (+ 8 % par an) obtenus grâce à une progression de la production et à une baisse des effectifs employés. Mais la taille moyenne des exploitations restera insuffisante (35 % auraient une surface inférieure à 35 ha et 33 % une surface supérieure à 70 ha). L'agriculture renforcera encore son profil d'industrie lourde, puisque le rapport investissements productifs sur valeur ajoutée passerait de 23,5 % en 1974 à 28 % en 1980. Son taux de croissance ne devrait pas dépasser 3 % par an, le poids des investissements ne lui permettant pas d'utiliser à plein son potentiel productif.

L'extension des productions de grandes cultures se poursuivrait. Les céréales progresseraient de 400 000 ha pour arriver à 10,1 millions d'ha, les betteraves passeraient de 560 000 à 600 000 ha et les oléagineux feraient un bond de 336 000 à 780 000 ha. Les productions animales augmenteraient moins vite que les céréales (+ 30 % en volume, de 1970 à 1980, contre 77 %), mais pourraient poser des problèmes de débouchés puisque la demande intérieure apparaît déjà saturée. Il faudrait exporter entre 200 000 et 300 000 t de viande. Quant à la production laitière, pour parvenir à l'équilibre du marché, il apparaît nécessaire de ramener l'effectif à 6,6 millions de vaches, soit 1 million de moins qu'en 1975.

Industries agricoles et alimentaires

Deuxième secteur économique, derrière le bâtiment et les travaux publics, les industries agricoles et alimentaires totalisent, en 1975, un chiffre d'affaires de 162 milliards de F en transformant 60 % de la production agricole. Voulant leur donner une impulsion nouvelle, correspondant au potentiel national, le président de la République nomme, en janvier 1976, Jean Tibéri secrétaire d'État chargé de ces industries. Constatant la situation du secteur, celui-ci met au point une stratégie qui doit être examinée en Conseil interministériel en mai. Mais ce dernier est retardé à plusieurs reprises.

Malgré leur importance, ces industries sont en mauvaise santé. Laminées entre les prix agricoles qui augmentent chaque année et les prix de détail qui restent taxés, leur rentabilité est insuffisante. Peu compétitives, ces industries n'exportent pas assez. Les objectifs du VIe Plan n'ont été réalisés qu'à 22 % pour les investissements à l'étranger. Pourtant, le VIIe Plan leur fixe des objectifs ambitieux. D'ici à 1980, elles doivent augmenter leur production de 3,5 % par an, accroître le volume de leurs exportations de 55 % et faire passer leurs effectifs de 628 000 personnes actuellement à 639 000.