Des mesures d'urgence sont toutefois prises à propos de la sécheresse. Un premier crédit de 50 millions est dégagé pour financer les actions qui seront décidées par deux commissions mises en place dans chaque département. La première est chargée des problèmes généraux : approvisionnement et transport des pailles et fourrages, alimentation en eau, achats d'intervention de la viande bovine. La seconde doit se préoccuper des solutions à trouver aux problèmes individuels.

Le gouvernement interdit les exportations de pailles et de fourrages à l'extérieur du Marché commun. Il interdit, également, l'incinération des pailles et décide de recommander aux agriculteurs de ne pas enfouir ni broyer celles-ci. Il envisage les mesures susceptibles d'enrayer la spéculation et d'accroître les achats d'intervention de bovins en déposant une demande à Bruxelles.

Aides

Le bilan des mesures décidées s'élève à 350 millions. Le décalage avec le véritable catalogue présenté par la profession au début des négociations préliminaires, dont le coût approchait les 3 milliards de F, est dû aux impératifs budgétaires draconiens.

Pour l'élevage, les dirigeants agricoles obtiennent un certain nombre de mesures : la prime d'abattage des vaches brucelliques passe de 450 à 700 F. Les prêts spéciaux en faveur des élevages sont étendus à la reconstitution des cheptels (55 millions + 8,5 pour les ovins). L'Office interprofessionnel reçoit 5 nouveaux millions pour développer ses actions. Un nouveau frein est mis à l'extension des élevages sans sol. Les aides de l'État sont réservées aux ateliers de 1 000 porcs maximum. Aucun accroissement ne doit être toléré au-delà de 1 800 têtes. Pour les poules pondeuses, les limites sont fixées, dans les deux cas, à 30 000 volailles. Un projet de loi doit être déposé pour mettre en œuvre l'identification permanente des animaux.

Commerce extérieur

La France est devenue le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et alimentaires, derrière les États-Unis. Elle a accompli un effort considérable, puisque les exportations sont passées de 6,3 milliards de F en 1963 à 35,6 en 1975.

Marché commun

Ce résultat, inférieur à celui de l'année précédente, provoque (pour la première fois depuis plus de dix ans) une forte dégradation du solde net des échanges agro-alimentaires. Le taux de couverture passe ainsi de 135 % en 1974 à 115 %. La part des importations agro-alimentaires dans l'ensemble des importations progresse de 11,3 % à 13,3 %, alors que celle des exportations agro-alimentaires dans l'ensemble des exportations régresse de 17,7 % à 15,9 %. Cela est essentiellement dû à la diminution spectaculaire des ventes de céréales (– 45 % en valeur) dans le Marché commun, conséquence d'une moins bonne récolte en France, d'une augmentation de la production dans les pays voisins et du raffermissement du franc. La spéculation sur les monnaies, parfois amplifiée par le système de compensation aux frontières intracommunautaires, semble jouer un rôle plus important que celui des courants purement commerciaux. À cette régression s'ajoute celle des exportations totales de produits laitiers (– 12 %), de vins et de spiritueux (– 4 %).

En revanche, les ventes d'animaux vivants ont progressé de quelque 60 % et celles de viandes de 19 % sur le Marché commun. Essentiellement d'ailleurs sur le marché italien. Le maintien de la clause de sauvegarde décidé à Bruxelles sur la demande instante de Paris a, en effet, contraint Rome à remplacer ses fournisseurs des pays de l'Est par ceux de la France. C'est la raison pour laquelle les ventes de produits agro-alimentaires dans la CEE, par rapport aux exportations totales, restent à peu près identiques pour l'année 1975 (63 % contre 64 % en 1974).

Plafonnement

Toutefois, comparé à celui de 1973 (66 %), ce résultat indique un plafonnement des ventes à l'intérieur de la Communauté. Plafonnement encore plus net si les ventes sont calculées pour la CEE à six et non plus à neuf, puisqu'elles passent de 62 % des exportations agro-alimentaires totales en 1971 à 51 % en 1975. La diminution, en valeur, des exportations est beaucoup plus importante vers le Marché commun (– 12 %) que vers les pays tiers (– 3,6 %).